Il s’agit d’un autre rapport établi par un pays en fonction de ses propres intérêts et non par une organisation indépendante.
Après un léger répit, le dernier rapport Spécial 301 du département du commerce extérieur américain publié la semaine dernière a réservé à l’Algérie une bonne place parmi les pays qui ne respectent pas les droits de propriété intellectuelle. L’Algérie figure selon le rapport, sur «la liste de surveillance prioritaire des Etats-Unis». Il s’agit là d’un autre rapport qui ne fait pas les yeux doux à l’Algérie.
Toutefois, ce document est un classement établi par un seul pays (USA), et non pas d’un organisme indépendant. Sachant que les Etats-Unis vont dans le sens de leurs intérêts. L’Algérie n’est certes pas au top dans ce domaine, mais fournit néanmoins des efforts considérables dans l’optique de réduire ces agissements de piratage. En outre, l’Algérie est en passe d’intégrer l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et sa candidature, selon les responsables de ce secteur «avance dans le bon sens», et le dossier algérien n’a jamais été rejeté.
En effet, l’Algérie occupe une place au premier rang dans le rapport du département du Commerce extérieur US, dans lequel sont épinglés les pays jugés laxistes en matière de protection des droits de propriété intellectuelle. Sur la liste dressée des dix pays à surveiller prioritairement «priority watch-list» figurent: la Chine, l’Inde, la Russie, l’Algérie, l’Argentine, le Chili, l’Indonésie, le Pakistan, la Thaïlande et le Venezuela. Aux côtés de ces Etats, sont également pointés du doigt 27 autres pays répertoriés sur une «watch-list» secondaire, parmi lesquels figurent: le Brésil, l’Egypte, le Mexique et la Turquie. Le rapport indique que «l’Algérie reste sur la liste de surveillance prioritaire en 2014».
Mais se félicite toutefois du «travail intensif de l’Algérie dans le domaine de la sensibilisation de la propriété intellectuelle et son adhésion aux traités Internet de l’Ompi (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle)». Le document «américain» a également souligné son attente à ce que des résultats concrets soient réalisés dans ce registre, exhortant l’Algérie dans le cadre de son adhésion à l’OMC d’éliminer l’obstacle de l’accès au marché. Cependant, il faut dire que l’Algérie est devenue un pays où le piratage informatique est devenu un «business» en plein essor, et cela en dépit des mesures et actions des autorités visant à éradiquer ce phénomène. Tout y passe: logiciels, albums de musique, films, chaînes télés.
Désormais, aucune barrière ne semble résister à ces génies de l’informatique. Pour prendre conscience de l’ampleur et l’impact du piratage en Algérie, les bilans des autorités sont nécessaires. Durant le premier trimestre de l’année en cours, pas moins de 264.000 supports contrefaits ont été saisis par la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn). Aussi, d’après les résultats de l’étude menée en 2011 par la Business Software Alliance (BSA) concernant le piratage mondial des logiciels, le taux de piratage en Algérie serait de 84%, soit une perte financière estimée à 83 millions de dollars.
Ainsi, sur 100 programmes installés par les utilisateurs, 84% l’auraient été sans aucune licence. Récemment, plus d’un million et demi de supports illicites contenant des oeuvres piratées ont été détruits à coups de bulldozer. La démocratisation de l’Internet a fortement contribué malgré elle à développer le piratage. En d’autres termes, la disponibilité généralisée des technologies et à un prix modique a permis aux hackers de télécharger illégalement et d’en reproduire des versions pirates. Les hackers n’investissent pas des sommes conséquentes pour financer leur activité et inondent par la suite le marché via de puissants réseaux de distribution.
Ceux qui sont largement pénalisés par le piratage ne sont autres que les artistes, auteurs et intellectuels qui voient leurs oeuvres vendues à 100 DA, ce qui est logiquement rentable pour les citoyens dont le pouvoir d’achat est moyen. En 2011, les redevances perçues par l’Office national du droit d’auteur (Onda) au titre des droits d’enregistrement et de reproduction ont été de 36% inférieurs aux montants reçus en 2008. Décidément, l’un des plus gros défis auquel l’Algérie fait face, est sans nul doute celui de l’économie du savoir. Une économie numérique qui repose sur l’industrie du logiciel, et qui connaît des difficultés à se lancer. Pour faire face à ce défi, les autorités ont déclaré la guerre aux hackers.
Plusieurs traités et conventions ont été signés. A l’instar de l’accord signé en 2012 entre l’Onda et la Dgsn. Celui de l’Onda et la Gendarmerie nationale. Ainsi que le mémorandum signé entre l’Onda et Microsoft Algérie.