C’est dans un message écrit à l’occasion de la célébration du 10e anniversaire de l’adoption de la charte pour la réconciliation nationale que le Président Bouteflika a rappelé à l’ordre certains bénéficiaires des dispositions de la concorde civile en allusion nà l’ex-chef de l’AIS, Madani Mezrag, qui avait annoncé récemment la création de son parti malgré son interdiction par les lois.
«Nous réitérons que les choix du peuple souverain consignés dans la loi portant concorde civile ainsi que dans la charte pour la paix et la réconciliation nationale, seront intégralement respectés et préservés, sans concession aucune», a affirmé le chef de l’Etat dans un message à l’occasion du 10e anniversaire de l’adoption de la charte pour la paix et la réconciliation nationale.
Dans ce cadre, il a rappelé à l’ordre certains bénéficiaires des dispositions de la concorde civile. «Nous relevons aujourd’hui des propos et des actes inappropriés de la part de certains bénéficiaires des dispositions de la concorde civile, que nous préférons qualifier d’égarements, mais face auxquels nous tenons à rappeler les limites qui doivent être respectées et sur lesquelles l’Etat sera intransigeant», a-t-il affirmé.
Il y a dix ans, la charte pour la paix et la réconciliation nationale est entrée en vigueur et parmi sa disposition l’interdiction d’activité politique pour ceux impliqués dans la tragédie nationale. Une interdiction confirmée dans l’article de la loi sur les partis politiques.

Cependant, toutes ses dispositions n’ont pas empêché l’ex-chef de l’AIS, branche armée du Fis dissous, Madani Mezrag, qui a participé à la trêve de 1997 et a bénéficié des dispositions de la concorde civile d’annoncer la création d’un parti politique.
Une annonce qui a suscité une polémique et une crainte chez certaines parties. L’ex-chef terroriste qui a été reçu à la Présidence de la République en juin 2014 dans le cadre des consultations sur la révision de la Constitution croyait pouvoir créer une formation politique.
Dans les réactions officielles, c’est le Premier ministre, Abdelmalek Sellal et le chef de cabinet de la présidence de la République et secrétaire général par intérim du RND, Ahmed Ouyahia, qui ont dit non à Mezrag. Et maintenant c’est le président de la République qui rappelle à l’homme ses limites.
Préserver la réconciliation de toute exploitation politicienne Par ailleurs, le président Bouteflika a appelé le peuple algérien à préserver la réconciliation nationale «de toute altération, de toute exploitation politicienne et de toute surenchère, au service de notre unité nationale et de la stabilité de l’Algérie».
«C’est grâce à cette unité et à cette stabilité nationale que nous poursuivrons ensemble, avec l’aide de Dieu, la modernisation de nos institutions démocratiques, la construction d’une économie plus forte, libérée de la dépendance des seuls hydrocarbures, ainsi que toutes les réformes et engagements autour desquels vous m’avez renouvelé votre confiance l’année dernière», a ajouté le président de la République.
Evoquant les acquis enregistrés à la faveur de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, le chef de l’Etat a affirmé que «tout ce qui a pu être accompli à l’ombre de la concorde civile, de la paix et de la réconciliation nationale, constitue une somme d’acquis pour lesquels nous remercions Allah et sur lesquels nous pouvons continuer à bâtir davantage et à avancer plus loin encore».
Les portes restent ouvertes pour les égarés Enfin, le président a renouvelé, lundi à Alger, son appel aux égarés qui voudront se ressaisir et abandonner la voie du crime, pour bénéficier des dispositions de la charte pour la paix. «Je renouvelle cet appel au nom d’un Etat fort et au nom du peuple, car nous sommes une communauté de croyants», a affirmé le chef de l’Etat.
A cette occasion, il a salué le courage, la bravoure et l’abnégation des éléments de l’Armée Nationale Populaire et des services de sécurité qui «poursuivent au quotidien la lutte contre le terrorisme et veillent à la protection des personnes et des biens», a-t-il rappelé.
Il a estimé que c’est également grâce au «net recul» de la menace terroriste à travers le pays que l’Armée Nationale Populaire a pu «désengager une partie de ses moyens de la lutte contre ces criminels, pour les mobiliser aujourd’hui, sur nos frontières terrestres, face aux turbulences graves qui secouent certains Etats voisins, garantissant ainsi la préservation de l’intégrité, de la sécurité et l’inviolabilité du territoire national».
Citant l’actualité régionale «lourde de troubles ciblant singulièrement des pays arabes et musulmans comme s’il s’agissait de détruire leur civilisation, leur potentiel et même d’annihiler leur existence», il a souligné que «tout cela nous inquiète légitimement mais invite aussi à préserver la paix civile qui n’est pas un programme politique, mais bien un enjeu national pour l’Algérie, notre patrie à la place de laquelle nul n’a une autre de rechange».
Le président Bouteflika estime que la «réunification de nos rangs», conséquente à la charte citée, a été «le meilleur rempart» de l’Algérie face aux manœuvres et aux complots qui nous ont également ciblés au nom du «Printemps arabe».
N. C.