Résistance sauvage !

Résistance sauvage !

Omar : tu vas à la lecture sauvage du premier novembre au Salon du livre ?

Mouloud : ils ont des problèmes avec les lectures autorisées ces gens ou quoi ? Pourquoi sauvage à chaque fois !?

Omar : ben parce que l’État interdit ce genre de manifestations où l’on lit des livres censurés.

Mouloud : ah bon, ce n’est pas parce qu’ils veulent absolument se faire molester par les flics ? En plus une petite photo souvenir avec la police comme signe de résistance ça fait crédible sur un CV.

Omar : ben ils font chier le pouvoir à leur façon, c’est une manière comme une autre de montrer qu’ils sont là et qu’ils résistent sans oublier l’impacte médiatique.

Mouloud : comme impacte médiatique, moi je leur propose une lecture sauvage des textes de Michael Jackson à la sortie du cinéma Cosmos, y’a la diffusion des dernières images de sa vie. Y’aura sûrement du monde. Bon pour la photo choc avec des casques bleus je garantis rien, mais y’aura une belle brochette d’ados boutonneux avec des gants à paillettes.

Omar : tu tournes tout en dérision, tu crois que tout le monde pense à son image et qu’il ne fait rien pour bouger les choses, ce n’est pas juste des intellectuels qui se retrouvent dans une brasserie à Didouche à refaire le monde.

Mouloud : non je n’ai jamais dit ça. C’est très réducteur… y’en a aussi qui refont le monde depuis Saint Germain des Prés.

Omar : bon tu me saoules ! Tu viens le premier ou pas ?

Mouloud : le premier c’est férié non ? Je fais sortir ma bonne femme, on va faire un tour au parc zoologique, on va regarder des singes se renifler le cul, ça nous fait beaucoup rire. Et toi tu vas y aller ?

Omar : moi ! T’es fou ! J’ai pas envie de me faire remarquer par la DRS et autres porte-flingue, je vais plutôt à la conférence organisée par le quotidien El Moudjahid.

Mouloud : en mémoire du premier novembre 54 ?

Omar : non, c’est pour débattre de la nouvelle loi de finances et de la taxe sur les véhicules neufs.

Mouloud : ouais, bon tu m’diras, en 55 ans les priorités changent, mais pas les nécessités.