Reprise du Hirak : les partis politiques prennent position

Reprise du Hirak : les partis politiques prennent position

La reprise du mouvement de contestation populaire Hirak n’a pas passé inaperçue auprès de la classe politique algérienne. Plusieurs chefs de partis politique se sont exprimés sur la question, évoquant leurs visions et pronostics, notamment sur la continuité du mouvement.

Alors que les Algériens semblent déterminés à renouer avec la contestation populaire, les partis politiques eux, s’empressent désormais à se prononcer tant sur la reprise elle-même que sur la teneur la continuité du mouvement à la lumière des développements observés sur la scène politique.

Si certains chefs de partis, à l’image de Louisa Hanoune et Zoubida Assoul, estiment que le mouvement n’a pas encore atteint ses objectifs tracés depuis le 22 février 2019, d’autres comme Soufiane Djilali mettent en garde contre les tentatives de freiner la politique engagée pour le changement.

À en juger par les dernières sorties médiatiques de ces chefs de parti, les visions quant au mouvement de contestation diffèrent, autant pour son retour et la manière dont il compte réinvestir la rue.

Pour Louisa Hanoune, « les questions socio-économiques sont sciemment occultées »

Intervenant lors d’une conférence de presse au siège de son parti à Alger, la secrétaire générale du parti des travailleurs Louisa Hanoune a d’emblée salué le retour du Hirak. Or, elle prône « l’organisation cette révolution et de faire la jonction entre les revendications politiques et socioéconomiques ».

D’ailleurs, « les questions socio-économiques étaient sciemment occultées alors que la situation est en dégradation effrayante continue notamment depuis le début du confinement prétendument sanitaire », a-t-elle fait remarquer.

Dans son analyse, la SG du PT a reconnu que le Hirak n’a pas à être dirigé par des individus ou des personnalités. En revanche, le mouvement « doit être dirigé par des forces capables d’encadrer la majorité et de lui ouvrir des perspectives », a-t-elle soutenu.

Ainsi, tout en saluant sa reprise, Mme Hanoune pense qu’il est indispensable d’empêcher la déviation du mouvement et de faire la jonction des revendications politiques et celles socioéconomiques.

Soufiane Djilali : « Le rejet de toute proposition du pouvoir conduit à la confrontation »

Si les revendications et la direction que doit prendre le mouvement sont le souci majeur auprès du PT, le président de Jil Jadid s’inquiète plutôt pour des slogans scandés par les manifestants à l’occasion de la reprise du mouvement après un an de trêve sanitaire.

Intervenant hier mercredi au Forum du site web « Al-Djazair al-an, Soufiane Djilali évoque des slogans venus de l’étranger. « Le Hirak est émaillé de slogans, venus de l’étranger et servant des agendas, dont le but est de déstabiliser le pays », a-t-il en effet déclaré.

Se montrant favorable au dialogue national engagé par le président, Djilali pense que le « rejet catégorique de toute proposition du pouvoir conduit inévitablement à la confrontation ». D’ailleurs, il trouve que « le dialogue national est le moyen le plus efficace pour l’encadrement des Algériens ».

Revenant au mouvement Hirak, il estime qu’une partie du mouvement « se dirige vers l’impasse, car divisé de l’intérieur », dénonçant « les résidus du système corrompu » qui « activent encore pour freiner la politique engagée pour le changement et la satisfaction des revendications du peuple algérien, exprimées à travers son Hirak pacifique », a-t-il dit.

« Rien n’a changé », pour Zoubida Assoul

De son côté, la présidente de l’Union pour le changement et le progrès Me Zoudida Assoul estime que le mouvement est loin d’être à l’aboutissement de ses revendications exprimées depuis le début de la contestation le 22 février 2019.

Intervenant sur la chaine France 24 en ce début de semaine, la présidente de l’UCP déclare que « si le mouvement pacifique avait été enclenché le 22 février 2019 pour faire barrage au 5e mandat de Bouteflika et pour changer le système tout entier, ce dernier point demeure toujours au centre des revendications du mouvement de contestation ».

D’ailleurs, elle estime que malgré « le départ de Bouteflika et le changement de quelques hommes politiques le système érigé par l’ancien président demeure ».

Pour elle, « rien n’a changé » d’autant que « les pratiques de l’ère Bouteflika, que ce soit la répression à l’égard des activistes du Hirak, des politiques, des journalistes ou des simples citoyens, ou encore la corruption ».