A l’occasion de la journée par lementaire consacrée à la réalité et aux perspectives des ressources halieutiques, le premier responsable du secteur via son secrétaire général a annoncé que «la priorité sera donnée à l’approvisionnement du marché national»
A l’occasion de la journée par lementaire consacrée à la réalité et aux perspectives des ressources halieutiques, le premier responsable du secteur via son secrétaire général a annoncé que «la priorité sera donnée à l’approvisionnement du marché national» Et cela après avoir vu échapper les bans de thonidés pour la saison prochaine. Pour cela, le ministre se propose de réguler et contrôler l’exportation des produits de la pêche dans un cadre intersectoriel. Une décision qui vient sans doute un peu tard après le scandale des 210 tonnes de thons rouges cédés à des armateurs turc. Scandale qui avait impliqué de hauts responsables du ministère de la Pêche. Selon M. Nadir Bensegni un haut fonctionnaire du département de la pêche, il s’agit là d’»un choix stratégique». Celui-ci sera traduit à travers le programme de réajustement de la politique sectorielle prévue pour 2010-2014. Un programme qui réserve la pêche aux seuls nationaux. Il sera alors, bien plus difficile de mettre un peu plus de produit halieutique dans les assiettes des algériens au regard des techniques et du matériel disponible au niveau national. Le poisson, qui n’est que rarement à la portée des bourses moyennes, risque bel est bien de s’envoler. D’autant plus que, selon les responsables du département de la pêche, « la décision d’injecter 666 unités de pêche en 2010 a été «gelée en attendant les résultats d’une nouvelle campagne d’évaluation de la ressource prévue pour 2011″ avec la réception d’un bateau scientifique». Apparemment, le ministère de la pêche veut se donner le temps nécessaire pour envisager une véritable stratégie. C’est à partir des résultats de la campagne scientifique d’évaluation qu’un véritable plan permettra de déterminer la flottille et l’effectif marin disponibles et à prévoir.
« La décision ministérielle n’a rien à voir avec le stock de poisson » nous dira un investisseur. « L’injection d’une nouvelle flotte aurait permis de rajeunir la flottille composée essentiellement de rafiots âgés de plus de 30 ans pour la plupart. » ajoutera t’il.
La décision d’interdire l’exportation aurait été dictée par l’augmentation de la consommation nationale du poisson qui est passée de 89.000 tonnes en 1999 à 130.000 tonnes en 2009. En fait, cette consommation est insignifiante, à peine 5 kg par habitant, loin des normes de l’OMS qui recommande 6 kg par personne et encore bien plus loin de nos voisins tunisiens qui consomment en moyenne 9 kg par an et par personne. La consommation de thonidés, par exemple, serait de 1 kg pour l’algérien alors que le tunisien en consomme 35kg. Il est vrai aussi que l’Algérie ne possède que deux usines de transformation pour ce poisson, alors que la Tunisie s’enorgueillie de posséder pas moins de 36 unités.
Au regard du patrimoine existant, à savoir 1.280 km de côtes et une superficie maritime de plus de 9 millions d’hectares, dont seulement 2,2 millions sont exploités, tout le monde s’accorde sur au moins une chose : le secteur est sous exploité. L’étude d’évaluation confiée à un bureau d’étude espagnol, en 2003/2004, a quantifiée à 600.000 tonnes la biomasse disponible sur le territoire maritime national.
L’Algérie doit s’astreindre à une limite de réserve pêchable évaluée à environ un tiers, ou 33 %, sur les 600.000 t, soit environ 198.000 tonnes, et permettre aux deux tiers restants de renouveler la ressource halieutique, selon des règles scientifiques universelles. Pour les pouvoirs publics, la hausse de la consommation s’explique aussi par les importations en constante augmentation. L’Algérie a importé 25.000 tonnes en 2009 pour 53,6 millions de dollars, contre 8.000 tonnes à 39 millions de dollars en 2001. C’est d’ailleurs le poisson congelé qui a le plus de succès auprès des ménages tant le produit local est cher. Les responsables du département de la pêche ne prennent pas la peine de nous dire quelle est sa part dans la consommation des ménages.
A l’occasion de cette journée parlementaire, il a été rappelé que les prévisions du secteur pour les 15 prochaines années tablent sur des investissements de l’ordre de 291,6 milliards de DA, dont 264 milliards provenant du secteur privé, alors que le chiffre d’affaires du secteur devrait atteindre 82 milliards de DA à l’horizon 2025. L’exploitation halieutique envisagée se situerait au alentour de 221.000 T/an.
Quant aux exportations, désormais interdites, elles se faisaient essentiellement vers l’Union européenne, où elles sont passées de 1.647 tonnes en 2001- pour une valeur de 5,80 millions de dollars – à 2.124 tonnes en 2009 pour une valeur de 9,6 millions de dollars.
L’aquaculture, une des solutions
L’aquaculture, une option sur laquelle on mise pour répondre aux défis de la sécurité alimentaire. Elle demeure au stade de lancement et l’activité, et fait face à l’absence de structures de production et de financement. Selon Abdelkader Benouni, conseiller auprès du ministre, 22 projets ont été lancés, alors que 450 sites favorables au développement de l’aquaculture d’ici à 2025 ont été identifiés.
Selon ce responsable, «des instruments nécessaires au développement de l’aquaculture industrielle seront mis en place durant les cinq prochaines années». Les intervenants à cette journée parlementaire ont souligné les contraintes qui obstruent l’activité de pêche en Algérie. Citant, entre autres, la pêche illicite de certains produits et durant les périodes de repos biologique. Proposant jusqu’à l’interdiction pure et simple d’interdire la pêche durant cette période moyennant une indemnité pour les pécheurs. Une proposition qui fera réagir un écologiste « Accorder une indemnité aux pécheurs ne protégera pas le poisson, c’est leur intérêt de ne pas pêcher durant cette période et ils devraient s’y engager sur la base d’une chartre déontologique signée par tous, et enseignée dans les écoles professionnels». A l’instar des opérateurs de tous les secteurs d’activité, les gens de la mer demandent également l’effacement des intérêts des crédits octroyés par la BADR dans le cadre de l’ancien plan de soutien à la croissance. D’autres députés ont suggéré la mise en place d’un crédit sans intérêt à l’instar de ce qui se fait dans le secteur de l’agriculture.