Restrictions budgétaires : le ministre des transports sur un nuage

Restrictions budgétaires : le ministre des transports sur un nuage
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L’Algérie a consacré durant la période 2000/20014, environ 70% des investissements de ses différents programmes aux infrastructures alors que la richesse d’une Nation provient des entreprises et de l’économie de la connaissance, les infrastructures n’étant qu’un moyen de développement.

Avec la chute des recettes des hydrocarbures, représentant plus de 97% des ressources en devises, l’Algérie importe 70% des besoins des entreprises locales, dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%, alors que les recettes de Sonatrach ( après la déduction de 25% des charges) risquent d’être inférieures à 34 milliards de dollars pour l’année 2015. Avec la baisse vertigineuse du fonds de régulation des recettes et des réserves de change, il semble bien que certains responsables, n’ayant pas tiré les leçons de la crise de 1986, continuent à faire des annonces comme si rien n’était. Ainsi, malgré la baisse des recettes en hydrocarbures et des tensions budgétaires qui s’annoncent, il n’y aurait pas de restrictions financières pour le ministre des transports dont je résume certaines déclarations récentes.

1.-Le futur port commercial de la région centre, prévu entre les villes de Cherchell (Tipasa) et de Ténès (Chlef), nécessiterait un investissement de près de 200 milliards de dinars, soit plus de 2 milliards de dollars au cours officiel, selon un entretien du ministre des transport diffusé le 09 août 2015 par l’APS. Comment peut-on dire que cette infrastructure sera financée par les banques publiques dont l’essentiel du capital argent, lui même, provient des hydrocarbures qui reçoivent des injonctions ! Une question : les banques privées locales marginales ou internationales sont elles intéressées, elles qui sont attentives à la rentabilité ? D’ailleurs le ministre reconnait que pour que cette activité puisse faire l’objet d’une concession à travers un dispositif réglementaire qui régit cette procédure, l’octroi de ces concessions, est gelé par le gouvernement depuis 2009 dans le cadre de «directives prudentielles» ayant conduit au gel des demandes d’investissement dans ce domaine.

2.- Le même ministre prévoit l’extension de la gare maritime du port d’Alger, pour plus de de 832 milliards de DA ainsi de nouvelles acquisitions dans les domaines aérien, ferroviaire, maritime et terrestre sans préciser le montant qui devrait être faramineux. Quant aux projets de tramways dans certaines villes du pays, toujours selon le ministre, le gel ne concerne que les projets dont les études sont toujours en cours mais ces études seront finalisées malgré le gel.

3.-Pour la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF), qui devrait se transformer en société par actions (Spa) à partir de 2019, avec un réseau long de quelque 4.000 km actuellement, le réseau ferroviaire national devra atteindre, à l’horizon 2020, un total de 12.500 km connectés aux infrastructures portuaires, aéroportuaires et logistiques : pour quel montant et avec quel argent se fera ce triplement des voies sachant que cet investissement se fera sur fonds publics ? Et pour clore ce tableau, à l’heure des restrictions budgétaires, le ministre annonce l’étude d’un métro aérien, comme si durant cette période difficile où on demande à la population algérienne une certaine austérité dans ses dépenses, on avait besoin d’un métro aérien.

4.-Qu’en est-il du lancement des travaux de réalisation de l’autoroute des Hauts plateaux devant relier l’Est à l’Ouest de l’Algérie, annoncé par l’ex ministre des travaux publics,  actuellement wali de Tipaza, début 2015 sur un linéaire de 1.200 kms, de la frontière marocaine à proximité d’el Aricha (Tlemcen) en passant par Sidi bel Abbés, Saida,Tiaret, Djelfa ,Ain Oussara, Bou Saada,M’sila, Biskra, Batna, Oum el Bouaghi , Khenchela et Tébessa, pour aboutir à la Bouchebka (frontière tunisienne), les ouvrages d’art et les tunnels (éventuels) étant étudiés directement en 2×3 voies ? D’un coût initial estimé à 9 milliards de dollars, comment ne pas rappeler que le coût initial de l’autoroute Est /Ouest était de moins de 7 milliards de dollars et qu’il dépassera certainement 13 milliards de dollars pour une distance presque équivalente. Or les travaux des hauts plateaux seront nécessairement plus coûteux, l’autoroute Est/ Ouest ayant bénéficié de bon nombre de routes secondaires déjà réalisées avec des accès faciles.

En résumé, des moments très difficiles s’annoncent, des lendemains porteurs de dangers et attentatoires à la sécurité nationale, d’où plus que jamais une politique de restrictions budgétaires se doit d’être énoncée et rigoureusement appliquée. Les ministres, walis, responsables des grandes entreprises publiques doivent prendre conscience que continuer, comme par le passé, à dépenser sans compter conduit le pays au suicide collectif et que le gouvernement doit faire preuve d’une communication transparente et cohérente en disant toute la vérité à la population algérienne.