Aux journalistes algériens présents à Piombino pour la circonstance qui l’interrogeaient sur son sentiment, lui qui se voit ainsi honoré à l’étranger et qui est souvent contrarié en Algérie, le président du Groupe Cevital a répondu tout simplement que “nul n’est prophète en son pays”.
Les importants investissements du Groupe Cévital en Italie, le pays de la Botte, ont été célébrés, vendredi dernier, comme il se doit. L’hommage est unanime, aussi bien des populations locales de toute la région de la Toscane que de son élite politique, économique et culturelle. Si bien que le news magazine Costa Etrusca, fondé en 1962, a déclaré le président du Groupe Cevital personnalité de l’année, en illustrant le propos par une photo de l’entrepreneur algérien. Dans sa dernière édition, le journal écrit tout simplement : “Cevital, merci !” Ce qui témoigne de la détresse dans laquelle se trouvaient les dirigeants de cette région qui allaient assister, impuissants, à la fermeture du plus ancien fourneau d’Italie. Forcément, la résurrection d’un symbole de l’Italie se fête, se célèbre.
Aussi, pour la cérémonie, organisée en l’honneur du repreneur célébré comme un sauveur, tous les animateurs de la vie politique, sociale et économique ont tenu à être présents à la salle municipale de Piombino. Et écouter le président de la région de Toscane, M. Rossi – récipiendaire, lui aussi, du prix spécial ainsi que du commissaire, M. Nardi, qui avait assuré la transaction – réitérer sa confiance au patron du Groupe.
Les journalistes algériens, présents à Piombino pour la circonstance, n’ont pas manqué d’essayer d’avoir le sentiment de M. Rebrab sur le fait qu’il soit honoré à l’étranger, comme c’est le cas en Italie, et d’être contrarié en Algérie. “Nul n’est prophète en son pays”, a répondu tout simplement le président du Groupe Cevital. Cependant, il a déclaré, dans la foulée, qu’il n’avait pas de patrie de rechange. Son ambition : contribuer au développement de son pays et son avenir est en Algérie, a-t-il souligné avec force ; et d’expliquer que les investissements de Cevital à l’étranger ne servent que de relais de croissance à ses activités dans le pays qui l’a vu naître.
Quant aux honneurs, il dit qu’il les reçoit un peu partout à travers le monde : “Vous savez, j’ai été reçu, en une seule journée, par trois ministres et des vice-ministres au Brésil ; celui des Affaires étrangères, du Commerce, des Transports ; la vice-ministre chargée de l’Agriculture, qui était en voyage, m’a reçu à 21h30. Vous imaginez. Et c’est le cas dans plusieurs pays.” La raison ? “C’est qu’ils savent à qui s’adresser pour développer leur économie, créer de l’emploi et de la richesse.”
Occasion pour lui d’expliciter sa pensée. “Au niveau mondial, tout le monde cherche à créer des emplois et des richesses. En Europe, ce n’est pas l’argent qui manque. Les banques centrales des États membres essaient de relancer leurs économies respectives. La BCE, la Banque centrale européenne, fait tourner la planche à billets pour essayer de faire redémarrer l’économie. Cependant, les banques centrales nationales, par contraintes, reçoivent l’argent de la BCE le matin mais le lui renvoient le soir, même si elles doivent payer des pénalités.”
Il se trouve que l’Europe rencontre de grands problèmes, a souligné M. Rebrab. Et ce n’est pas un problème d’argent, a-t-il affirmé, “mais, d’abord, une question de confiance”. Des entrepreneurs qui doivent prendre leur courage à deux mains et se lancer dans la compétition mondiale ne sont pas légion ; ils préfèrent, selon lui, “un certain confort, c’est-à-dire soit placer leur argent en Bourse, soit spéculer ou le cacher dans les paradis fiscaux. Aussi, il y a un manque de confiance manifeste”, a-t-il réitéré.
“Nous aurions souhaité être accompagnés par nos gouvernants pour rattraper le retard immense qu’accuse le pays. Et Dieu seul sait que l’Algérie a les moyens de faire une croissance à deux chiffres pour peu qu’on libère les initiatives”, a-t-il appelé de ses vœux avant d’enchaîner en assurant que “la chance que nous avons, dans des pays comme l’Algérie, est que nous avons une dynamique économique.” Son leitmotiv : créer des emplois et de la richesse, sortir le pays du sous-développement afin de lui éviter de sombrer dans la violence. Et pour cause : “Comme on le sait, la misère sert de terreau au terrorisme. Et l’Algérie ne mérite pas cela.”