Le ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, s’accroche plus que jamais à endiguer la crise du logement en Algérie à l’horizon de 2018. Mais ce défi risque de buter sur l’incapacité des entreprises nationales, publiques et privées, à réaliser les différents programmes de construction dans les délais et la qualité requise.
Ce risque a été largement abordé à l’occasion de la rencontre tenue, ce lundi, à Alger, entre le ministre de l’Habitat avec les chefs d’entreprises faisant partie de la short liste des entreprises présélectionnées pour la construction de logements.
Avec des termes presque menaçants, le ministre a mis en garde ces entreprises contre tout retard et contre tout manquement à la qualité des travaux. « Le programme de logements sera réalisé avec vous ou sans vous », a clamé le ministre avant de souligner sa préférence pour l’entreprise nationale. « Nous préférons que les projets de logements soient réalisés par des entreprises du droit algérien», a rappelé Tebboune en faisant référence à la préférence nationale prônée ses derniers temps par le gouvernement. Mais devant l’incapacité de satisfaire les exigences de la réalisation des logements, dira le ministre en s’adressant directement aux 83 entreprises présélectionnées et aux 23 nouvelles sociétés retenues dans le même cadre, « nous allons faire appel à des entreprises étrangères ».
Le mécontentement du ministre s’explique par son insatisfaction des « performances » réalisées par ces entreprises. « Sur un programme de 100.000 logements lancé à travers le pays, 11 000 seulement sont construits », a-t-il déploré. Pourtant, ces entreprises « leaders » ont bénéficié de contrats grès à grès, sans passer par les appels d’offres. D’ailleurs, le ministre a révélé un chiffre qui étonne plus d’un. Rien que durant la période 2013-2014, son département a enregistré pas moins de 2 852 appels d’offre infructueux.
Par ailleurs, certains chefs d’entreprises présents à cette rencontre ont fait part de leurs doléances, de leurs contraintes et de leurs propositions. Le président de la Confédération des Industriels et producteurs algériens, Mehenni Abdelaziz a justifié le manque de performance des entreprises algériennes par la concurrence déloyale des entreprises étrangères, les chinoises notamment. Selon lui, certaines entreprises étrangères du bâtiment font recours à l’importation massive des matériaux de construction pour les revendre sur le marché parallèle. Pour cet opérateur, il faut absolument interdire l’importation des matériaux de construction fabriqués localement et lutter contre toute forme de concurrence déloyale exercée par les entreprises étrangères.
Sur ce dernier point, Mehenni Abdelaziz a annoncé que 6 nouvelles entreprises de production de matériaux de construction verront le jour incessamment. Ce qui porte le nombre à 60 sociétés qui activent sur ce segment et faire grimper la production nationale à 60 millions m² des produits de revêtement mural et du sol.
Mahmoud Chaal
