Aucune instruction ne nous a été donnée pour interdire, à ceux qui veulent le faire, de se porter candidats sur les listes électorales pour les Assemblées communales et de wilaya», nous a déclaré un responsable d’une wilaya déléguée.
C’est à la vue des listes des candidatures des partis que nous lui avions posé la question si le ministère de l’Intérieur demandait aux responsables au sein des collectivités locales d’exiger des candidats certains critères avec en prime un bon niveau d’instruction.
«Ce n’est pas le cas», nous répond notre interlocuteur qui nous a affirmé que «70% des candidatures dans certaines circonscriptions ne savent ni lire ni écrire (NSNLNE)». Est-ce possible ? A cette question, aucune réponse d’autant que le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales se ferme à toute sollicitation.
Parmi les nombreuses candidatures, beaucoup sont des employés dans ces mêmes collectivités locales en premier, employés de bureau, agents de sécurité, chauffeurs, et autres plombiers et électriciens.
Il est vrai qu’il n’y a pas de sot métier. Mais il est clair qu’entre gérer une commune et être son agent de sécurité, il y a des règles de compétence qui diffèrent totalement. Un chef de parti politique n’a pas hésité à nous répondre qu’ «un maire n’est pas obligé de savoir lire et écrire, il sait réfléchir et voir ce qui est bien et ce qui ne l’est pas pour le citoyen».
Mais tout est dans cette «réflexion» qui doit être menée pour juger de la faisabilité de projets de développement, de la nécessité de crédits financiers, de la viabilité d’investissements. Avec Le débat sur l’exploitation du gaz de schiste s’impose de luimême, notamment après que le gouvernement algérien ait décidé, à travers les amendements de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, l’exploitation de cette ressource énergétique «non conventionnelle ».
Le maître de conférences à l’Université d’Oran et expert en géologie, Kacem Moussa, a précisé, lors d’un débat organisé, hier, par le Collectif national pour les libertés citoyennes (CNLC), dans les locaux du parti MDS, que cette appellation de «non conventionnelle» à elle seule mérite tout un débat. Kacem Moussa explique avec un langage très simple et clair que «le non conventionnel» est une chose qui n’est pas recommandée.
Et d’ajouter que les ressources énergétiques «non conventionnelles » sont difficilement accessibles, elles exigent des conditions d’exploitation techniques modernes, des ressources financières importantes et une technologie d’exploitation très lourde qui pèse négativement sur l’environnement.
Intransigeant, le maître de conférences de l’Université d’Oran a remis en cause la capacité de notre pays à assurer la sécurité totale, que ce soit avant ou après l’exploitation des gisements du gaz de schiste.
«Certains de nos officiels ont affirmé que les Algériens ont de l’expérience en la matière, en déclarant que la technique de forage horizontal hydri que a été déjà utilisée par Sonatrach, pendant plusieurs années. Je dirais qu’il s’agit là d’une pure tromperie», a-t-il lancé.
Et de poursuivre «ce sont tout simplement des essais techniques, plutôt des formes courantes qui n’ont rien à voir avec l’extraction des gaz de schiste» a-t-il insisté en s’interrogeant «pourquoi veut-on clore le débat sur l’exploitation du gaz de schiste, avant même son ouverture?» «Pourquoi toute cette opacité sur le sujet?»
Selon l’intervenant, il est aujourd’hui nécessaire de se mobiliser pour dire stop au gaz de schiste». Pour Kacem Moussa, l’exploitation du gaz de schiste est un véritable désastre pour l’environnement.
Il présente ses arguments : une utilisation importante d’eau 95 % d’injection faits d’eau, «c’est une moyenne de 20.000 m³ d’eau pour un seul forage» a-t-il dit. Des risques de pollution des nappes phréatiques, avec des décontaminations quasi impossibles, une fois le mal est fait. Et le comble, précise le géologue «le risque de l’instabilité des soussols ».
Le conférencier a indiqué que de nombreux sites d’exploitation de gaz de schiste connaissent aujourd’hui des séismes fréquents de magnitudes 4,5 et 5. Yacine Teguia, membre du Conseil national du MDS est intervenu pour souligner que l’exploitation du gaz de schiste est économiquement et du point de vue environnemental, très coûteuse si on la compare au bénéfice.
«J’ai du mal à comprendre pourquoi on investit 60 milliards de dollars pour gagner 80 milliards de dollars, une différence de 20 milliards de dollars dont une partie doit être consacrée à la réparation des dégâts environnementaux ?» s’est-il interrogé.
«Pourquoi on choisit maintenant l’exploitation du gaz de schiste alors que les richesses minières et énergétiques sont sous-exploitées, voire méconnues en l’absence d’exploration et de prospection dans notre pays ?», a-t-il ajouté. Les intervenants étaient tous unanimes : ils veulent comprendre pourquoi le gouvernement algérien veut aller vite vers l’exploitation du gaz de schiste ?
«S’il y a des pressions internationales ou des intérêts géostratégiques, qu’ils s’assument et disent clairement au peuple de quoi s’agit-il», dira Yacine Teguia, en soulignant que «l’exploitation du gaz de schiste n’est même pas un vecteur capable de créer de l’emploi, contrairement aux énergies renouvelables ».
Les intervenants ont émis l’idée d’écrire aux ministres concernés par cette question, au gouvernement et à la Présidence pour marquer une halte et ouvrir un débat national sur le sujet. Le représentant du CNLC s’est dit pour une action contre l’utilisation du gaz de schiste.
Il s’est dit pour une manifestation citoyenne. «Des jeunes porteront des tee-shirts sur lesquels sera écrit «non au gaz du schiste», des jeunes qui sillonneront les grandes villes du pays et expliqueront aux citoyens ce qu’est le gaz de schiste et quelles seront ses conséquences », a-t-il conclu.
M. Aziza