L’action caritative, l’entraide sociale, trouvent leur pleine expression et un respectable exutoire durant le mois sacré de ramadhan.
L’action caritative, l’entraide sociale, trouvent leur pleine expression et un respectable exutoire durant le mois sacré
de ramadhan. Les marchés de la solidarité, les restaurants de la miséricorde, les multiples mains tendues par des âmes pieuses et prodigues, les manifestations de bonne grâce impriment une généreuse cadence à une véritable chaîne de la solidarité
vers nos concitoyens les plus vulnérables.
En ce mois de jeûne et d’abstinence, l’altruisme et la philanthropie ne sont pas des mots vides de sens. Et c’est tant mieux.
Cela s’observe et se constate à chaque visite dans ces restaurants dressés pour les besoins de la cause où règne une atmosphère chaleureuse et conviviale. Des tables plus ou moins achalandées et garnies de victuailles sont occupées par des gens du voyage, des personnes errantes sans gîte et sans couvert, des ouvriers en quête d’une nourriture saine. Si pour une infime minorité, le mois sacré de ramadhan est synonyme d’agapes, et de ripailles où le gaspillage tient le haut du pavé, il s’en trouve des citoyens trop pauvres pour subvenir aux dépenses onéreuses qu’occasionne ce jeûne qui, fort heureusement, bénéficient de la mobilisation des bonnes volontés, des associations de bienfaisance, des particuliers qui les aident à surmonter leur difficultés.
Il faut dire que la solidarité n’a jamais fait défaut chez nous. Mieux encore, elle est orchestrée de manière spontanée. « C’est une qualité, un trait de caractère qui leur est propre », déclare-t-on, sans hésitation.
La ville d’Alger, pour ne parler que de son cas, compte à elle seule, un grand nombre de restaurants dits de la Rahma. On les découvre dans quasiment chaque commune, au cœur de la capitale et dans ses périphéries. Des lieux de restauration gratuite qui offrent aux nécessiteux, aux pauvres et aux gens de passage, (Abir Essabil) des repas chauds quotidiennement servis par des institutions publiques comme le Croissant-rouge algérien, les SMA, les APC et des donateurs privés.
Le CRA, un fer de lance
Le Croissant-rouge algérien s’est taillé la part du lion dans ce vaste réseau de solidarité. « Notre maison est ouverte à tous les citoyens, et nous avons besoin de tous les apports pour réussir dans notre mission », indique M. Lahcène Bouchakour, S.G. du CRA, non sans ajouter que « la mobilisation citoyenne est indispensable pour conférer à l’action humanitaire toutes les chances de réussite.»
Le CRA est indépendant dans ses actions, et les opérations qu’il chapeaute sont le fruit des membres mais surtout des volontaires.
Ses équipes parcourent les artères de la ville pour offrir des repas aux démunis et aux SDF. Il ajoute que « les restaurants de la Rahma sont une forme de rapprochement et d’entraide citoyenne. Pour cela, nous invitons toute âme charitable à apporter selon ses moyens, une contribution à cette œuvre de solidarité.»
M. Lahcène Bouchakour précise que le Croisant-rouge algérien, de par l’envergure de son travail humanitaire, est un auxiliaire des pouvoirs publics.
« Nous lançons un appel tous les ans à la veille de Ramadan en saisissant par écrit toutes les sociétés nationales, les particuliers afin de les sensibiliser. Le CRA est implanté dans les 48 wilayas et fonctionne par le biais de comités locaux.
Aujourd’hui il y a des comités qui ont ouvert 10, 12, 15 restaurants. Alger compte à elle seule, 21 restaurants implantés à El Madania, Alger-Centre, Souidania, Douéra, Bordj el Kiffan, Oued Smar, Gué de Constantine, Bachdjarrah, Staouéli, Zeralda, Rahmania. C’est en fonction des moyens dont dispose chaque comité de wilaya que le Croissant-rouge développe son programme. Les services proposés par chaque restaurant oscillent entre 120 à150 couverts. »
Concernant le siège du comité local qui se situe à la rue Mulhouse, dont beaucoup d’encre a coulé sur son état de dégradation, le secrétaire général a certifié que ce local sert de restaurant durant le mois sacré mais aussi durant l’hiver pour la préparation des repas chauds pour les SDF.
Il a précisé en outre qu’il préserve toujours sa propreté grâce aux bénévoles qui viennent le nettoyer durant le mois sacré et à l’arrivée de l’hiver.
« Ce n’est pas un vrai restaurant, mais c’est une salle que nous aménageons conjoncturellement pour les besoins du Croissant-rouge.
Elle n’a pas le confort d’un restaurant mais l’hygiène existe », affirme-t-il.
Un credo, l’hygiène et le bon accueil
Le Croissant-rouge est à cheval sur les règles d’hygiène. Il exige pour les cuisiniers et les serveurs des tenus spéciales : des tabliers et un chapeau afin d’assurer la propreté. Pour ce qui est des repas à emporter, il a précisé que le Croissant-rouge n’exclut pas ce point, mais on préfère les confier à des adultes. Parce que nous avons constaté que la plupart du temps, ce sont les enfants qui viennent les chercher. On ne veut pas habituer les enfants à la mendicité.»
L’interlocuteur a tenu à préciser que dans tous les restaurants, les responsables gardent toujours « un repas témoin » 48 heures dans un réfrigérateur au cas où une personne tomberait malade. Avec ce repas témoin, on peut faire des analyses au cas où la nécessité se fait sentir. « On travaille en professionnel car nous respectons la dignité humaine qui est inscrite au fronton de nos principes », lance M. Bouchakour.
La question des dons et autres revenus glanés par le CRA est récurrente. Le S.G. ne cache pas qu’il s’en dit des choses. On spécule sur ces donations, tient à rappeler M. Bouchakour qui, à l’occasion, avoue ne pas se dérober. Il se déclare complètement disposer à donner toutes les informations nécessaires à la traçabilité de ses dons. Il a certifié que le Croissant-rouge « n’a pas de subventions de l’Etat. Il développe ses activités grâce aux bienfaiteurs » en ajoutant que « tous ceux qui ont des doutes sur la ligne du Croissant-rouge, nous disons que le CRA active en toute transparence.»
L’humanitaire, une priorité
Le Croissant-rouge algérien se charge aussi de l’opération de circoncision des enfants aux 15e et 27e jour du mois sacré. Cette année, près de 10.000 enfants issus des 48 wilayas, seront circoncis. Ce précepte religieux et médical ne se fait pas dans les sièges du Croissant-rouge. On fixe un rendez-vous aux familles dans des hôpitaux, des centres spécialisés et des cliniques habilités pour cela. L’opération s’accomplit par des chirurgiens spécialisés et tous les enfants reçoivent leurs tenues traditionnelles. Il est aussi organisé à leur intention et à leurs familles, une fête dans les grandes salles. Les enfants reçoivent aussi des cadeaux, des gâteaux, des vêtements.
Le Croissant-rouge algérien ne se limite pas à cela. Il rend même des visites aux malades dans les hôpitaux. Il est présent toute l’année dans ses diverses activités. « La solidarité nationale est l’affaire de tout le monde. On doit tous y participer » le Croissant-rouge n’est la propriété de personne il appartient à tous les Algériens. C’est une grande famille et chaque personne a un engagement. On souhaite la contribution de tout le monde. Il faut s’investir un peu dans le cadre humanitaire. Si toutes les sociétés adhèrent à cette opération on arrivera un jour à diminuer peut être le nombre des gens en manque de ressources matérielles.
M. Bouchakour a dressé un petit constat des lieux sur les restaurants qu’il a visités, soulignant à ce sujet : « J’ai vu les repas qui se préparent dans ces restaurants et je jure que je ne le prépare même pas chez moi », précise-t-il en lançant un appel à tous les opérateurs et les sociétés afin qu’ils apportent leur aide pas seulement durant le mois de Ramadhan mais durant toute l’année. « On veut renforcer le travail du CRA par la mobilisation des moyens. S’il y a un investissement à faire en priorité, c’est vers l’humanitaire qu’il faut s’orienter.»
K. A. Allouache et M. Bouraib