Restaurants de la rahma: Bouira, Une occasion pour les propagandistes

Restaurants de la rahma: Bouira, Une occasion pour les propagandistes
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Les Bouiris à l’heure du mois sacré

seuls 18 restaurants el iftar étaient opérationnels depuis le premier jour.

Chaque année et coïncidant avec le mois de Ramadhan, des points de ravitaillement destinés aux usagers des routes, aux nécessiteux et autres sans-abri sont ouverts un peu partout à travers la wilaya de Bouira. Jusqu’à 2015, on désignait ces lieux par restaurants de la «Rahma» comme si la clémence se résumait à un repas chaud, ou au dîner d’un jour.

Le modèle, emprunté à l’action de l’artiste Coluche qui, de son vivant, avait lancé «les restos du coeur», a vite fait l’objet d’une récupération et ces «restos d’El Iftar» sont devenus depuis un rendez-vous non négligeable sur les agendas électoraux des maires, des partis politiques et de leurs relais au sein du mouvement associatif.

Il y a six ans notre quotidien rapportait ce qui s’apparentait à l’époque à une réelle arnaque. Le secrétariat local d’une organisation de masse féminine très proche des cercles du pouvoir avait ouvert un restaurant pour la circonstance. Les repas selon la responsable de l’époque étaient envoyés aux familles par souci de préservation de leur dignité. Voulant couvrir ce qui, dans ce temps, était une innovation, on découvrira un local fermé pour non-paiement du loyer. Les repas, payés avec l’argent du contribuable, n’étaient en fait que des denrées réparties entre les adhérentes et, tenez-vous bien, des responsables. Quotidiennement le beau monde passait prendre le kilogramme de viande chez le boucher conventionné. Pareilles pratiques ont alors créé un climat de suspicion qui poussera même les nécessiteux à éviter de se rendre dans ces restos. Le filon d’or sera exploité des années durant par des opportunistes privés, avec la bénédiction de l’administration. Ces arrivistes ouvrent des restos et facturent à l’administration. Selon des chiffres on parlait de plus de 4000 kg de viande quotidiennement pour l’ensemble de la wilaya. L’actuel wali, dès son installation à Bouira, a exigé un contrôle strict, un suivi permanent et l’interdiction absolue d’aider ces faux bienfaiteurs. A la différence des exercices précédents, il n y’a pas eu engouement pour l’ouverture des restaurants en raison de la rigueur imposée par la DAS.

En plus de l’obligation de réserver des lieux hygiènement corrects, une commission vérifie la qualité des denrées et des inspections inopinées sont menées à l’heure du f’tour. Ainsi, seuls 18 restaurants El Iftar étaient opérationnels depuis le premier jour. Sur ce nombre cinq sont l’oeuvre de personnes privées. L’idée d’une association de la daïra de Bechloul en étroite collaboration avec la commune, mais aussi la sûreté de daïra de la localité, d’aménager un restaurant sur l’accotement de la RN5 reste un exemple de transparence et une bonne initiative.

Des jeunes mobilisés à l’occasion et en présence de policiers arrêtent les passagers et les invitent à venir prendre le f’tour devant leurs véhicules. Par les temps qui courent, les usagers de la route craignent quelquefois de s’arrêter et préfèrent se limiter à quelques dattes pour continuer le voyage. Le restaurant ouvert par la commune de Bouira en étroite collaboration avec la sûreté de wilaya au niveau de la gare routière confirme cette idée d’appréhension répartie chez les automobilistes.

Un barrage fixe est dressé aux entrées vers Bouira sur l’autoroute Est-Ouest et les passagers sont gentiment invités à rentrer dans la gare routière prendre un f’tour chaud et des boissons fraîches. Un ancien bar-restaurant très réputé pour ses frasques par le passé, a ouvert ses portes depuis ce début du mois de Ramadhan. Les lieux ne sont fréquentés que par les passagers qui ne savent rien du passé de ces lieux. Si comme nous l’avons dit plus haut, certains politiques tentent d’utiliser cette circonstance religieuse à des profits électoralistes, d’autres essayent de se refaire une virginité.

Dans plusieurs localités de la wilaya, les associations caritatives saisissent le mois de Ramadhan pour revenir sur le devant de la scène. Même si un grand nombre agit par humanisme, d’autres tentent de reprendre du poil de la bête. Voilà une autre raison pour exercer un contrôle sur ces actions qui se multiplient à chaque occasion religieuse.

En espérant que Dieu exhausse tous les voeux et qu’il récompense toutes les actions, bon Ramadhan à tous et à toutes.