Un haut responsable du département d’État qui accompagnait la délégation conduite par Hillary Clinton, qui s’est rendue à Alger le 29 octobre, a fait le point des relations algéro-américaines. Dans l’avion en route sur Alger, il a livré la vision US de l’Algérie.
Les attentats du 11 Septembre 2001 ont été cette raison ou cette cause, appelons la comme on veut, à l’origine du dégel des relations entre les deux pays. Le porte-parole du département d’État le confirme. “Nous avons eu une relation difficile avec l’Algérie au cours de la décennie noire, comme ils l’appellent, mais après le 11 septembre 2001, les Algériens ont décidé de travailler avec nous sur la lutte antiterroriste.
Et c’est sur cette base-là que nous avons pu élargir nos relations bilatérales.” En évoquant les réformes politiques, le responsable souligne que “l’Algérie a pris de l’avance sur le Printemps arabe en annulant l’ordonnance portant sur l’état d’urgence en 2011 comme ils ont élargi à hauteur de 30% la représentation de la femme dans les assemblées élues et éliminé un grand nombre des restrictions sur les médias audiovisuels.” Pour le porte-parole du département d’État, le gouvernement algérien a également pris les devants en augmentant les salaires des fonctionnaires de façon substantielle dès lors que le secteur public absorbe 30% de l’emploi en Algérie.
Sur le plan économique, les Américains considèrent que “l’Algérie est un pays riche avec d’énormes réserves en gaz, c’est l’une des plus grandes réserves de gaz au monde”. Mais le porte-parole du département d’État estime qu’il existe un problème qu’il qualifie de “déséquilibre” de l’économie algérienne. “C’est une économie étatiste, elle est déséquilibrée en termes de son chiffre d’affaires. Environ 60% des recettes budgétaires proviennent des hydrocarbures.
Donc, il y a beaucoup de choses à faire en termes d’ouverture de l’économie aux investissements directs étrangers. Ce qui pourrait apporter des solutions au problème du chômage et offrir des opportunités d’emploi aux jeunes.” Pour le porte-parole du département d’État, “si le taux de chômage est officiellement de 10%, nous pensons que le taux de chômage effectif est de 20 à 25% pour les jeunes. Environ 70% de la population a moins de 25 ans”. “Ainsi, une des grandes questions, bien sûr, a été le chômage”, a ajouté le porte-parole.
Sur le plan du business, le responsable a évoqué le contrat conclu par General Electric d’un montant de 2,5 milliards de dollars pour les turbines à gaz.
“C’est juste un petit morceau”, a-t-il indiqué, rappelant que GE était en concurrence avec Siemens. Dans le domaine de l’éducation, il est question du développement de l’enseignement de l’anglais en Algérie. Sur le plan de la sécurité régionale et notamment l’intervention militaire au Mali, autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU le 12 octobre dernier, le responsable US estime que “l’Algérie est l’État le plus puissant du Sahel, il est un partenaire essentiel dans la lutte contre le terrorisme et contre Aqmi qui s’est déplacé au nord du Mali”. Tout en reconnaissant à l’Algérie son expérience dans sa lutte contre la violence islamiste et son refus de payer les rançons pour libérer les otages détenus par les groupes armés et sa profonde connaissance de la région sahélienne, le responsable US considère l’Algérie comme “un élément central de la solution” qui pourrait être envisagée pour déloger les terroristes du nord du Mali qu’ils occupent depuis le 22 mars dernier.
“Nous soutenons la démarche de la Cédéao et les efforts de la communauté internationale. Mais, je ne veux pas préjuger de ce que les Algériens font, pendant longtemps ils ont travaillé à renforcer la coopération régionale avec plusieurs partenaires. Ils ont créé le Semoc à Tamanrasset. Il s’agit d’un centre de fusion du renseignement que nous voyons déjà opérationnel et qui sera de plus en plus productif”, a-t-il estimé.
Pour le responsable US, il s’agit de savoir comment se fera la coopération de l’Algérie avec la Cédéao tout en soutenant que l’Algérie est partante pour le rétablissement de l’ordre institutionnel et démocratique au Mali en privilégiant le multilatéralisme. Interrogé sur le rôle de l’Algérie dans le processus de stabilisation de la Libye, le porte-parole a répondu que le plus gros souci pour Alger est le contrôle du flux des armes qui ne doit pas aller au-delà des frontières libyennes. “Évidemment, lorsqu’il y aura un gouvernement à qui parler en Libye, je suis sur que les Algériens seront de la partie pour sécuriser les frontières pour le bien de tous.”
S T