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La célébration et la présence obligatoire à ces rendez-vous empêchent les Algériens de profiter de l’été.
Les Algériens ont-ils tourné le dos aux vacances d’été ou n’ont-ils plus le temps d’y penser? Ce qui est sûr pour l’heure, c’est que rien n’indique que ces derniers sont en vacances.
La vie dans les villes est aussi animée que le reste de l’année. Autant de monde dans les rues et autant de véhicules sur les routes.
Les commerces sont tous ouverts et les services sont assurés de manière tout à fait normale dans les administrations. L’Expression qui a tenté de comprendre cet état de fait a interrogé hier de nombreux citoyens rencontrés dans différents endroits d’Alger. Pour Hamid, la quarantaine, rencontré devant la mairie de Hussein Dey, l’absence des signes habituels des vacances d’été à cette période de l’année, dans les villes, a un rapport avec les changements qu’a connus le calendrier des évènements en Algérie.
Le retard dans l’affichage des résultas du bac, la coïncidence du hadj avec l’été, l’Aïd El Kebir et la programmation des concours de la fonction publique durant cette période, retiennent les Algériens et les obligent à rester sur place. «Ces évènements nécessitent tous des préparations et une présence sur place de la famille», dira Hamid, en soulignant que les traditions des familles algériennes n’ont pas changé d’un iota quant à leur originalité.
«L’attente des résultats du bac s’accompagne beaucoup de rituels quant au nettoyage de la maison, de même pour les préparatifs pour le départ d’un hadji vers La Mecque», explique-t-il. Rencontré pour sa part à Belouizded, Chafik, la vingtaine, a indiqué que les véritables raisons du non-engouement des Algériens pour passer leurs vacances ailleurs, sont tout simplement la cherté de la vie. «Toutes les familles que je connais, inconditionnelles des plages des wilayas de l’Est d’Algérie, ont décidé d’abandonner l’idée», soulignera-t-il, ajoutant que les familles algéroises préfèrent désormais aller à la plage durant les week-ends. Il faut dire à ce propos, que les familles algéroises étant natives pour beaucoup d’entres elles des autres wilayas, préfèrent toutes quitter la capitale pour leurs wilayas d’origine, afin des passer leurs vacances d’été. Cette situation fait que certains quartiers deviennent complètement désertiques et de nombreux commerces fermés.
Rencontrée avec ses amies à Kouba, Hanane 19 ans, candidate au bac, a indiqué qu’effectivement sa famille a décidé de se passer des vacances d’été qu’elle a l’habitude de passer à El Kala dans la wilaya d’El Tarf. «Les résultats du bac prévus pour la fin du mois de juillet ont chassé complètement l’idée des vacances de la tête de mes parents occupés désormais par la date de l’affichage des résultats du bac», témoigne Hanane. Pour notre interlocutrice qui s’est montrée un petit peu triste, les vacances à El Kala risqueront d’être annulées même après l’affichage des résultas du bac.
«Les inscriptions universitaires seront là et vont m’obliger à rester sur Alger pour faire les démarches nécessaires», poursuit-elle. Par ailleurs, et contrairement à ce que pensent certains, le non- engouement des Algériens pour les plages n’est que provisoire.
Les plages ne tarderont pas à être envahies par les familles et les villes seront désertiques comme par le passé. Pour nos interlocuteurs, le mois d’août a toujours été le mois privilégié par les Algériens pour passer leurs vacances. «Que la fête de l’Aïd El Kebir coïncide avec le mois d’août ou pas, cela ne me fera jamais changer d’avis quant à mon projet de passer mes vacances en Tunisie», soulignera de son côté Nazim, ajoutant que beaucoup de ses camarades pensent la même chose. Pour Nazim, passer ses vacances loin de sa wilaya aide énormément d’abord à se faire changer les idées, ensuite à bien se reposer. Au sujet de l’ouverture des commerces durant ce mois, il faut dire que jusque-là, l’été a toujours rimé à Alger, durant les mois de juillet et d’août, avec la fermeture des commerces. Les citoyens sont allés jusqu’à dénoncer publiquement la pratique de la fermeture des commerces de façon anarchique. Ces derniers ont interpellé même le ministère du Commerce à l’effet d’instaurer des lois qui interdisent aux commerçants de partir en congé à la même période. Le sentiment de colère a été exprimé aussi par les patients qui voient l’ensemble des médecins spécialistes partir en congé à la même période.
«La période de l’été est certes propice aux vacances, mais le service minimum doit être garanti. Il y va de la santé des patients», a-t-on pu entendre et lire chaque été. Le départ en congé à la même période pose aussi des problèmes au niveau des administrations.
Le citoyen se retrouve souvent face à des guichets et des bureaux travaillant au ralenti. Cela favorise la formation des queues et du coup les bagarres entre les usagers.