C’est devenu une tradition. à Chaque ramadhan, des restaurants de la Rahma ouvrent leurs portes aux démunis. Alger, à l’instar des autres wilayas, n’a pas failli à la coutume. 135 lieux de restauration y sont recensés. L’année précédente le nombre était de 165. Qu’ils soient membres des scouts, des APC ou bien des particuliers, les gérants de ces centres ont le même objectif : garantir un repas chaud aux jeûneurs démunis.
Mercredi dernier, des membres de l’Assemblée populaire de la wilaya d’Alger se sont rendus dans certains lieux. Première escale : Les locaux des scouts de la commune de Bachdjarrah. La délégation s’est enquise des conditions de travail du personnel, mais aussi et surtout la qualité des reparts servis. «Nous avons un droit de regard sur tout ce qui se fait au niveau de la wilaya, notamment en matière d’hygiène», lance, d’emblée, un membre de l’APW.
Le ton est donné. Au centre commercial Taiba, pas moins de 800 repas sont servis quotidiennement. Les serveuses qui y assurent le service sont animées d’une volonté sans faille. «Les personnes qui y viennent sont des passagers, des sans abris, des fonctionnaires», affirme une serveuse, avant de souligner qu’en contrepartie de leur travail, elles touchent une mensualité.
LE PORTE-À-PORTE
A quelques encablures de là toujours à Badjarrah, un autre restaurant a ouvert ses portes pour la même cause. Son gérant, Abdelkader Zerguer, s’est montré moins enthousiaste. La raison ? Les autorités n’ont pas subventionné l’opération. Il indique que le centre ne doit son salut qu’aux aides des gens d’ici. Ceux-ci ont fait preuve d’une charité sans bornes. «Les autorités, commune et wilaya, sont aux abonnés absents. Aucun sou pour le moment nous est parvenu», a-t-il affirmé. Pour assurer la distribution, la recette pour ces jeunes n’est pas magique. «Nous faisons du porte-à-porte pour s’approvisionner en denrées alimentaires», précise encore, Adelkader Zerguer.
Le Centre sert 300 repas/jour. Il est chargé, également, de la distribution du couffin de ramadhan, évalué cette année à 5 000 dinars. L’opération se déroule à minuit. La délégation s’est dirigée par la suite vers la commune de Baraki. Le lieu d’inspection était la crèche communale, située au centre ville. Ce lieu d’accueil sert chaque jour plus de 250 repas aux nombreux démunis et gens de passage qui y affluent.
D’autres restaurants ont été visités par lors de cette tournée des membres de l’APW. Il s’agit entre autres, du local des scouts, toujours à Baraki, l’école Fodil El Ouartilani des Eucalyptus qui accueille quelque 280 jeûneurs par jour et d’un restaurant privé à El Madania (ex-Clos Salembier) mis la disposition de la commune par un particulier.
REPAS… IL FAUT PATIENTER DEUX HEURES !
Rue Larbi-Ben M’hidi 17h 40. Un écriteau barre le haut de l’entrée de la rue des Négriers. Les premiers jeûneurs sont déjà là. Le portail est toujours fermé. A l’intérieur du resto, c’est une véritable course contre la montre à laquelle est confrontée le personnel composé de 20 serveurs. Tout doit être prêt à l’heure de la prière du Maghreb. Le gérant du local a indiqué que le centre accueille aussi bien des passagers, de vieilles, de sans-abri que de fonctionnaires. Ici 350 plats sont servis chaque jour. Arezki, employé dans une entreprise privée estime que la nourriture est d’une bonne qualité. Mais le fait que les plats soient servis une heure et demie avant l’adhan leur fait perdre leur saveur. Et ce n’est pas le seul grief. Selon ses dires, le resto manque terriblement d’assiettes, de cuillères… « L’organisation, fait-il remarquer, fait défaut alors que l’accueil laisse à désirer», dit-il. Sur ce point, le gérant du restaurant a expliqué que le personnel n’a d’autre choix que de servir le menu à 18h30. La raison est simple: «Nous ne pouvons pas prendre le risque de prolonger l’heure de service de peur de ne pas être à temps au moment de l’adhan», s’est-t-il défendu. Sur le plan qualité, Salem soutient que les repas n’ont rien à envier à ceux servis dans les restaurants traditionnels.
18h30, l’ensemble des restaurants Er-rahma affichent complet. «Je préfère attendre deux heures de temps que de rater le ftour», lance un jeune rencontré à l’avenue Pasteur. Au niveau du restaurant de la rue Larbi-Ben M’hidi, les paniers de pain sont déjà remplis. Un coup d’œil sur le menu. «C’est un repas riche et équilibré en protéines et en vitamines, un peu comme ceux que l’on retrouve sur notre meïda à la maison», indique un jeûneur. L’heure attendue est arrivée. Place au cliquetis des cuillères. Le sourire enfin revenu sur les visages après une longue journée de jeûne…
– Wilaya d’Alger : Opération solidarité Ramadhan en chiffres :
33 miliards de centimes consacrés, 800. 000 repas prévus dans 135 restaurants (71 publics et 44 privés).
45 lieux de stockage
17 000 kits alimentaires
Effectif mobilisé:
800 agents communaux et 700 bénévoles
83 509 familles nécessiteuses touchées