Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales est, une fois encore, revenu sur la question lancinante du retour de l’ex-Fis sur la scène politique nationale. C’est dans l’enceinte de l’APN et à la faveur de l’examen du projet de loi organique sur les partis politiques, que Dahou Ould Kablia a, de nouveau, écarté toute possibilité de retour des membres du parti dissous à l’activité politique.
«Ceux qui ont commandité des actes ayant mené à la tragédie nationale, au même titre que ceux ayant commis des crimes, ne seront pas autorisés à créer des partis» a, en effet, indiqué le ministre jeudi en marge d’une séance plénière de l’APN consacrée à l’examen du projet de loi sus cité. Plus explicite, le ministre a ajouté qu’«il y a également des repentis qui ont des choses à se reprocher.
Ils ne peuvent pas créer de partis, mais s’ils veulent adhérer à un parti, la question sera examinée au cas par cas».Cependant, sur le cas des repentis, la réponse du ministre de l’Intérieur reste un tant soit peu ambiguë puisque elle est à même d’ouvrir la voie à moult interprétations. Il est évident que les repentis et d’anciens membres du parti dessous vont réagir dans les prochains jours.
Le retour de cette question au devant de la scène nationale est dû, pour rappel, à l’article 4 du projet de loi sur les partis poitqiues, à travers lequel il est explicitement énoncé l’interdiction de création de partis politiques à ceux qui sont à l’origine de la tragédie nationale. Une disposition qu a été critiquée lors des débats, notamment par les députés des partis islamistes. Sur un autre plan, le ministre de l’Intérieur a tenu aussi à rassurer les députés sur le rôle de l’administration.
Durant le débat, de nombreux députés, ceux affiliés aux partis de l’opposition particulièrement, ont fait montre de leurs craintes puisque ils ont dénoncé l’hégémonie et la mainmise que pourrait avoir l’admonestation, à la faveur bien évidemment des dispositions de ce projet de loi sur les partis politiques .«Le pouvoir doit comprendre que la création des partis est un droit constitutionnel et non une faveur de l’administration.
Il est dès lors impératif de laisser le soin de la création des partis à une instance composée de magistrats»,a souligné un député lors de son intervention mercredi dernier. En réponse aux craintes des élus du peuple, Ould kablia a indiqué que «le rôle de l’administration se limite uniquement à accompagner les partis pour obtenir leur agrément», en ajoutant que pour ce qui est de l’organisation et le déroulement de leurs activités, «cela reste du ressort des instances dirigeantes et des militants de ces partis».
Pour Dahou Ould Kablia l’administration veille uniquement au «bon déroulement du processus électoral qui implique aussi bien les partis que les électeurs». Dans ses réponses, le ministre a aussi rejeté les propositions de certains députés qui ont ouvertement plaidé en faveur de l’instauration du système déclaratif quant à la création des partis politiques. «Je ne connais aucun pays qui permet la création de partis politiques sur la base d’un système déclaratif», a-t-il précisé, avant d’ajouter que «ce serait un raccourci trop dangereux et complètement illégal».
Ould Kablia, qui a donc fait cas de la «confusion et de l’anarchie» que pourrait provoquer ce système a , en guise d’assurance , souligné que «cela ne veut nullement signifier que nous sommes contre la création de nouveaux partis, mais cela doit se faire sur la base de critères que le Parlement aura à définir».Notons, enfin, que le ministre a annoncé que son ministère a reçu entre 15 et 20 demandes de création de partis politiques. «Il y a des demandes accompagnées de dossiers et d’autres qui sont l’émanation d’une volonté de création», a-t-il précisé.
Kamal Hamed