États généraux de la construction
Jamais les chantiers de construction de logements n’ont été aussi importants qu’au cours de ces dernières années. L’offre est plus abondante. Mais attention, la crise du logement est loin d’être réglée. Les événements de Annaba montrent que la distribution reste le talon d’Achille de la politique de l’habitat en Algérie. Une partie des logements achevés continue d’être livrée à des milliers de bénéficiaires nullement dans le besoin. Pendant que des centaines de milliers de citoyens attendent depuis plusieurs années leur logement. Des dizaines de milliers d’autres postulants sont victimes, depuis quatorze ans, d’une telle situation injuste. Sans que cela émeuve nos gouvernants.
Au demeurant, un principal facteur est à l’origine de la longue attente pour décrocher un logement : les insuffisances de l’outil de réalisation national. Au lieu d’un délai moyen respectable de 18-24 mois, les constructions sont achevées en trois/quatre ans, voire plus de 5 ans dans de nombreux projets. Outre un environnement de l’entreprise contraignant, l’organisation archaïque des chantiers, l’absence de gestion ou de management des projets, les faiblesses des entreprises de corps secondaires, les pénuries de matériaux de construction font que les délais s’allongent indéfiniment.
Cette situation tire sa source de l’absence de réformes profondes du secteur depuis plus d’une décennie. Résultat des courses : nous n’avons pas la taille critique d’entreprises performantes capables de réaliser 200 000 logements par an. Les grandes entreprises aptes à réaliser chacune 10 000 logements par an se comptent sur les doigts d’une seule main. À cela s’ajoutent le manque de main-d’œuvre qualifiée et la désaffection des jeunes à l’égard des métiers du bâtiment, ainsi que les lourdeurs bureaucratiques et la nature de la relation maître d’ouvrage-maîtrise d’œuvre qui n’incite guère à la qualité dans la construction. Toutes ces difficultés ont été évoquées lors de la tripartite de septembre 2014. Des mesures pour améliorer la situation ont été proposées. Mais ces solutions tardent à être mises en œuvre.
Du coup, presque ou rien n’a changé dans les méthodes de construction, la gestion des projets, l’efficacité dans les travaux de corps secondaires. Avec toutes ces insuffisances, la mise en œuvre du plan quinquennal 2015-2019 volet logement, comme les précédents, entraînera d’énormes surcoûts et le non-respect des délais de réalisation. Sur le plan social, cette situation sera intenable, d’autant que les moyens financiers pour couvrir ce programme ne sont pas garantis avec la chute des prix du pétrole, et partant la baisse des ressources financières du pays.
Autre difficulté : l’option industrialisation du bâtiment retenue pour accélérer les choses est rejetée par des experts qui la jugent coûteuse. Un véritable casse-tête. La solution pourrait provenir de l’organisation des états généraux du bâtiment, associant experts, architectes, urbanistes, ingénieurs et techniciens, chercheurs, entrepreneurs, financiers. L’enjeu est de parvenir à un consensus sur la meilleure démarche pour qu’enfin les logements soient construits dans les délais et dans le respect des normes en termes de coût et de qualité. À ce moment-là, on pourra mettre en œuvre efficacement les mesures les plus adéquates destinées à accélérer la réalisation des logements et résoudre ainsi rapidement les déficits enregistrés actuellement en logements. Un regain d’espoir pour notamment les quatre cent mille postulants de l’AADL 2 assurés ainsi d’acquérir rapidement leur logement.