Les pharmaciens, du moins ceux que nous avons approchés à Alger, ne possèdent pas les informations nécessaires au sujet du vaccin contre la grippe saisonnière.
«Je ne sais pas où se situe la faille exactement mais ce qui est certain, c’est que jusqu’à l’heure (hier) le vaccin contre la grippe saisonnière n’est pas encore disponible», a indiqué Salim, pharmacien du côté de la rue Asselah Hocine (Alger Centre). Et de poursuivre: «Beaucoup ont l’habitude de se faire vacciner en cette période de l’année.
Ils sont des centaines à passer quotidiennement demander après ce vaccin sans que nous puissions répondre favorablement à leurs demandes tout en sachant que c’est leur santé qui est en jeu.
Salim n’est pas le seul à regretter la non disponibilité du vaccin antigrippal. El Hadi, pharmacien à la rue Victor Hugo, trouve «c’est regrettable, mais le fait est là, le vaccin n’est pas encore disponible et il faut faire preuve de patience».
Quant à Amine, il craint tout simplement que les données de l’année dernière ne refassent surface. «On est en train de revivre presque le même scénario de l’année précédente où le département de la santé s’est montré incapable à gérer ce qui était appelé la grippe H1N1».
Selon lui, l’Institut Pasteur a pris beaucoup de temps pour libérer le dit vaccin, car a-t-il enchaîné, c’est la santé des millions de gens qui est remise en question sans que cela n’inquiète à haut niveau les institutions de l’Etat. Ceci dit, il faut encore attendre une vingtaine de jours (selon les promesses du ministère de la Santé) pour que la situation soit débloquée.
Un retard qui n’est pas sans alimenter des inquiétudes, que ce soit des citoyens, pharmaciens et même médecins. Ces derniers, en effet se joignent à quelques pharmaciens considérant que ce retard «ne devait en aucun cas avoir lieu risquant ainsi de se répercuter négativement sur la santé des citoyens».
La rupture des médicaments pour malades chroniques est toujours d’actualité. Ni les promesses de Djamel Ould Abbès depuis son intronisation à la tête du département de la santé, ni le budget conséquent alloué à l’achat du médicament n’ont pu absorber la crainte des malades chroniques notamment quant à la non disponibilité de leurs traitements successifs dans les officines.
Et là ce sont les malades cancéreux qui en paient de ces ruptures épisodiques. Notre passage, hier, dans quelques officines, a été en effet désolant. Sur place, les pharmaciens sont unanimes à affirmer «ne rien comprendre à toutes ces ruptures» et se demandent «comment répondre aux besoins des cancéreux ». Une situation due à leurs dires, en premier lieu, «aux passe-droits exercés par certains fournisseurs qui préfèrent assurer un ravitaillement régulier à des pharmaciens proches ou amis».
2 millions de doses importées, selon le ministère de la santé
Le vaccin contre la grippe saisonnière sera vendu dans les officines pharmaceutiques et sera disponible dans les différents centres de vaccination avant le 15 octobre, nous a indiqué hier, Slim Belkessam, chargé de communication du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Pour cette année, la quantité commandée par l’Algérie est de deux millions cent doses.
Elle sera distribuée aux officines pharmaceutiques, les centres de vaccination et les hôpitaux avant le 15 octobre, début de la compagne de vaccination contre la grippe saisonnière. La distribution de cette quantité qui se fait par le biais de l’Institut Pasteur Algérie a commencé depuis deux jours.
La distribution des doses sera faite selon le besoin de chaque centre de vaccination. Pour cette année, il y a des doses pédiatriques et d’autres destinées aux adultes, affirme notre source. La vaccination se fera gratuitement dans les centres de vaccination et « un quota sera distribuée aux officines pharmaceutiques selon la demande ». Le vaccin importé, cette année, contient trois souches y comprit celle du H1N1.
Concernant les prioritaires dans cette campagne de vaccination, Slim Belkessam a cité les personnes âgées, les malades chroniques, les femmes enceintes au deuxième trimestre et les nouveaux-nés. Ces tranches de la société peuvent se faire vacciner gratuitement dans les centres de vaccination les plus proches à leurs domiciles.
À propos du vaccin des bébés qui a enregistré une pénurie cette année, notre interlocuteur affirme : « Ce n’est pas une pénurie au niveau des stocks puisque il y a une quantité suffisante à l’Institut Pasteur. Le problème se pose au niveau de quelques centres de vaccination qui n’ont pas déposé une demande au niveau de l’institut concerné ».
Il est à rappelé que plusieurs parents n’arrivent pas à vacciner leurs enfants à cause du manque de vaccin dans les centres de vaccination. Il y a des centres, selon les témoignages des citoyens, qui annoncent l’absence du vaccin pour les citoyens et le fait de gré à gré.
«Ma petite fille n’a pas été vaccinée sous prétexte de manque de vaccin et ma voisine l’a fait sans le moindre retard puisque son oncle travail au centre de vaccination», raconte une maman. Ces faits qui se reproduisent dans différentes régions du pays risquent de nous conduire à des problèmes plus graves si un contrôle sérieux ne sera pas fait par le ministère de la Santé.
D’ailleurs ce déséquilibre dans la demande du vaccin met des centres de vaccination sous pression au moment où d’autres centres ne prennent même pas la peine de commander la quantité demandée par les citoyens.
«Parfois on demande le lieu de résidence avant de vacciner le bébé parce qu’il y a des gens qui viennent des régions voisines par manque de vaccin; pourtant l’Institut Pasteur ne nous refuse pas les quantités demandées jusqu’à présent», témoigne un chef service dans le centre de vaccination à l’Hussein Dey.
Abla Selles