Restauration de la statue d’Aïn El Fouara de Sétif : «Nous avons travaillé dans une atmosphère stressante»

Restauration de la statue d’Aïn El Fouara de Sétif : «Nous avons travaillé dans une atmosphère stressante»

L’expert en restauration mandaté par le secteur de la culture, Bensalah Abdelkader, est longuement revenu sur le travail accompli et les prochaines étapes de la remise en état de la statue d’Aïn Fouara de Sétif.

Présent dimanche au Palais de la culture Moufdi Zakaria à l’occasion de la journée d’étude et de présentation du projet de création, au sein du Centre national de recherche en archéologie (CNRA), d’une commission nationale de conservation des mosaïques, Bensalah Abdelkader a déclaré que le monument datant de la fin du 19e siècle et qui a été en partie détruite le 18 décembre dernier par un individu rapidement maîtrisé par la police est actuellement dans les « dernières phases du processus de restauration ». Pour rappel, le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, avait annoncé, à l’issue de la rencontre, que le monument sera à nouveau visible dans «3 à 4 semaines».

Ce travail consiste plus précisément à reproduire les parties endommagées dans un marbre de qualité similaire. «Nous somme dans la phase de restauration avec des éléments adéquats. Nous utilisons du marbre de Carrare en poudre que nous avons trouvé en Algérie, des colles époxy, et polyester fabriqué ici», explique ainsi le restaurateur en ajoutant que «la statue a été défigurée et les deux seins ont été détruits. Il a fallu la restituer avec des photos anciennes et une technique de photogrammétrie en trois dimensions grâce à la contribution de l’université de Sétif. Cela a permis de réaliser une première restitution en plâtre afin de vérifier les mesures. La dernière ligne droite est aujourd’hui de mouler le visage dans un silicone également fabriqué en Algérie. Les parties endommagées seront recréées grâce à un mélange de poudre de marbre de carrare et de colle époxy. Le résultat sera je l’espère très probant».

Il précise à propos du travail de restauration confié par le ministère de la culture à une équipe d’experts algériens, et après un premier rapport d’expertise de l’OGEBC, qu’«il s’agit d’une statue du 19e siècle, sa destruction a été un choc pour tout le monde. Le ministère de la Culture et l’OGEBC ont fait appel à nous étant donné que nous avons déjà eu l’expérience de la restauration de la fontaine de Cherchell, également endommagée par un illuminé». Bensalah Abdelkader a également fait savoir, à propos du contexte dans lequel la restauration a été faite sur le terrain, que «nous avons travaillé dans une atmosphère stressante. Nous avons subie des agressions dans la rue. Et il y avait également une rumeur selon laquelle nous allions recevoir des milliards pour restaurer la statue. Alors que pour nous, il s’agissait avant tout d’un défi à relever, la question de l’argent n’a pas été évoqué». Répondant – sans les nommer – a ceux qui ont appelé à soustraire la statue des regards, le ministre de la Culture, tout en expliquant en substance que la destruction des monuments historiques ne faisait pas partie de la culture algérienne, a déclaré, dimanche passé, que «la statue est à cet endroit depuis 120 ans et cela n’a jamais posé de problème. Des personnalités politiques et religieuses sont passées par cette fontaine, ce monument a toujours été un symbole de tolérance. Nous devons faire face à ce genre de dégradations. Aujourd’hui la statue est en cours de restauration. Et nous sommes heureux que le travail soit fait par des experts algériens. Le chantier ne nous a rien coûté».