Les réserves de change de l’Algérie se sont établies à 97,3 milliards de dollars à la fin décembre 2017, a indiqué lundi le Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal.
Les réserves de change étaient à 114,1 milliards de dollars à la fin décembre 2016, ce qui donne une baisse du matelas de devises de l’ordre de 16,8 milliards de dollars (mds usd) entre fin décembre 2016 et fin décembre 2017, a précisé M. Loukal lors de la présentation en plénière de la situation financière et économique du pays devant l’Assemblée populaire nationale (APN).
Pour rappel, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, avait indiqué en octobre dernier que les réserves de change devraient s’établir à 85,2 mds usd à fin 2018 (l’équivalent de 18,8 mois d’importations), et à 79,7 mds usd en 2019 (18,4 mois d’importations) avant d’atteindre 76,2 mds usd en 2020 (17,8 mois d’importations).
La croissance économique a atteint 2,2%
L’économie algérienne a réalisé une croissance de 2,2% en 2017 (contre 3,3% en 2016) en dépit d’un recul important de la cadence de croissance du secteur des hydrocarbures, a fait savoir le Gouverneur de la Banque d’Algérie (BA) Mohamed Loukal.
« Nous avons enregistré une croissance économique de 2,2% en 2017 en dépit d’un fort recul de la cadence de croissance des hydrocarbures », a précisé M. Loukal lors d’une séance plénière à l’APN présidée par Said Bouhadja, président de l’Assemblée, consacrée à la présentation du rapport des évolutions financières et monétaires en 2016 et en 2017.
Le déficit global de la balance des paiements a été quant à lui de 23,3 milliards de dollars (mds usd) en 2017 contre 26,3 mds usd en 2016, selon lui.
Les réserves du change du pays ont reculé de 16,8 mds usd en 2017 passant de 114,4 mds usd à fin 2016 à 97,3 mds usd à la fin 2017, a-t-il indiqué.
Les exportations des hydrocarbures ont reculé en volume après une hausse de 10,8% en 2016 alors que leur valeur a progressé à 31,6 mds usd à la fin 2017 contre 27,9 mds usd en 2016.
Les exportations hors hydrocarbures ont, de leur côté, reculé à 1,3 md usd contre 1,4 md usd en 2016.
Le total des exportations a ainsi atteint 32,9 mds usd en 2017 contre 29,3 mds usd en 2016.
Les importations ont de leur côté poursuivi leur baisse passant à 48,7 mds usd en 2017 contre 49,7 mds usd en 2016.
A la fin septembre 2017, les recettes budgétaires effectives ont été de 4.740 milliards de DA contre 3.606 mds de DA en septembre 2016, soit une hausse de 21,5%.
Les dépenses budgétaires sont restées quasi-stables à 5.535 mds de DA à septembre 2017. Ainsi, le déficit budgétaire a fortement reculé à 795 mds de DA durant les premiers mois de 2017 contre un déficit budgétaire de 1.567 mds de DA à la même période en 2016, selon le Gouverneur de la BA.
La valeur du dinar a reculé de plus de 15% par rapport à l’euro en 2017
Le taux de change de la monnaie nationale a reculé de 15,36 % par rapport à la monnaie européenne (euro) en 2017 contre une croissance de 0,59% en 2016, a indiqué le Gouverneur de la Banque d’Algérie.
« En réalité, ce n’est pas la valeur du dinar qui a baissé mais c’est l’euro qui a fortement progressé face au dollar en 2017 », a-t-il expliqué devant l’Assemblée populaire nationale.
Après une certaine stabilité du taux de change du dinar par rapport à l’euro et au dollar durant les neuf premiers mois de 2017, ce taux de change a reculé de 4,74% face au dollar et de 7,69% face à l’euro entre juin et septembre 2017.
Evoquant les réserves de changes qui ont reculé de 16,8 milliards (mds) de dollars en 2017 passant de 114,1 mds de dollars à fin 2016 à 97,3 mds de dollars à fin 2017, M. Loukal a expliqué cette baisse par à une « baisse effective de la balance des paiements » mais aussi par « les variations des taux de change du dollar et de l’euro »
Cette baisse des réserves « réduit la marge de résistance aux chocs externes et rend nécessaire une consolidation des efforts pour accroître l’offre locale » , a-t-il averti.
Hausse de plus de 12 % des crédits à l’économie en 2017
Les crédits à l’économie ont progressé de 12,3 % en 2017 par rapport à 2016, passant à 8.883 milliards de DA, a révélé le Gouverneur de la Banque d’Algérie (BA).
Ce montant représente une hausse de 973 milliards (mds) de DA par rapport à l’encours des crédits à fin 2016, a-t-il précisé lors de la présentation du rapport sur les évolutions financières et monétaires en 2016 et en 2017 à l’Assemblée populaire nationale .
Les crédits accordés au secteur public ont représenté 48,6% du total des crédits accordés avec un encours de 4.237,4 mds de DA (+7,22%) tandis que 51,4% de ces crédits ont été alloués au secteur privé (4.426,3 mds de DA, +11,86%) et dont 7,4% accordés aux ménages.
Il a noté que 74,5% des crédits accordés sont des crédits à moyen ou à long terme.
Le financement non conventionnel a fait augmenter la liquidité bancaire
Evoquant le niveau de la liquidité bancaire, qui a reculé de 821 mds de DA à fin 2016 à 512 mds de DA à la fin septembre 2017, M. Loukal a souligné que cette liquidité a augmenté durant le dernier trimestre de l’année pour atteindre 1.400 mds de DA à fin 2017.
Il a rappelé, d’autre part, que le prix moyen du baril de pétrole algérien est passé de 45 dollars en 2016 à 53,97 dollars en 2017.
L’année 2017 a été également marquée par le retour des opérations de refinancement des banques par la BA, c’est-à-dire les opérations de réescompte et de l’open-market.
Revenant sur l’inflation, qui a atteint 5,6% en 2017, contre 6,4% en 2016 et 4,8% en 2015, il a imputé cette progression de l’inflation à « la faiblesse de la concurrence, de l’organisation et du contrôle au niveau de plusieurs marchés de biens et de services dont certains sont marqués par des situations de monopoles ».
Sinon, tous les déterminants classiques du taux d’inflation ne peuvent expliquer la hausse de l’inflation enregistrée en 2017, selon le Gouverneur.
En 2017, la masse monétaire est restée quasi-stable, les baisses du taux de change du dinar constatées depuis juillet 2017 ont eu un impact marginal sur l’inflation puisque les importations ne représentent que 25% dans le calcul de son taux alors que l’inflation dans les pays partenaires a été beaucoup plus faible qu’en Algérie. Quant à la hausse de la TVA, introduite en 2017, elle a été trop modeste pour influer sur l’inflation, a-t-il détaillé.
Présentant les grandes évolutions financières et monétaires de l’année 2016, M. Loukal a rappelé que la croissance économique est restée forte à 3,3% grâce aux performances enregistrées par le secteur des hydrocarbures en 2016.
Ce secteur avait cru de 7,7% en 2016 contre 0,2% seulement en 2015.
Par contre, le secteur hors hydrocarbures, qui enregistrait une croissance annuelle moyenne de plus de 6% durant les quatorze années précédentes, a reculé de 2,3% en 2016.
Les crédits à l’économie avaient atteint 7.910 mds de DA à fin 2016 (+9%) alors que le refinancement des banques par la BA a atteint 433 mds de DA en 2016.
Evoquant la structure du réseau bancaire, il a indiqué que ce réseau a connu l’ouverture de 20 nouvelles agences bancaires en 2016 portant le nombre total de ces agences à 1.577 agences dont 426 privées .
En 2017, 35 nouvelles agences bancaires ont été agrées, selon lui.
En 2016, le FRR (Fonds de Régulations des Recettes) avait atteint son seuil légal de 740 mds de DA pour être « complètement vidé en 2017 », a par ailleurs rappelé le Gouverneur. APS