Retenu 30 H au centre “Antar”, Drareni revient sur son interpellation

Retenu 30 H au centre “Antar”, Drareni revient sur son interpellation

Le journaliste Khaled Drareni, El Kadi Ihssane, l’opposant Karim Tabbou, ainsi que plusieurs autres activistes du Hirak ou des militants démocrates partisans du changement pacifique en Algérie ont dormi jeudi soir à la caserne Antar, après leur arrestation par les services de sécurité de la wilaya d’Alger, une nouvelle qui a suscité l’indignation totale en Algérie.

En effet, les arrestations ont eu lieu hier jeudi en fin de journée à j-2  des législatives anticipées censées apporter une nouvelle légitimité au régime, mais rejetées par le mouvement contestataire Hirak et une partie de l’opposition, sur fond de répression généralisée.

L’ancien détenu d’opinion et le célèbre journaliste Khaled Dareni était parmi les personnes interpellées, il a été également arrêté jeudi soir à Alger-centre et la DGSI l’a autorisé à la fin de la nuit de contacter sa famille pour lui confirmer officiellement son arrestation et son maintien en garde à vue au niveau de la caserne Antar.

Dans la nuit du vendredi 11 à samedi 12 juin, le porte-parole de l’Union démocratique et sociale (UDS, parti non agréé), Karim Tabbou ainsi que les deux journalistes, Ihsane El Kadi et Khaled Drareni, ont été relâchés, tard dans la soirée, après avoir passé plus de 24 h en garde à vue dans les locaux de la DGSI, à Ben Aknoun.

Libéré provisoirement en février dernier dans le cadre des mesures de grâce prises par la présidence de la république à l’endroit des détenus du Hirak, le journaliste Khaled Drareni a apporté des précisions dans un communiqué, sur les conditions de son arrestation.

Le communiqué de Drareni

Le directeur de Casbah Tribune Khaled, a apporté des précisions dans la journée d’hier sur les conditions de son arrestation dans communiqué qu’il a intitulé « Trente heures kafkaïennes à “Antar” ».

Commençant par le moment de son arrestation, Drareni a écrit, « J’ai été interpellé en bas de chez moi ce jeudi 10 juin 2021 à 19 h 15 par des éléments de la Direction générale de la sûreté intérieure (dépendant du ministère de la Défense). “Khaled, m3ak Antar, arwah m3ana”. Arrivé à la caserne Antar, je suis placé dans un bureau enfermé à clé. Le décor est antarien : un salon en faux cuir Winchester, une petite table, deux chaises, un paravent, des cartons vides de téléphones Alcatel et… un balai ».

La journaliste poursuit, « Durant la trentaine d’heures de garde à vue, j’ai été interrogé à trois reprises : deux fois par un jeune officier et une fois par un officier supérieur, probablement un colonel, francophone et affable, un ex communiste selon Ihsane El Kadi qui était à quelques mètres de moi dans un autre bureau, mais je n’ai eu ce détail qu’après ma libération. Des repas m’ont été servis à l’heure du dîner et du déjeuner. Je ne les ai pas consommés.

Grâce à mon insistance, j’ai pu passer un coup de téléphone à ma famille le vendredi 11 juin à 1 h 30. On m’a demandé de leur dire que j’étais dans un commissariat ! J’ai dit à ma famille que j’étais à la caserne Antar, car il ne faut jamais mentir à ses parents !

Les questions ont tourné autour des éléments suivants :

— Ma rencontre avec les journalistes français venus à Alger couvrir les élections législatives !

— Mes rapports avec les “organisations terroristes” MAK et Rachad !

— Les financements dont je dispose !

— Les rapports que j’ai avec les “moukharribine” Larbi Zitout, Abdou Semmar et Amir DZ !

— Est-ce que je suis en train d’enquêter sur la vie privée du ministre de la Communication Amar Belhimer !!!

J’ai répondu à toutes les questions qui m’ont été posées et j’ai signé un procès-verbal vendredi 11 juin 2021 à 20 h.

Deux officiers m’ont raccompagné chez moi samedi 12 juin 2021 à 0 h 30 ».

En revanche, Khaled Drareni a affirmé qu’il na pas été torturé et n’a subi aucun acte de violence physique ni verbale,  néanmoins ce dernier estime que « ces méthodes doivent s’arrêter, car ce n’est pas l’Algérie pour laquelle se sont battus nos ancêtres et nos familles, ce n’est pas l’Algérie pour laquelle sont morts nos chouhadas. Notre pays mérite mieux que cela et nos services de renseignement méritent mieux que ce détournement de leur mission ».