Les réserves de changes s’effritent comme une peau de chagrin
La réalité amère que vient de rappeler cette crise est que l’Algérie est un pays d’une extrême vulnérabilité qui a vécu d’une illusion de richesse.
Ce début de l’année 2015, ne réussit pas très bien à l’Algérie où les mauvaises nouvelles arrivent en escadrille. Le premier événement choc est cette terrible dégringolade des prix du baril de pétrole! Aucun expert n’a osé avancer un tel niveau de prix qui ont plongé depuis, hier, sous le seuil des 45 dollars avant de se reprendre, plombés par de nouveaux commentaires de pays membres de l’Opep. Il s’agit du plus bas niveau depuis le mois de mars 2009. Ce plongeon abyssal, entraîne les pays qui tirent l’essentiel de leurs rentrées en devises du baril comme l’Algérie, dans un tourbillon d’angoisse et d’inquiétude. Il ne peut en être autrement pour l’Algérie qui se trouve victime collatérale de cette guerre pétrolière menée par les Américains pour faire plier la Russie et l’Iran. Et on est à la deuxième mauvaise nouvelle, celle des réserves de changes qui s’effritent. Selon les chiffres rendus publics par la Banque d’Algérie, le matelas financier est en six mois passé de 195 milliards de dollars à 185,27 milliards de dollars, soit 10 milliards de dollars de pertes en six mois. Terrible nouvelle qui déstabilise les officiels du pays confortablement installés jusque-là dans leurs certitudes et nous rassurer que la crise ne nous touchera pas.
Nos responsables- avertis- poussent le burlesque jusqu’à nous apprendre que cette crise est une aubaine pour relancer la machine industrielle, la production nationale et faire redécouvrir le goût du travail aux Algériens. On se demande par quels tours de magie vont-ils réaliser ce challenge qu’ils ont lamentablement raté en dix années d’opulence. Mais il semblerait que les couleuvres ont meilleur goût en période de disette. Nos responsables tentent de nous convaincre que le pays retrouvera son dynamisme économique au moment où le simple citoyen prie chaque matin qu’on ne touchera pas au prix de la baguette, à celui du sachet de lait, qu’on ne revienne pas au plan d’ajustement du FMI, à la fermeture d’entreprises, car pour les recrutements… c’est déjà du passé… Le spectre des années 1990 est bien là. A deux reprises, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, est monté au créneau pour crier au danger qui menace les avoirs du pays. La première était déjà en août dernier à la publication de la note de conjoncture de la Banque d’Algérie pour le premier trimestre 2014. Encore cette semaine, M.Laksaci a transmis un message aux députés faisant part

de ses inquiétudes. L’Algérie consomme plus qu’elle ne produit, et cela a toujours été le cas. Pas moins de 29,83 milliards de dollars d’importations au mois de juin 2014.La troisième mauvaise nouvelle est ces chiffres avancés par l’Office national des statistiques (ONS). Selon le rapport publié par l’ONS, le taux de chômage en Algérie en septembre 2014 était de 10,6%, soit une hausse de 0,8 point en comparaison avec le taux d’avril 2014 (9,8%). Encore que la réalité des chiffres sur le chômage est très aléatoire en Algérie où le marché de l’informel constitue une grande partie de notre économie. La réalité amère que vient de rappeler cette crise est que l’Algérie est un pays d’une extrême vulnérabilité, qui a vécu d’une illusion de richesse. Plus de quarante ans après la première crise pétrolière, le sort du pays est intimement lié au baril. Une lisaison qui s’est avérée très dangereuse pour le pays. Quarante ans après le premier choc pétrolier, l’Algérie ne dispose toujours pas d’institutions politiques susceptibles d’exercer un contrôle sur les usages de la rente pétrolière. Au-delà de la Cour des comptes, de l’Inspection générale des finances et du Parlement En 2008, la Sonatrach s’est imposée comme la plus grande et la plus lucrative compagnie pétrolière du continent africain. En mai de cette même année, l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil, annonçait qu’elle investirait dans les années à venir 45 milliards de dollars pour atteindre les 2 millions de barils/jour et les 85 millions de mètres cubes de gaz. La Sonatrach est à nouveau la locomotive d’une économie qui peine à se diversifier. Aujourd’hui, la même entreprise promet d’investir 70 milliards de dollars… et la noria continue de tourner.