Les indicateurs confirment une amélioration de la structure et des conditions de financement de l’économie.
Les principales tendances de la situation macroéconomique du pays confirment une consolidation de la position financière extérieure de l’Algérie due à une «très bonne soutenabilité de sa dette extérieure ramenée à 3,9 miliards de dollars à fin juin 2012 contre 4,4 Mds de dollars, montant recensé à fin décembre 2011. Une performance notable dans un con-texte de crise dans la zone euro suite à une dépréciation accrue de l’euro par rapport au dollar, soit 7,58%. Aussi, la Banque d’Algérie, face à la volatilité des principales devises, a continué à opérer une politique active dans le souci de stabiliser les taux de change sur les marchés interbancaires.
La synthèse des tendances monétaires et financières pour la période indiquée, présentée hier par le gouverneur de la Banque d’Algérie, en présence des cadres et responsables de banques, indiquent que les exportations d’hydrocarbures de l’Algérie ont atteint 37,50 Mds de dollars, soit une progression de 4,05% par rapport au 1er semestre de 2011 et ce, malgré une diminution en volume de l’ordre de 2,29%.
Les exportations hors hydrocarbures ont été chiffrées, elles, à 0,50 Md de dollars soit une relative baisse par rapport à la même période de 2011. Cette stabilisation à un faible niveau des exportations hors hydrocarbures interpelle les décideurs sur la nécessaire diver- sification de l’économie nationale, a affirmé M. Mohamed Laksaci. L’importation de biens a par ailleurs progressé de 3,5% pour atteindre 23,90 Mds de dollars contre 23,09 Mds de dollars à la même période de 2011 alors que celle des produits alimentaires et de biens d’équipement industriels ont reculé respectivement de 11, 9% et 16,7%.
Les importations de biens de consommation ont enregistré une forte hausse de 36,1%, tirée essentiellement par la hausse des importations de véhicules. Au chapitre de la balance des paiements, il est relevé également que l’excédent du comp-te courant extérieur comme référence clé de la situation de la balance des paiements extérieurs de l’Algérie s’est révélé plus appréciable au 1er semestre 2012 avec 10,82 milliards de dollars.
Le solde global de la balance des paiements évalué à 10,32 Mds de dollars à la période donnée a eu un impact direct sur l’accumulation des réserves officielles de change par la Banque d’Algérie. Ainsi, l’encours des réserves de change (or non compris) s’est élevé 186,32 milliards de dollars à fin juin 2012 contre 182,22 Mds de dollars à fin décembre 2011 et à 162,22 Mds de dollars à fin 2010, ce qui représente un peu plus de trois années d’importations de biens et services. Aussi, la Banque d’Algérie, par mesure préventive, poursuit la gestion prudente des réserves de chan-ge alors que les investissements effectués par cette institution portent sur les titres souverains les moins risqués. Cette position financière extérieure du pays (réserves de change moinsla dette extérieure) fait que l’Algérie est classée parmi les premiers pays émergents en matière de ratio du PIB, avec un taux de 90% atteint en 2011.
Une appréciation de l’ordre de 2,27% du taux de change effectif nominal du dinar
Le taux de change effectif nominal du dinar a enregistré une appréciation de 2,27% sur les premiers six mois de l’année. Le gouverneur de la Banque d’Algérie a précisé que l’élargissement du différentiel d’inflation entre l’Algérie et ses principaux partenai- res (juin et décembre 2011 et juin 2012) a fait que le taux de change effectif réel du dinar a enregistré une appréciation plus élevée au 1er semestre 2012.
Dans ce contexte, des mesures ont été prises par la BA pour atténuer l’impact de volatilité accrue des cours de change des principales devises sur l’économie nationale, a déclaré M. Laksaci. L’autre fait à retenir est que l’encours global des avoirs du Trésor auprès de la Banque d’Algérie (compte courant et Fonds de régulation des recettes) est jugé appréciable à fin juin 2012, soit 5888,6 milliards de dinars, notamment au titre du FRR. Sur un autre registre, il est relevé que les dépôts a vue et à terme en dinars collectés par les ban-ques, sur la période en question, ont relativement augmen- té (3,27%) alors que les dépôts à vue auprès des banques se sont rétractés de 3%.
Une situation induite par la baisse des dépôts des entreprises publiques, compensée par le secteur privé et les ménages. Il est à souligner, à ce propos, la forte contraction des dépôts de Sonatrach du fait de l’absorption d’une partie de la capacité de financement du secteur des hydrocarbures par le décaissement au titre de son programme d’investissement. Les indicateurs confirment, d’autre part, une amélioration de la structure et des conditions de financement de l’économie nationale. Au 1er semestre 2012, un volume de 2 121 milliards de dinars a été accordé au secteur privé alors que 1 893 Mds de dinars ont bénéficié au secteur public. Ces données expriment une dynamique qualitative et quantitative en matière d’amélioration des conditions et des capacités de financement, soutient M. Laksaci.
Une tendance inflationniste liée à des facteurs endogènes
Le premier semestre de l’année courante ne fait pas exception puisque la tendance inflationniste s’est maintenue à un taux de 7,29% à fin juin contre 5,9% en mars 2012. Après une relative stabilité bien qu’élevée, entre 3,5% et 3,9% du taux d’inflation, au cours du premier semestre 2011, ce dernier, en moyenne annuelle, a enregistré un ryth-me haussier de juillet 2011 à juin 2012 pour s’accélérer dès 2012, note le gouverneur de la BA. Un constat imputable à la hausse des prix des biens à la consommation, notamment les produits agricoles frais et les biens manufacturés.
La hausse des prix de ces produits a été nettement plus forte en glissement annuel, soit 17,31% à juin 2012 contre 4,37% à décembre 2011 et seulement 0,99% à juin 2011. L’autre facteur responsable de l’aggravation du taux d’inflation réside dans l’excès de liquidité bancaire.
Selon M. Laksaci, le phénomène est en grande partie lié à des facteurs endogènes en rapport avec les dysfonctionnements sur les marchés intérieurs de ces biens par le fait de la spéculation et de situations de monopole d’où la nécessité, a suggéré l’interve- nant, d’étudier la formation des prix, ce qui relève d’une analyse macroéconomique. A ce titre, la Banque d’Algérie a pris en avril 2012, deux mesures destinées à contribuer à résorber l’excès de liquidité sur le marché monétaire à même de juguler son effet inflationniste.
A la faveur de ces mesures, le taux des réserves obligatoires sera ramené à 11% à partir de la mi-mai alors que le niveau de la reprise de liquidité s’est accru de 250 milliards de dinars dès avril pour atteindre un encours de 1 350 miliards de dinars. Il y a lieu de noter que l’excès de liquidité a reculé au second trimestre 2012 conséquemment à la forte contraction des dépôts du secteur des hydrocarbures.
Dans le même ordre d’idées, la Banque d’Algérie a consolidé le rôle des instruments de politique monétaire en la matière. Il a également été question de renforcement des moyens de la prévision à court terme du taux d’inflation dans le souci d’assurer le suivi de l’objectif d’inflation en 2012.
Akila Demmad