Au-delà de certains cris que l’on entend ici et là à propos de la fraude qui aurait entaché le processus électoral, il y a une sérieuse carence au niveau des partis politiques affichant une incurie presque manifeste.
Le processus électoral s’est achevé de façon définitive après la tombée du verdict des tribunaux administratifs à propos des recours formulés par la majorité des partis qui ont participé aux joutes électorales des locales du 23 novembre dernier.
Pour ainsi dire, les dernières élections locales relèvent bel et bien des calendes grecques. Certes, il y a eu beaucoup d’appréhensions qui ont été soulevées par les partis concernant les résultats finaux après avoir été corroborés par des procédures de recours qui ont été au demeurant rejetées par les magistrats administratifs presque dans leur majorité. Ce rejet qui a été teinté par une couche politique par certains partis, est dans beaucoup de cas d’ordre procédural dont la faille est très perceptible dans la «maison partisane» quant à la maîtrise de l’élément basique de la procédure de recours et les requêtes connexes. Sans tomber dans la généralisation, mais dans beaucoup de cas, il est à noter que des partis étaient censés être des espaces pour ne pas dire des écoles de la formation politique et de la dispense des valeurs qui feront de leurs militants les futurs commis de l’Etat et de la République. Hormis quelques-uns qui se comptent sur les doigts d’une seule main, la majorité des partis ne fait pas dans la consécration de la formation politique une priorité des priorités au niveau de ses structures partisanes respectives.
Quand les recours desdits partis se heurtent à des problèmes relevant strictement de lacunes procédurales et de vice de forme, cela renseigne sur le déficit drastique qui envahit les partis se disant à caractère politique!! Au-delà de certains cris que l’on entend ici et là à propos de la fraude qui aurait entaché le processus électoral, il y a une sérieuse carence au niveau des partis politiques affichant une incurie presque manifeste en matière de professionnalisme sur des questions qui engagent leur sort de façon inéluctable en montrant de la sorte non pas une faiblesse terrible, mais un infantilisme politique qui frise l’entendement.
Parler de la fraude de façon aléatoire ne fait que favoriser l’esprit défaitiste de ces partis qui ne veulent pas voir les choses en face en assumant en premier lieu leur cuisant échec dans la mesure où leur comportement ne s’inscrit pas dans une logique de la construction d’un levier partisan au service de la société et par ricochet de celui de l’Etat comme entité appelée à être consolidée et développée. Ces partis ont été créés durant la période où les valeurs et la noblesse de l’acte militant et de la pratique politique avaient été sacrifiées sur l’autel de la prébende et de l’esprit rentier pour ne pas dire qu’ils ont transformé les structures partisanes en une somme de transactions à but lucratif jusqu’à faire de cette pratique une culture au sein desdits partis qui osent afficher ce comportement toute honte bue comme c’est le cas du président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, qui a déclaré sans retenue que «nous avons payé de l’argent pour avoir notre siège au niveau de l’Assemblée populaire nationale» (sic).
Des déclarations de ce genre sont légion dans la scène politique nationale, une scène qui a été réduite à celle d’une faune par l’envahissement des affairistes parrainés par ces mêmes partis qui ne cherchent qu’à acheter leur place au sein des assemblées élues non pas pour apporter une valeur ajoutée politique sûre dans l’intérêt du pays et faire avancer la société vers une dynamique qualitative, mais surtout pour se frayer un chemin sûr dans le monde des affaires et la consécration de la rapine comme critère dans la promotion politique et sociale.
La campagne électorale des élections locales du 23 novembre dernier avait montré des scènes, voire une prestation de certains, nombreux qui se disent «des partis politiques» qui portent un sérieux préjudice à cette même pratique politique. L’argent est devenu l’alpha et l’oméga de ces partis à travers leurs «candidats» venant de l’extérieur de l’appareil partisan, profitant de «la saison» politique qui revient chaque 5 ans pour tirer profit de la moisson électorale au-delà des résultats et de l’objectif essentiel de ce genre de rendez-vous majeurs sur le plan politique du pays.
La scène politique est infestée par des apprentis sorciers et des politicards qui usent de la soi-disant pratique politique en focalisant leur attention sur les prébendes et la rente que leur rapporte la campagne électorale qui se présente comme période et moment les plus juteux à des candidats qui ne sont animés et obnubilés que par la logique rentière et l’opportunisme espérant avoir des strapontins dans les assemblées élues.
C’est cette réalité qui a dénaturé la pratique politique et favorisé cette spirale de la dépolitisation endémique au sein de la société. L’absence d’ancrage et de traditions relevant du militantisme a aggravé davantage la pratique partisane et politique à la fois, à telle enseigne que la classe politique ne fait que reproduire des schèmes qui renseignent sur l’ampleur de l’impasse.