Que les importations soient réduites, au vu de la baisse des prix du baril et la nécessité de rationaliser les dépenses, est une mesure logique en soi et même souhaitée. Le tout est de savoir si l’adaptation à la nouvelle situation se fera facilement, sachant que la production nationale, en dehors de l’électroménager, qui a fait ses preuves, est loin de répondre aux attentes du consommateur.
Si les restrictions ont l’ambition de mettre un frein à l’importation anarchique de tout et n’importe quoi, du chewing-gum en passant pas les chips ou encore la mayonnaise, les craintes de voir disparaître des rayons des marchés certains produits, sans équivalent notamment en terme de qualité, meublent les discussions quotidiennes des familles. Il faut dire que si des secteurs de production locale, comme l’électroménager, ont fait leurs preuves et ont gagné en crédibilité, d’autres comme certains produits agroalimentaires de piètre qualité, sont loin de satisfaire le consommateur.
Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, évoquant justement ce sujet n’avait-t-il d’ailleurs pas appelé les producteurs nationaux à «améliorer davantage la qualité de leurs produits afin de répondre aux attentes et aux exigences du consommateur algérien» ? Hier, le sujet des fameuses licences d’importation revenait au devant de l’actualité avec l’annonce d’une première liste de produits industriels devant être arrêtée la semaine prochaine. «Actuellement il y a un débat avec les secteurs concernés pour arrêter la liste des produits industriels qui feront l’objet de licences d’importation.
La semaine prochaine cette liste sera arrêtée définitivement», a indiqué le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, lors d’une rencontre à Alger avec des opérateurs économiques sur la mise en œuvre de ce nouveau dispositif. Selon les précisions du ministre, les secteurs concernés se sont accordés pour le moment sur trois produits qui sont les véhicules, le ciment (type Portland) et le rond à béton. Aucune date n’a été avancée par le ministre pour l’entrée en vigueur des licences d’importation pour ces produits, alors que pour les contingents tarifaires des produits agricoles et agroalimentaires originaires de l’Union européenne (UE) ils seront soumis à partir du 10 janvier prochain au système des licences.
Le coût global de l’ensemble des produits (soumis au régime des licences d’importation non automatiques) est estimé à 12 milliards de dollars dont un milliard de dollars concerne les produits contingentés provenant de l’UE, avait indiqué récemment le ministre.
M. Belaïb a souligné, dans ce sens, que ce système concernera, dans une première phase, les produits qui pèsent lourdement sur la balance des paiements du pays ou menaçant une industrie naissante. Il touchera aussi aux produits dont les importations ont connu «peu de transparence», voire «une certaine spéculation».
Lyes Sadoun