Les députés qui se lancent dans la bataille pour remporter les élections en allant à la rencontre des citoyens et en s’intéressant à leurs problèmes finissent, pour certains, par se désintéresser du sort de leurs électeurs auxquels ils promettaient monts et merveilles.
Dans la plupart des cas, après l’élection, les députés ont tendance à fuir leurs permanences –lorsqu’elles existent– dans les circonscriptions qui les ont élus.
Hélas, dans certaines wilayas, les partis politiques n’ont même pas prévu de bureau pour leurs députés où ils doivent recevoir les citoyens et lorsqu’il leur arrive de les recevoir, ils utilisent le bureau régional du parti comme bureau de réception. Pour savoir ce qu’il en est réellement des intentions des députés, une fois élus et des réalisations effectuées lors de leurs précédents mandats, on s’est rapproché de certains partis pour nous expliquer la manière utilisée pour être à l’écoute du citoyen.
Pour le Front de libération nationale (FLN), la création d’une permanence dans les circonscriptions de l’élection de leurs députés est une nécessité. Contacté par nos soins, le porte-parole du FLN nous dira que très peu de députés disposent de leurs permanences et les bureaux régionaux du parti font également office de bureau d’accueil des citoyens. «Les députés utilisent les bureaux du parti pour recevoir les citoyens sauf ceux qui ont des fonctions permanentes au sein de l’Assemblée populaire nationale (APN) et ne peuvent pas déroger à leurs obligations», indique Kassa Aïssi du FLN.
A une question sur la fuite des députés face à ceux qui les ont élus et à l’impossibilité d’établir des lois sans prendre en considération les propositions des citoyens, le porte-parole du FLN nous répondra que le député n’est pas habilité à traiter certaines questions. «Les députés font correctement leur travail, ils soumettent et votent des lois, mais ne sont pas là pour courir après les passeports des citoyens qui désirent partir à La Mecque», réplique-t-il.
Etre à l’écoute des citoyens
S’agissant des sanctions, un vide juridique existe et la loi ne prévoit aucune pénalité pour les députés qui ne tiennent pas leurs engagements.
«Pour les députés qui n’auront pas satisfait leurs électeurs, ils ne seront pas reconduits tout simplement puisqu’on ne votera plus pour eux», nous dira le représentant du FLN. Pour le Front national algérien (FNA) de Moussa Touati, la mise en place de permanences dans les wilayas représentées par les députés de partis, cela dépend des moyens financiers de la formation.
«Nous répondons à la demande des citoyens dans la mesure du possible et nous tentons de régler leurs préoccupations lorsqu’on en a les dispositions», dira Abdelkader Aboudjouras, porte-parole du FNA. Pour ce dernier, «régler les problèmes de logements des citoyens et leurs quêtes de travail, c’est-à-dire des problèmes récurrents, dépasse les prérogatives des députés. La politique du logement et du chômage est une politique nationale qui nécessite un déploiement massif des pouvoirs publics et un député n’est pas en mesure de régler ces questions», précise-t-il.
Le parti du FNA, par le biais de son porte-parole, soulève également une question importante sur le fait que l’essentiel n’est pas dans la compétence des députés mais plutôt l’élaboration de programmes politiques à même de résoudre les difficultés des citoyens. «Nous avons 11 permanences sur les 48 wilayas, nous faisons de notre mieux. Maintenant, il faudrait revoir les programmes des partis pour leur donner plus de crédibilité», propose-t-il.
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), donnera, quant à lui, des exemples d’intervention au sein de la population pour résoudre les difficultés des habitants de certaines wilayas. «Nous sommes intervenus à maintes reprises pour des affaires de logements, de chômage, d’inscriptions scolaires…», nous dira le chargé de communication du RCD, Maître Hakim Souheb. Il nous parlera aussi de cas de citoyens qui ont fait appel à eux dans des wilayas où ils n’étaient pas élus et dans lesquelles ils n’ont pas hésité à intervenir.
Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), quant à lui, affirme avoir des permanences dans la majorité des wilayas et même deux permanences dans certaines. «Nous recevions les citoyens tous les jours et même si le député n’était pas présent lui-même pour recevoir les citoyens, une personne était déléguée pour prendre la relève», nous dira Kamel Mida, chargé de communication du MSP.
Le Parti des Travailleurs de Louisa Hanoune se dit ne pas avoir les moyens d’installer des permanences dans toutes les wilayas, cependant, ils reçoivent les citoyens dans leurs bureaux régionaux. «Nous avons assisté des citoyens en détresse, relevé leurs requêtes que nous avons soulevées lors de séances plénières de l’APN», nous dira Ramdane Youcef Tazibt. En ce qui concerne les journées de réception, il nous dira qu’il ne s’agit pas d’une administration et que les députés étaient à l’écoute des citoyens à chaque fois qu’ils faisaient appel à eux.
Cylia Lateb