De nombreux sidérurgistes d’ArcelorMittal Annaba ont fait part à l’APS, mercredi sur le site de l’usine, de leur « satisfaction » et de leur « optimisme » à la suite de l’annonce, mardi, de la reprise prochaine par l’Etat du contrôle à hauteur de 51% du complexe sidérurgique d’El Hadjar.
Travailleurs affectés aux hauts fourneaux, aux chaînes de production, à l’administration ou aux services, ils étaient unanimes à considérer que cette annonce faite mardi par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, permet d’entrevoir avec un « grand optimisme » le plan d’investissement qui ne pourra être efficient que lorsque l’Etat se sera « engagé dans la relance de l’une des plus importantes bases de l’industrie lourde en Algérie ».
Salim B. (49 ans), technicien affecté à la section laminage, travailleur à l’usine d’El Hadjar depuis 30 ans, se joint à quelques uns de ses collègues, dont des ingénieurs et des cadres, pour considérer que la situation du complexe et les soubresauts qu’il connaît périodiquement, démontrent que le partenariat avec le leader mondial de l’acier, mis en £uvre depuis 2001, est un « échec », comme le prouvent, selon lui, « le recul de la production et l’amenuisement des effectifs ».
« Je ne suis peut-être pas le mieux indiqué, aujourd’hui, pour analyser la situation économique de l’entreprise, mais peut-on parler de réussite lorsqu’on constate, chaque jour que Dieu fait, depuis la venue du groupe indien, l’ambiance de travail n’est plus la même, comme si un ressort s’était rompu », confie Salim.
Abondant dans le même sens, un autre travailleur, Djamel A., membre du conseil syndical de l’entreprise, a soutenu que l’exemple le plus probant de cet « échec » est illustré par le fait que le complexe qui employait 11.000 travailleurs au début de ce partenariat a réduit cet effectif « de moitié, sans dividendes économiques avérés ».
« Il est grand temps que le complexe d’El Hadjar, symbole et fierté de l’Algérie indépendante, +se libère+ de ce partenariat », selon ce travailleur qui a affirmé que l’Algérie est « parfaitement capable de conduire le plan d’investissements, de réhabiliter les installations vétustes, à l’exemple du haut fourneau n° 2, de contribuer à la relance de la production et de refaire du complexe le fleuron de l’industrie algérienne ».
Pour Djamel, cadre de son état, « l’expérience malheureuse » de ce partenariat « infécond » n’est positive que dans la mesure où elle servira de leçon pour l’avenir.
Le même climat de satisfaction a été observé dans les rangs du reste des cadres algériens activant dans l’administration.
L’un d’eux, faisant part de son « soulagement » devant la perspective de voir le groupe public Sider reprendre 51% des actions, a tenu à rappeler que le complexe d’El Hadjar qui employait, avant 2001, près de 11.000 travailleurs et produisait 1,2 million de tonnes d’acier liquide par an, a commencé à « péricliter depuis 2008 pour ne plus produire que 600 à 700.000 tonnes annuellement ».
Pour lui, l’autre exemple de « l’échec » consommé avec le groupe indien, ce sont ces arrêts de travail et ces « mouvements légitimes » de protestation qui « émaillent la vie de l’usine depuis quelques temps ».
La grève la plus pénalisante, rappelle-t-on, avait eu lieu en janvier 2010, lorsque les travailleurs du complexe avaient débrayé durant neuf (9) jours pour réclamer la mise en oeuvre du plan d’investissement.
Le complexe sidérurgique ArcelorMittal Annaba qui emploie aujourd’hui 5.800 travailleurs a produit, en 2012, 580.000 tonnes d’acier liquide.
Le groupe industriel public Sider va reprendre le contrôle du complexe sidérurgique d’El Hadjar en portant son capital à 51% dans ce complexe, détenu jusqu’ici à 70% par le numéro un mondial de la sidérurgie, l’indien ArcelorMittal, avaient indiqué mardi à l’APS des sources proches du dossier.
« Le principe de reprendre le contrôle du complexe par Sider a été acquis au cours d’un Conseil des participations de l’Etat (CPE), tenu début juillet passé », avaient expliqué les mêmes sources.