Ressources humaines agricoles, Cap sur la mobilisation de la main d’œuvre jeune

Ressources humaines agricoles, Cap sur la mobilisation de la main d’œuvre jeune

C’est une prise de conscience peut-être tardive, mais salutaire. La mobilisation des masses juvéniles comme de nouvelles ressources humaines pour l’agriculture et le développement rural est en passe de devenir une priorité dans le bassin méditerranéen. L’Algérie est, en partie, un facteur déclencheur de cette nouvelle tendance dans l’ensemble de la Méditerranée, lorsque l’on sait que beaucoup de pays de la région manifestent de plus en plus d’intérêt pour l’expérience algérienne dans ce domaine depuis la mise en œuvre de la politique du renouveau agricole et rural.

Cette volonté s’est confirmée une nouvelle fois, à la fin novembre dernier, à l’issue de la conférence euro-méditerranéenne de l’agriculture et du développement rural qui s’est ouverte à Palerme, en Italie, le 28 novembre dernier. Au volet relatif au rajeunissement des ressources humaines agricoles, les ministres de l’agriculture des pays des rives nord, sud et est de la Méditerranée ont soulevé la nécessité d’ « amener un nombre accru de jeunes des pays méditerranéens, à considérer l’agriculture et les régions rurales comme des domaines d’activités et de projet attractifs, que ceci passe par la mise en place de politiques nationales et régionales multisectorielles adaptées et suffisamment dotées de moyens ».

Les différentes expériences menées dans les pays de la région nourrissent cette conviction selon laquelle que la présence et la mobilisation active des jeunes générations dans l’agriculture, l’alimentation, la pêche et le développement des territoires ruraux, s’avèrent être « des enjeux prioritaires pour promouvoir une croissance plus inclusive sur le plan social mais aussi spatial pour inverser la tendance généralisée du vieillissement démographique des agriculteurs de la région ». Il s’agit également d’offrir des perspectives d’emplois porteurs d’avenir car basés sur des savoirs et des métiers essentiels à la vie des populations et au développement des nations.

Les ministres d’agriculture des pays de la région, ayant pris part à cette conférence, estiment que les jeunes doivent être « des protagonistes dans le secteur agricole et de la pêche et que le développement d’une agriculture triplement performante, sur le plan économique, écologique et social, constitue en ce sens un projet mobilisateur pour la région méditerranéenne et ses pays ». Les recommandations de la conférence euro-méditerranéenne pour l’innovation dans le secteur agricole et rural n’omettent pas, toutefois, la nécessité d’orienter les nouvelles politiques vers la promotion de la gouvernance locale. Laquelle approche est jugée en mesure de fédérer à la fois des savoirs traditionnels humains, de l’innovation technique et des spécificités locales très diversifiées qui font la richesse de la Méditerranée.

La mise en place de politiques agricoles, alimentaires et rurales rénovées, tant nationales que régionales, elle aussi, requiert des approches différenciées et spécifiques selon les besoins locaux ainsi que des stratégies intégrées de long terme, compte tenu de la dimension intersectorielle des problématiques. Il n’est pas moins utile de réitérer, à ce propos, l’option de l’Algérie pour la promotion des produits du terroir dont de nombreuses régions du pays jouissent de potentialités diversifiées. C’est le cas aussi de l’agriculture familiale qui occupe une place de plus en plus large dans les systèmes de sécurité alimentaire des pays de la région. Les exploitations agricoles familiales sont ainsi des acteurs essentiels dans la recherche et la mise en œuvre de solutions adaptées aux problèmes actuels.

Mourad Allal (L’Éco n°103 / du 01 au 15 janvier 2014)