Réserves de change et fonds de régulation des recettes, Les capacités financières algériennes s’amenuisent

Réserves de change et fonds de régulation des recettes, Les capacités financières algériennes s’amenuisent

Longtemps considérée comme une économie aux indicateurs macroéconomiques au vert, l’Algérie devra reconstituer son matelas financier qui commence à se ramollir sous l’effet de la hausse conjuguée des dépenses, des importations et des transferts sociaux d’une part et la diminution des revenus pétroliers d’autre part.

Avec la chute des prix du pĂ©trole, un pays mono-exportateur d’hydrocarbures, comme l’AlgĂ©rie, aura du mal Ă  assurer la viabilitĂ© Ă  long terme de sa situation budgĂ©taire. Les dĂ©ficits en tout genre vont ainsi se creuser et le programme d’investissements publics devrait d’être repensĂ© avec une nouvelle vision plus rationnelle en recourant bien Ă©videmment Ă  l’annulation de certains projets.

Ce scénario que les pouvoirs publics tendent à écarter est pourtant probant au regard des tendances monétaires et financières établies au 1er semestre 2014 par la Banque d’Algérie. La sonnette d’alarme tirée à maintes reprises par les experts devra retentir encore une fois pour éviter les contrecoups d’une conjoncture qui s’annonce très difficile pour un pays qui s’apprête à lancer un programme de développement de 262,5 milliards de dollars, un pays confronté à des tensions déjà fortes sur le plan social et exposé à des dangers sécuritaires tout au long de ses frontières Sud et Sud-Est.

Ce n’est pas tout. L’AlgĂ©rie, dont le secteur industriel public est en phase de restructuration, une agriculture qui ne suit pas le rythme effrĂ©nĂ© de la consommation, un tourisme qui peine Ă  dĂ©coller et un secteur privĂ© qui continue Ă  participer en tant qu’opĂ©rateur mineur dans la croissance, devra aller chercher d’autres alternatives et explorer de nouvelles pistes afin de faire face Ă  l’amenuisement de ses ressources financières et l’accroissement de ses besoins.

Une situation inquiétante qui a été clairement exposée par la Banque d’Algérie. Selon cette institution, les réserves officielles de change se sont contractées à 193,269 milliards de dollars à fin juin 2014, après une progression au second semestre 2013 à 194 milliards de dollars en fin de période. Corrélativement à l’effet de valorisation, l’encours des réserves de change (or non compris) a progressé à 194,961 milliards de dollars à fin mars 2014, pour ensuite se contracter au second trimestre 2014. Toutefois, la BA estime que ce niveau reste adéquat pour permettre à l’Algérie de faire face à une persistance du choc sur la balance des paiements extérieurs pour le reste de l’année ou au-delà, mais il n’en demeure pas moins que la position financière extérieure risque d’être affectée davantage par un prix du baril à tendance baissière. L’or noir est descendu sous la barre des 80 dollars, son plus bas niveau depuis 2010, tandis que la production nationale des hydrocarbures continue son déclin.

Cette conjoncture a eu un impact direct sur le Fonds de rĂ©gulation des recettes, dans la mesure oĂą celui-ci est alimentĂ© par la fiscalitĂ© pĂ©trolière non budgĂ©tisĂ©e. Chose qui n’a pas Ă©tĂ© faite lors des quatre premiers mois de l’annĂ©e en cours. Et Ă  fin juin 2014, l’encours du FFR a baissĂ© Ă  4773,51 milliards de dinars, contre 5238,80 milliards de dinars Ă  fin 2013. « Cette contraction est liĂ©e Ă  la forte augmentation des dĂ©caissements au titre des dĂ©penses d’équipements par rapport au premier semestre 2013, en situation de poursuite de la progression des dĂ©penses courantes », expliquent les experts de la Banque d’AlgĂ©rie.

Par ailleurs, la note de conjoncture montre que le déficit du compte courant de la balance des paiements s’est aggravé. Il est passé de 350 millions de dollars au premier semestre 2013 à 2,3 milliards de dollars au premier semestre de 2014, sous l’effet de la contraction de l’excédent du solde commercial qui a dépassé 911 millions de dollars. Un autre indicateur qui montre la fragilité de l’économie nationale et sa sensibilité à tout changement de conjoncture sur le plan international.

H.Mohandi