Réserves de change de l’Algérie : Petit cours d’économie du ministre des Finances

Réserves de change de l’Algérie : Petit cours d’économie du ministre des Finances

Petite leçon de pédagogie autour des reverses de changes de l’Algérie. Le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, s’est livré samedi 13 août à un petit exercice pédagogique autour des placements financiers de l’Algérie à l’étranger. Selon le ministre, l’Algérie ne court aucun risque concernant ces placements.

« Nos placements sont sécurisés sur trois plans : leur capital est garanti, ils sont couverts contre les risques de change et ils sont liquides, c’est-à-dire que nous pouvons les retirer à tout moment », a indiqué M. Djoudi dans un entretien accordé à l’agence officielle APS.

L’explication de l’argentier du pays intervient comme une mise au point aux diverses spéculations autour des réserves de change de l’Algérie dans la foulée de la crise financière internationale.

Placements en bons de trésor aux Etats-Unis

LG Algérie

Diverses voies se sont élevées dans les médias algériens quant aux risques supposés encourus par la décision des autorités algériennes de placer en bons de trésor, une partie de ces réserves de change à l’étranger, notamment aux Etats-Unis.

Pour assurer une sécurisation « maximale » de ses réserves de change, gérées par la Banque d’Algérie, l’Etat algérien a « choisi » d’en placer une partie comme des « valeurs d’Etat sur des risques souverains, dont le risque est très limité puisqu’il s’agit de la disparition de l’Etat lui-même », a expliqué le ministre des Finances.

L’Algérie avait trois choix

Selon ce dernier, l’Algérie avait, en fait, trois choix à faire pour gérer ses réserves de change.

Première possibilité : allez sur des actifs financiers privés caractérisés par un couple risque/rendement « très important », mais « ça reste un choix spéculatif et quand nous avons la responsabilité de gérer l’argent de la collectivité nationale, on ne spécule pas », a-t-il dit.

La deuxième est d’aller déposer son argent dans des banques, qui ne sont pas à l’abri du risque de faillite. Déposer ses réserves (de change) en valeurs d’Etat était donc « le meilleur choix pour l’Algérie », a-t-il soutenu.

Quant à la protection contre les risques de change, elle est assurée, a-t-il ajouté, grâce à une répartition équitable des réserves en dollars et en euros. Ainsi, une baisse de l’euro pourra être compensée par une hausse du dollar et inversement, a-t-il poursuivi.

Confusion

Revenant sur la « confusion » qui prévaut parfois à propos de la notion des réserves de change, M. Djoudi a rappelé qu’elles ne sont qu’une « contrepartie de la masse monétaire, transformée en dinars ».

« Chaque fois qu’un dollar rentre dans l’économie nationale, il est transformé en dinar. Une partie est destinée à la fiscalité d’Etat afin de couvrir les projets d’équipements publics, les dépenses de fonctionnement et les transferts sociaux, alors que l’autre partie est déposée dans les banques », a-t-il précisé.

Ce qu’il faut comprendre, conclut M. Djoudi, c’est que toute la dépense qui va à la collectivité nationale, entreprises et ménages, résulte de la transformation des réserves de change en dinars et dont 40 milliards de dollars vont annuellement aux importations.

Le ministre n’a cependant pas avancé le montant de ces placements, précisant seulement que leur taux d’intérêt était de 3%, ce qui couvre, a-t-il estimé, « largement » l’inflation actuelle.

Selon divers comptes rendus de presse, le montant de ces réserves est de l’ordre de 173, 63 milliards de dollars à la date du 27 juillet dernier. Cependant, ce chiffre est sujet à caution dans la mesure où, à en croire des sources internes à la Banque d’Algérie, le montant de ces réserves était de 160 milliards de dollars à la mi-juillet 2011