Réseaux sociaux: Le ‘‘miracle Facebook’’ ou le talent caché des Algériens

Réseaux sociaux: Le ‘‘miracle Facebook’’ ou le talent caché des Algériens

L’invention des réseaux sociaux a indéniablement favorisé l’accès à la parole publique du citoyen-lambda en lui accordant, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’opportunité de faire connaître son opinion (juste ou erronée, raisonnable ou excessive) révéler éventuellement ses aptitudes intellectuelles ou artistiques, au-delà de son cercle de connaissances immédiat, puis de leur conférer un écho que n’autorisaient autrefois que le talent confirmé ou, sur un plan pratique, les différents types de pouvoir. Le privilège de s’adresser à ses semblables sur une grande échelle, n’était accordé habituellement qu’aux professionnels du discours (hommes politiques, intellectuels, journalistes, imams en terre d’Islam) et via les canaux classiques de communication (comme les médias, les mosquées, les meetings). Mais le «miracle Facebook» a brisé cet ordre établi (et inéquitable) de la parole publique et libéré celle-ci du joug des multiples contrôles, avec les avantages et les inconvénients que cette large démocratisation implique. Aujourd’hui, tout le monde peut s’improviser, s’il le désire, homme politique, philosophe, savant, génie, spécialiste en tout genre…Après tout, rien ne l’en empêche, sauf la sagesse, sa modestie ou ses réelles capacités intellectuelles. À la limite, chacun est libre d’incarner, sur Internet (le temps d’une connexion seulement) le rêve de sa vie, de devenir dans sa tête, le prix Nobel qu’il a toujours voulu être, de prodiguer des conseils à propos des grands soucis de la planète, de réfléchir sur les sujets cruciaux du siècle. Mais le «miracle Facebook» a surtout libéré les énergies créatrices, décomplexé les talents virtuels, particulièrement dans des pays comme le nôtre où leur éclosion était contrariée par l’absence d’un terrain fertile, les embûches diverses, la rareté de structures mentales et matérielles favorables. Il suffit de se promener aujourd’hui sur les réseaux sociaux pour être surpris par la richesse insoupçonnée de la créativité algérienne (15 millions d’abonnés en 2016), étouffée par la muselière de l’inertie et du désarroi ambiants. Pour dénicher des blogs de qualité, des «pages Facebook» riches d’écrits qui valent bien ceux qu’on a l’habitude de lire dans nos journaux, les voix talentueuses et brimées de la jeunesse d’Algérie (qu’on entend parfois rugir sur Facebook) boosteront-t-elles cette «Nahda» algérienne dont notre pays a tellement besoin, via la petite brèche de liberté et d’audace que leur procurent désormais les micro- ordinateurs ?