L’Etat a décidé, à travers le plan d’action du gouvernement, de sévir pour remettre de l’ordre dans divers secteur d’activité. L’administration en fait partie.
Une batterie de mesures a été annoncée par le gouvernement. Objectif : rétablir la confiance entre l’administration et le citoyen et par ricochet en finir avec une bureaucratie qui semble avoir la peau dure. D’une voix unanime, les députés affirment que l’établissement des lois est une condition vitale pour la concrétisation de cette approche qui fait jusque-là défaut. Et bien sûr, d’autres suggestions aussi importantes les unes que les autres ont été mises en avant par les députés. Mme Taiati, députée d’Alger du Front des forces socialistes (FFS) soutient qu’il faut une « volonté délibérée » pour apporter le changement au sein de l’administration, « malade à tous les niveaux ». Comme thérapie, elle préconise l’impérieuse nécessité de changer les mentalités et former les agents de l’administration sur les principes de l’accueil et de l’humanisation des rapports avec le citoyen. Un travail qui passe, ajoutera-t-elle, par la sensibilisation du personnel administratif. « L’administration dont comprendre qu’elle est au service du citoyen et non le contraire », précise-t-elle, non sans plaider pour la mise sur pied d’un conseil de déontologie afin de suivre le comportement des administrateurs et sanctionner les fautifs. Comme elle soutient l’idée de l’établissement d’un règlement intérieur plus sévère. Pour ce qui est de l’épineux problème de la bureaucratie, elle revendique l’allégement des procédures administratives. En somme, Mme Taiati estime que les collectivités locales doivent faire le premier pas en allant vers le citoyen et recenser ses préoccupations. « Sinon on ne peut jamais réconcilier le citoyens avec l’administration en étant assis derrière les bureaux ». Djeloul Djoudi, député du Parti des travailleurs (PT), estime « primordiale » l’application des lois, jusque-là, maillon faible. Il cite l’exemple de la justice, un secteur sensible où des décisions sont restées lettre morte. Un état de fait qui a fait que les citoyens « ont perdu confiance envers cette institution de la République ». Le député affirme qu’il est « essentiel » d’en finir avec l’emploi précaire dans l’administration afin d’en assurer la meilleure gestion. Il avance, aussi, l’idée du découpage administratif qui devrait, selon lui, intervenir dans les plus bref délais afin d’atténuer la pression sur certaines wilayas. Mme Ghania Idalia, députée FLN de la wilaya de Blida, soutient qu’il faut choisir les « compétences qu’il faut afin de mener à bon port les mesures annoncées ». Elle plaide, également, pour l’instauration d’instances de contrôle sur l’administration. « Certes, personne ne peut nier que l’application des lois fait défaut et qu’il y a des carences à combler mais il faut rattraper le retard pour aller de l’avant. Nous n’avons pas de temps à perdre », fait-elle remarquer. L’élue de Blida croit en la concrétisation de ce rapprochement entre l’administration et le citoyen. « Avec le concours de l’équipe gouvernementale, les gestionnaires sur le terrain, rien n’est impossible pour peu qu’il y ait du sérieux dans la mise en œuvre des actions annoncées », assure-t-elle.
DES TESTS PSYCHOLOGIQUES POUR LES ADMINISTRATEURS
Du même parti, Abderrahmane Driss, élu de la wilaya de Bejaia, observe qu’il existe « un fossé » entre le citoyen et l’administration. Et même s’il estime que les lois existantes ne sont pas correctement appliquées, il défend l’idée de nouveaux textes plus « souples » à même de réconcilier les deux parties. Pour lui, le gouvernement est là pour rétablir cette confiance. Ahmed Bessalah, député Rassemblement nationale démocratique (RND) affirme que l’application des mesures annoncées par le Premier ministre visant le rapprochement entre l’administration et le citoyen passe impérativement pour l’application des lois existantes. Selon cet élu de la wilaya de Bouira, l’Algérie ne souffre pas d’un manque de lois mais de leur application sur le terrain. « Il faut avoir l’audace et le courage d’appliquer de la manière la plus stricte l’arsenal juridique en vigueur. Et si des lacunes subsistent, il faut élaborer de nouveaux textes de loi », indique-t-il. Abdelaziz Mansour, député d’un parti islamiste, soutient que la réconciliation tant attendue entre l’administration et le citoyen ne se réalisera pas du jour au lendemain. Il faut « une période de transition », note-t-il. D’autant, poursuit-il, que la « plaie est profonde ». Pour cet élu de la wilaya de Boumerdès, la réconciliation passe impérativement par l’existence « d’une volonté politique réelle et sincère ». Il plaide aussi, pour la révision des modalités de recrutement au sein de l’administration. Là, il soutient l’idée de l’instauration de tests psychologiques pour les administrateurs ainsi que l’établissement de motivations pour les employés performants. Il suggère, également, à ce que les promotions soient faites selon la conduite des administrateurs.
Amokrane Hamiche