Le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, a pris une série de mesures restrictives visant de hauts responsables algériens, notamment pour tenter de faire pression sur les autorités algériennes pour accepter la liste des ressortissants jugés dangereux par Paris.
Après avoir affirmé vouloir « changer de ton avec Alger » et cesser « la diplomatie des bons sentiments« , le ministre de l’Intérieur français a déclenché, lundi soir, selon la presse française, une salve de mesures restrictives ciblant directement des hauts responsables algériens.
L’objectif de ces restrictions est de faire pression sur Alger, pour qu’elle accepte le retour de ses ressortissants en situation irrégulière, que les autorités françaises jugent dangereuses.
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Une quarantaine de hauts responsables algériens visés par de nouvelles restrictions de Paris
Selon Paris Match, le locataire de la place Beauvau a déclenché, lundi, une série de restrictions qui vise directement une quarantaine de personnalités algériennes, issues de la sphère politique, économique et militaire. Ces dernières ne bénéficieront plus des avantages diplomatiques habituellement accordés pour leurs séjours en France. Ce nombre devrait rapidement atteindre les 80 personnes.
Ces nouvelles restrictions impactent particulièrement les facilités d’entrée en France pour des raisons médicales ou d’affaires, dont bénéficient auparavant certains membres de la haute nomenklatura algérienne.
Cette démarche s’inscrit dans une stratégie de « riposte graduée« , annoncée précédemment par Paris et défendue pendant plusieurs mois par Bruno Retailleau. Le ministre justifie cette pratique par « le refus persistant » qu’il attribue aux autorités algériennes de délivrer les autorisations consulaires nécessaires pour le retour des ressortissants en situation irrégulière en France.
Vers une remise en cause des accords de 1968 ?
Parmi les leviers envisagés par Bruno Retailleau figure aussi la remise en cause des accords bilatéraux de 1968, qui régissent le statut migratoire spécifique aux Algériens en France. Ce cadre qui règlemente le séjour, la circulation et le regroupement familial liés aux ressortissants algériens à l’hexagone. Cependant, cet accord est fréquemment critiqué par l’extrême droite française qui le qualifie de « déséquilibré« .
Il est important de préciser que ce n’est pas la première fois que des mesures ciblent certains hauts responsables algériens. En effet, le gouvernement français avait déjà prononcé de telles restrictions en février dernier.
Récemment, un responsable au ministère de l’Intérieur a fermement réagi aux propos de Bruno Retailleau concernant la reconnaissance des passeports algériens pour les régularisations en France. Le diplomate a souligné que la délivrance de ces passeports est un droit fondamental des citoyens. Il a, d’ailleurs, qualifié les déclarations du ministre français de « discriminatoires » et « arbitraires« , les jugeant contraires à la législation française elle-même.
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