Ce retard n’est pas pour crédibiliser le gouvernement sur un aspect essentiel du nouveau modèle de croissance économique.
Critiqué par des experts et le président de la commission des énergies renouvelables du FCE, Mohamed Louadah, le projet des 4000 MGW d’électricité solaire initié par le gouvernement semble moisir dans les tiroirs du ministère de l’Energie, depuis plus de 6 mois après l’annonce par le ministre lui-même du lancement d’un appel d’offres destiné aux multinationales spécialisées dans l’industrie du renouvelable. Après avoir fixé l’échéance de la fin 2016, puis reporté à plusieurs reprises pour fin janvier, puis fin mars, le fameux appel d’offres est tout simplement «oublié». Pourtant, Noureddine Boutarfa n’a pas ménagé d’efforts pour défendre le projet auprès d’opérateurs américains et européens.
Lié à la parution d’un décret présidentiel, nécessaire pour l’encadrement juridique de l’ambitieux programme gouvernemental, le lancement de l’appel d’offres a connu quelques retards. Mais il est difficile d’expliquer ce qui s’apparente à un «coup de frein», dans un secteur hypersensible, puisque engageant l’avenir économique et énergétique du pays. Même si dans l’intervalle, le ministre de l’Energie a eu une activité assez riche en termes de rencontres avec ses homologues étrangers et des entretiens avec des ambassadeurs accrédités à Alger sur la question de la dotation du pays d’un grand parc de centrales électriques fonctionnant à l’électricité solaire, force est de constater que l’on est encore au stade de la parole, au moment où d’importantes compagnies mondiales attendent avec impatience le fameux appel d’offres.
Il n’est pas question pour le ministère d’évoquer une quelconque immaturité de l’idée, puisqu’une véritable campagne d’explication a déjà été entreprise à l’intérieur, comme à l’extérieur du pays. Le ministre de l’Energie a, en effet, clairement affirmé la volonté du gouvernement de défendre le principe du développement d’une industrie locale du renouvelable. Un acquis, disait-on en 2016, inscrit dans le cahier des charges qui devait être lancé à l’entame de l’année en cours et qui n’est toujours pas rendu public, plus de 5 mois plus tard. Ce retard inexpliqué, en tout cas, pas à l’opinion publique, n’est pas pour crédibiliser le gouvernement sur un aspect essentiel du nouveau modèle de croissance économique.
Il faut dire qu’en ces temps difficiles, perdre trois ou quatre mois, sans explication plausible, revient à donner un mauvais signal à l’opinion nationale, mais pas seulement. Les partenaires de l’Algérie ne comprendront jamais qu’un ministre défende un projet de portée stratégique devant des dizaines d’opérateurs américains, sans que rien ne paraisse à l’horizon.L’attitude, visiblement hésitante, du gouvernement sur le programme des 4000 MGW d’énergie solaire a tendance à réduire considérablement de la crédibilité de l’Algérie sur un marché naissant.
Si les choses n’évoluaient pas dans le bon sens dans les tout prochains mois, voire dans les semaines à venir, le pays perdrait une opportunité historique de s’imposer comme le moteur de l’industrie du renouvelable pour toute l’Afrique. Le Maroc ambitionne de camper ce rôle, de même que la Tunisie et d’autres grands pays africains, à l’image du Nigeria.
Des observateurs de la scène économique croient voir dans le surplace de l’Algérie sur le dossier de l’électricité solaire, l’image d’un Etat par trop bureaucratisé, peu conscient des grands enjeux de l’heure et surtout sans réaction devant l’urgence que la situation économique et énergétique du pays impose. C’est en tout cas, l’impression qui se dégage derrière cette attentisme du gouvernement, susceptible de briser l’élan suscité par l’annonce du projet et surtout finir par désintéresser les partenaires potentiels pour ce mégaprojet.
Il faut savoir, pour l’anecdote, que le ministre de l’Energie, Noureddine Boutarfa, a reçu hier au siège du ministère l’ambassadeur d’Espagne en Algérie, Alejandro Polanco Matas. Les deux parties, rapporte l’APS, ont passé en revue les relations bilatérales dans le domaine énergétique et ont abordé les perspectives d’avenir, en particulier dans le développement des énergies renouvelables.