Reprise du dinar face à l’euro et au dollar : temporaire ou durable ?

Reprise du dinar face à l’euro et au dollar : temporaire ou durable ?

Le dinar algérien a réalisé, ces derniers jours, un rebond historique face aux devises étrangères sur le marché officiel du change. La cotation de la monnaie européenne est même passée sous la barre des 140 dinars. Ce mardi 20 septembre, 1 euro s’échange contre 139,8 DZD et 1 dollar américain vaut 140,3 DZD. Une première depuis une décennie.

Les indicateurs du regain de santé de la monnaie nationale face à l’euro et au dollar ont commencé à se profiler à partir de début septembre lorsque le dinar a gagné six points par rapport aux premiers mois de l’année. En effet, au début 2022, 1 dollar coûtait 146 dinars, et 1 euro, 152 dinars. La valeur du dinar algérien a ainsi enregistré une augmentation de 12,5 % par rapport à 2021.

La longue traversée du désert du dinar algérien

Retraçons pour commencer le parcours du dinar algérien lors de la dernière décennie. La monnaie nationale a commencé à prendre la courbe descendante en 2014, suite à l’effondrement des prix du pétrole. Entre 2014 et 2018, sa valeur a alors chuté de 50 %.

Malgré la reprise du cours des hydrocarbures à partir de 2018, le dinar a poursuivi son effondrement. Les mesures de la Banque d’Algérie ne l’ont pas empêché de reculer de 20 % par rapport au dollar. En 2019, il sa valeur d’échange a encore diminué de 12 % en raison de l’évolution du cours de l’euro par rapport au dollar. En novembre 2021, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a révélé lors de la présentation par son gouvernement du budget 2022 que le dinar avait enregistré une baisse de 6,1 % entre 2020 et 2021.

Vers un avenir prometteur pour le dinar algérien ?

Un rapport de l’agence Fitch Solutions, publié lundi dernier, prévoit que le dinar algérien atteindra, d’ici la fin de l’année, 136,30 dollars. Il justifie cela par « l’intervention monétaire » de la Banque d’Algérie.

L’Agence économique internationale a suggéré que le gouvernement algérien allait baisser le taux de change à moins de 138,84 dinars pour un dollar. Le rapport considère que cette étape trouve sa justification dans « l’augmentation des réserves de change ». Ce qui souligne la capacité du dinar algérien à « repousser les chocs inflationnistes de l’avenir proche ».

Fitch Solutions a conclu qu’elle s’attend à ce que la valeur du dinar algérien continue d’augmenter en 2023. Une prévision que l’agence justifie par « la politique de soutien de la monnaie nationale des autorités algériennes et d’autres facteurs économiques ».

En juin dernier, le directeur général de Sonatrach a déclaré que les recettes d’exportations de pétrole de l’Algérie atteindraient 50 milliards de dollars d’ici la fin de cette année, soit une augmentation de 15 milliards de dollars par rapport à 2021.

Décisions politiques

Professeur d’économie à l’Université d’Alger, Mohamed Hamidouche a, pour sa part, présenté une analyse des facteurs qui ont conduit à cette reprise historique du dinar algérien. L’économiste a évoqué en premier chef « les décisions politiques », puis a mentionné les répercussions de la guerre en Ukraine sur les prix du pétrole.

M. Hamidouche a indiqué que « la première raison est de nature politique, car ce sont les autorités, à travers la Banque centrale, qui décident d’augmenter ou de diminuer la valeur du dinar par rapport aux devises étrangères. » Il a ensuite souligné que la politique gouvernementale de réduction de la facture des importations l’encouragement des exportations hors hydrocarbures.

Toutes ces variables ont permis une amélioration considérable des réserves de change du pays qui passeront de 40 milliards à près de 100 milliards de dollars d’ici l’année prochaine.

Une reprise temporaire ou durable ?

L’économiste estime que le taux de change actuel du dinar algérien est « conjoncturel ». Cela se justifie par l’existence de facteurs indépendants susceptibles d’avoir un impact sur la politique économique nationale.

« La situation actuelle du marché du change, ajoute-t-il, ne résulte pas de facteurs économiques, tels que l’amélioration des performances des entreprises, le boom de la créativité ou l’accroissement des exportations de biens ou services dus à l’augmentation des investissements. » « Il s’agit donc d’une bonne santé à court terme, mais à long terme l’appréhension subsiste », conclut le professeur.

Sur la possibilité d’un impact positif sur le pouvoir d’achat, Pr Hamidouch a souligné que le consommateur en bénéficiera, notamment sur les prix des denrées alimentaires, des appareils électroménagers. Il s’attend à ce que leurs prix connaissent une stabilité ou une relative diminution.