Retard dû à «des choix stratégiques et non à des raisons bureaucratiques» : l’Algérie n’est pas pressée d’intégrer l’OMC

Retard dû à «des choix stratégiques et non à des raisons bureaucratiques» : l’Algérie n’est pas pressée d’intégrer l’OMC

«L’OMC exige la réduction des droits de douane à des taux très bas et la limitation du soutien aux exportations, alors que l’Algérie impose des droits de douane pour protéger son produit national de la concurrence étrangère et soutient les exportations pour permettre au produit national d’accéder aux marchés étrangers. Le retard accusé dans l’accession de l’Algérie à l’OMC est lié aux options stratégiques de l’Etat algérien, notamment en matière d’encouragement des exportations nationales et la protection du produit local», selon le ministre du Commerce.

Par Meriem Benchaouia

Après 25 ans de sa demande d’adhésion, l’Algérie ne semble pas pressée pour intégrer l’Organisation mondiale du commerce. Selon le ministre du Commerce, Saïd Djellab, le retard était lié à des choix économiques stratégiques de l’Etat algérien et non pas à des raisons bureaucratiques, citant les mesures de soutien aux exportations nationales et les droits de douane pour la protection du produit national.

«L’OMC examine le système économique de tout Etat avant d’accepter son accession et chaque Etat doit observer les règles de l’Organisation durant les négociations, ce qui nécessite beaucoup de temps d’autant plus que la partie algérienne s’apprête à défendre ses intérêts durant ces négociations», a déclaré M. Djellab en réponse aux membres de la Commission des finances et du budget de l’APN, présidée par Toufik Torche en présence du ministre des Relations avec le Parlement, Mahdjoub Bedda, dans le cadre de l’examen du projet de loi de règlement budgétaire 2016. Répondant aux questions des membres de la commission, le ministre a indiqué que «l’OMC exige, à titre d’exemple, la réduction des droits de douane à des taux très bas et la limitation du soutien aux exportations, alors que l’Algérie impose des droits de douane pour protéger son produit national de la concurrence étrangère et soutient les exportations pour permettre au produit national d’accéder aux marchés étrangers». «Le retard accusé dans l’accession de l’Algérie à l’OMS est lié aux options stratégiques de l’Etat algérien, notamment en matière d’encouragement des exportations nationales et la protection du produit local», a précisé M. Djellab, niant, à ce propos, «l’existence de tout problème d’ordre bureaucratique».

Le premier responsable du secteur du Commerce a fait état, également, de la stratégie de son secteur qui place le dossier des exportations en tête des priorités nationales, expliquant que «l’objectif est de parvenir au financement de tout ou partie des importations par les exportations nationales et non en puisant des recettes du pétrole». Le ministre s’est dit satisfait des mesures prises en termes de limitation des importations qui ont régressé, selon lui, de 58 milliards USD en 2015 à près 45 milliards USD en 2018. Actuellement, la priorité est focalisée sur la satisfaction des besoins nationaux tant par la production locale que par l’exportation des produits vers l’étranger, a fait savoir M. Djellab, d’où l’organisation récemment par son secteur de manifestations économiques dans plusieurs pays africains et arabes en vue de promouvoir le produit national au niveau des marchés étrangers.

Concernant le marché local et les produits à large consommation, le ministre a mis en avant que la stratégie du secteur visait la généralisation des marchés de vente en gros, l’éradication des marchés parallèles et l’accélération de création de marchés de proximité permettant de garantir le produit au citoyen et contribuant ainsi à la baisse des prix. S’agissant de la hausse des prix des produits à large consommation, notamment les fruits et légumes, M. Djellab a fait savoir que «l’absence de traçabilité, dont les factures et les documents sur toute la chaîne de vente et d’achat à partir du fellah à l’acheteur en passant par le vendeur de gros et de détail, donne lieu à la spéculation d’où une hausse des prix». «L’absence de facturation au niveau des agriculteurs ne permet pas d’identifier les quantités d’approvisionnement disponibles au niveau des marchés de vente en gros, ce qui empêche de contrôler les prix», a-t-il ajouté. Pour ce faire, le ministre a affirmé que ses services ont lancé une campagne d’assainissement au niveau des marchés de gros où «ils ont découvert nombre de vendeurs qui ne disposent pas de registre du commerce et s’approvisionnent auprès des agriculteurs pour la revente au niveau de ces marchés», soulignant que de telles procédures «permettront de réguler les marchés et de contribuer au contrôle des prix».

Les services de contrôle au niveau du ministère ont lancé également une campagne au niveau des marchés de vente en détail «pour obliger les commerçants à afficher les prix d’achat et de vente de chaque produit, permettant au citoyen de connaître les prix réels de produits et d’exercer une pression sur les commerçants pour ne pas exagérer en termes de marge bénéficiaire». M. Djellab a estimé en outre que la déclaration du ministère à propos de l’autorisation d’importer à nouveau la banane avait conduit au recul des prix sur le marché (400 DA), affirmant que les prix continueront de reculer dans la limite de 200 DA, avec l’arrivée des premières quantités de ce produit qu’il a considéré comme «organisateur» des prix de fruits qui baisseront grâce au recul du prix de ce fruit. Il a ajouté que toutes ces mesures initiées par le ministère du Commerce, au niveau des marchés de gros ou de détail, ainsi que celles relatives à la garantie de l’abondance du produit sur les marchés nationaux, donneront leur fruit dans les prochains mois et «permettront inévitablement aux prix des fruits et de légumes de revenir à leur niveau normal avant le mois de ramadhan prochain».