Au ministère de la Santé qui autorise les gestionnaires des structures de santé de réquisitionner les médecins résidents, le Collectif autonome les représentant répond que les résidents étaient encore en formation et que conformément au statut qui les régit, la loi 92-02, relative à la prévention et au règlement des conflits, ils ne peuvent être traités comme des salariés.
Nawal Imès – Alger (Le Soir) – La décision prise par le Camra d’arrêter dès demain toute activité de garde pousse le ministère de la Santé à prendre des mesures dans l’urgence. Dans une correspondance adressée aux directeurs de la santé des 48 wilayas, le département de Mokhtar Hasbellaoui les informe qu’ils peuvent désormais avoir «recours aux réquisitions des médecins résidents» pour «garantir la continuité des soins et la prise en charge des malades».
Dans ladite note, il est écrit qu’«il appartient aussi aux directeurs de santé et de la population de wilaya et les chefs des établissements d’étudier toutes les voies et moyens en concertation avec les conseils scientifiques ou médicaux et les représentants des syndicats, pour la prise en charge des malades et la continuité du service public. Toute difficulté rencontrée devra être signalée à mes services».
Une décision qui n’a pas laissé indifférents les représentants des médecins résidents en grève. En réaction, le Camra rappelle au ministère de la Santé que la réquisition ne peut leur être appliquée en raison de leur statut. Le Camra considère, en effet, que conformément au statut du résident, aucune disposition de la loi régissant les conflits sociaux ne peut leur être appliquée.
Ces dispositions, estime le Camra, ne peuvent être appliquées qu’aux seuls travailleurs. Les résidents rappellent au ministère de la Santé qu’ils sont encore étudiants en postgraduation et qu’ils ne pouvaient à eux seuls assumer toutes les responsabilités qu’exige le travail en milieu hospitalier.
Le Camra estime donc «nul» l’argumentaire juridique auquel a eu recours la tutelle pour contraindre les résidents à reprendre le travail. Ces derniers ont décidé de suspendre les activités de garde dès demain.
Une mesure de durcissement que le Collectif explique par l’absence d’un dialogue sérieux et par les «atermoiements» de la tutelle qui, six mois après le début du mouvement, n’a toujours pas proposé de solutions permettant de mettre un terme au conflit qui s’enlise. Face à la paralysie des structures hospitalières, certains directeurs avaient déjà commencé à exiger des internes et des généralistes plus de tâches. Ces derniers sont montés au créneau, menaçant eux aussi de recourir à des actions de protestation, signe d’un pourrissement rarement égalé dans le secteur.
N. I.