Restrictions budgétaires et freins à l’industrie pharmaceutique, Les inquiétudes de l’Unop

Restrictions budgétaires et freins à l’industrie pharmaceutique, Les inquiétudes de l’Unop

Le président de l’Union nationale des opérateurs pharmaceutiques exprime les préoccupations des membres de son organisation sur la menace qui pèserait sur l’accès des Algériens aux soins et aux produits pharmaceutiques, si les pouvoirs publics ne misaient pas sur la production locale.

Les restrictions budgétaires induites par la tendance baissière du prix du baril du pétrole, la dévaluation progressive du dinar, les pressions sur les équilibres des caisses du système de Sécurité sociale et l’érosion inévitable du pouvoir d’achat… sont autant de paramètres objectifs qui influeront négativement sur l’accès aux soins et aux médicaments.

Ce sont là des inquiétudes exprimées, hier, lors d’une conférence de presse animée, à Alger, par le président de l’Union nationale des opérateurs économiques (Unop), M. Kerrar, et le patron de Mérinal, Nabil Mellah. Selon ces deux représentants des opérateurs dans l’industrie pharmaceutique, la facture du médicament que les pouvoirs publics ne cessent de présenter comme faramineuse ne vient qu’en sixième position dans le classement des produits importés, bien après le segment des machines et des réacteurs nucléaires, les véhicules, les combustibles minéraux…

À titre indicatif, l’Algérie a importé, en 2014, près de 2,5 milliards de dollars de produits pharmaceutiques, mais plus de 7,7 milliards de dollars de véhicules, tracteurs et autres engins agricoles et industriels. Un chiffre que n’atteindra pas le marché du médicament même avec une consommation record estimée, en 2018, par IMS Health (une entreprise américaine proposant des études et du conseil pour les industries du médicament et les acteurs de la santé). “Il est tout à fait normal que les besoins en produits pharmaceutiques augmentent proportionnellement à la croissance démographique. Si on veut maîtriser la facture du médicament, il faut absolument que la production locale croisse de manière significative”, a analysé

M. Kerrar.

Il a assuré que jusqu’alors et dans des conditions pénibles, l’industrie pharmaceutique parvient à une croissance annuelle de l’ordre de 17%. “La production locale a permis de limiter, en 2014, les importations de produits pharmaceutiques de 400 millions de dollars américains”, a-t-il poursuivi. “Nous pourrions faire mieux si les conditions étaient meilleures”, a surenchéri Nabil Mellah.

De son point de vue, les autorités publiques doivent abandonner la voie des constats et des promesses non tenues pour s’engager dans un soutien efficient à l’industrie pharmaceutique locale. Il a, dès lors, égrené une série de contraintes dont souffrent les producteurs dans le secteur. Il a évoqué d’abord une discrimination caractérisée entre entreprises publiques et privées, d’un côté, et entre opérateurs nationaux et étrangers, de l’autre. Il s’est insurgé, ensuite, contre la bureaucratie qui met à mal les investisseurs, dont des délais trop longs dans la délivrance des autorisations de fabrication de nouvelles molécules, centralisation du paiement des droits d’enregistrement à la seule structure d’El-Madania, lenteur de réactivité du comité de prix y compris pour les intervenants qui appliquent le tarif de référence…

Il a regretté, surtout, l’absence de législation claire et conforme aux exigences du domaine. “La réglementation algérienne en matière d’industrie pharmaceutique est honteuse”, a martelé M. Mellah, citant, là aussi, des exemples à profusion.

S.H.