Par M. Aziza
Si l’ambassadeur des Etats-Unis, à Alger, John P. Desrocher a soulevé le problème de manque de «transparence» et de «prévisibilité», concernant l’environnement des investissements, le Dr Ismaël Chikhoune, co-président du Conseil d’affaires algero-américain (USABC) est allé au fond des choses sur cette question. Et ce, pour expliquer les entraves bureaucratiques empêchant l’épanouissement de certains projets américains, en Algérie.
Des projets annoncés en grande pompe mais qui n’ont pas vu le jour ou qui, selon ses propos, «patinent». Il a été invité par la presse à s’exprimer sur le fameux méga-projet agricole algréro-américain prévu à El Bayadh. Un projet qui a été présenté, en 2016, portant sur l’élevage de vaches laitières et de production céréalière et fourragère, et qui n’arrive toujours pas à voir le jour, M. Chikhoune dira qu’il faut voir avec les premiers concernés par ce projet. En orientant la presse à aller demander à l’opérateur américain, le Groupe American international agriculture Group (AIAG), pourquoi le projet est à l’arrêt. M. Chikhoune a affirmé que plusieurs projets annoncés par des étrangers dans les domaines énergétique et pharmaceutique n’ont pas réussi en Algérie «mais personne n’en parle», en s’interrogeant «pourquoi une telle polémique sur un projet américain ?» Il a souligné, en marge de la tenue hier, du Forum de l’Agriculture algéro-american à l’Hôtel Aurassi, à Alger, organisé en partenariat avec le FCE que même si le projet d’El Bayadh n’a pas réussi ou patine «aujourd’hui, il y a une dizaine de chefs d’entreprises américaines de grande taille qui sont intéressées par le marché algérien», souligne-t-il. En précisant que ces dernières ont la maîtrise de la technologie et le savoir-faire.
Evoquant le partenariat regroupant toujours le groupe américain (AIAG) avec Tifra Lait, un projet qui, lui aussi, a suscité une polémique autour de sa réalisation, Chikhoune plus à l’aise, affirme dans ce sens qu’«à l’heure où nous parlons, ils ont commencé à faire des forages des puits d’eau, afin d’installer des pivots et inchallah ça va réussir», espère-t-il.
Le co-président du Conseil d’affaires algéro-américain a justifié les retards enregistrés dans ces deux projets, par le fait que les entreprises américaines ne connaissent pas, parfaitement le terrain, c’est la première fois qu’elles se lancent dans des projets pareils, en Algérie, dit-il. Et de préciser que même la partie algérienne n’a pas l’habitude de travailler sur des partenariats de grande envergure, sans parler «des lenteurs bureaucratiques». Il explique que ces lenteurs ont été derrière les retards d’implantation et l’acquisition des tracteurs de 55 CV qui sont restés bloqués, au niveau des Douanes pendant trois mois.
Sachant qu’à cette période précise, souligne-t-il, il y a une restriction par rapport au matériel roulant. Et de préciser qu’il aura fallu une dérogation spéciale pour faire sortir les tracteurs du port. Et d’enchaîner, il fallait, encore, faire face à une autre bureaucratie, par le fait que des tracteurs sont équipés de GPS, il fallait donc une autorisation de la DGSN, des ministères de la Défense et de la Poste et des Télécommunications. «C’est pour cette raison, dit-il, qu’on réclame plus de simplification de la réglementation algérienne et l’amélioration du climat des investissements, en Algérie». Le Dr Chikhoune défend, ainsi, les propos de l’ambassadeur des Etats-Unis à Alger, qui avait parlé de manque de prévisibilité. Pour lui, un investisseur qu’il soit américain ou autre, a besoin d’une prévisibilité allant de cinq à dix ans.
Notre interlocuteur a affirmé, par ailleurs, qu’une rencontre est prévue, aujourd’hui, regroupant les membres du Forum d’Affaires algéro-américain, avec les responsables du ministère de l’Agriculture, et ce, pour arrêter un plan de développement national. Un plan global qui inclut les partenariats dans le domaine agricole.
Pour sa part, Mehdi Bendimerad du FCE, a affirmé que l’Algérie a de grandes ambitions, dans le domaine agricole. L’objectif, par exemple pour le lait, est d’arriver à l’horizon 2022 à une production de 4,8 milliards de litres (contre 2,8 milliards de actuellement). Cette situation démontre, selon ses propos, que le marché national offre des opportunités d’investissement en partenariat, très importantes.
De plus, affirme-t-il, c’est un secteur dans lequel des acteurs locaux dynamiques ont émergé, ces dernières années, qui ont besoin, aussi, de bons partenaires pour progresser en savoir-faire. En sollicitant, ainsi, le savoir-faire américain dans le domaine. Tout en estimant que le projet du plus grand Complexe de production et de distribution des médicaments en Afrique, lancé en Algérie par Sanofi, est très intéressant dont la mesure où il va inciter les autres laboratoires à investir, M. Chikhoune a précisé que les Américains sont capables de réaliser plusieurs projets de cette taille. En estimant qu’investir dans le domaine de la Santé est très intéressant, notamment, dans la Recherche.