La décision du gouvernement de soumettre les importations de ciment et de rond à béton à des licences n’a pas été sans conséquence sur les projets lancés dans le secteur du BTPH.
De nombreux chantiers lancés dans le cadre des différents programmes de logements accusent actuellement un retard flagrant. Les raisons évoquées sont multiples. L’un des principaux écueils soulevés par les autorités en charge de ces formules a trait à la rareté du foncier notamment dans les grandes villes où il est enregistré une forte demande. Le ministère de l’Habitat multiplie les négociations avec les wilayas pour pouvoir dégager des assiettes qui permettront de réaliser le volume prévu dans le plan quinquennal 2015-2019.
Le ministre lui-même continue de demander au gouvernement des quotas supplémentaires pour enfin satisfaire au mieux les demandeurs dont le nombre ne cesse d’augmenter. Pour le programme 2013 de l’AADL dans les grandes villes, pour ne citer que cet exemple, “nous sommes en train de faire la répartition de ce qui nous a été attribué en 2015”, a indiqué Abdelmadjid Tebboune.
Il avait demandé, a-t-il dit, 400 000 logements supplémentaires aux 230 000 existants pour arriver aux 630 000 logements AADL. “Ce qui nous permet de boucler les programmes AADL 2001, 2002, 2003. Pour des raisons évidentes, l’accord pour les 400 000 est donné, mais d’une manière pratique, ils seront inscrits à raison de 80 000 par an. On a eu l’accord financier pour les 80 000 logements de 2015, idem pour 2016 ce qui nous amène à 160 000 logements. De quoi satisfaire toutes les urgences”, a-t-il expliqué.
Les insuffisances de l’outil de réalisation national constituent un autre problème qui retarde les travaux sur chantier. Au lieu d’un délai moyen acceptable se situant entre 18 et 24 mois, les constructions affectées aux entreprises nationales ne sont achevées qu’au bout de 5 ans au minimum pour plusieurs projets. Ces sociétés maintiennent une organisation archaïque des chantiers et ne disposent pas d’un management adéquat des projets. C’est le cas aussi des projets de l’Enpi attribués à de petites entreprises défaillantes qui a engendré un retard au départ.
Cette situation a poussé la tutelle à résilier le contrat d’une entreprise réalisatrice du site Amrane 15 à Bordj el-Bahri, jugée très moyenne. “Il n’est pas normal de donner à une entreprise défaillante un projet au cœur d’Alger”, a déclaré à ce propos, le ministre. Le recours aux entreprises étrangères était une solution. Celles sélectionnées ont fait leur preuve, montré leurs capacités et ont pu respecter les délais impartis avec plus ou moins un léger glissement. Or, depuis que l’Exécutif a décidé de baisser la part transférable en devises à 12%, au lieu d’environ 30% auparavant, à ces entreprises, celles-ci affichent une réticence à signer de nouveaux marchés avec les autorités algériennes. À cette problématique s’ajoutent le manque de main-d’œuvre qualifiée et l’indifférence des jeunes pour les métiers du bâtiment.
La pénurie récurrente des matériaux de construction qui entraîne une hausse des prix ne fait que compliquer davantage la situation. La décision du gouvernement de soumettre les importations de ciment et de rond à béton à des licences a provoqué une rareté sur le marché national. Cette mesure n’a pas été sans conséquence sur les projets lancés dans le secteur du BTPH. D’innombrables chantiers souffrant d’un manque d’approvisionnement en cette matière première, sont à l’arrêt ou du moins accusent un gros retard. Les entreprises réalisatrices, tenues par le respect du délai conformément au contrat paraphé avec le maître d’ouvrage, se débrouillent comme elles peuvent pour se procurer le fameux sac. D’où l’autorisation accordée aux entreprises chinoises d’importer de leur pays plus de deux millions de tonnes de ciment…