La reprise des cours n’a pas été enregistrée dans tous les établissements scolaires malgré les menaces du ministre de l’Éducation nationale.
La majorité des enseignants qui ont repris les cours sont ceux des écoles primaires et des collèges. Pour les lycées, la plupart des enseignants ont maintenu la grève.
La décision de la reprise des cours a été prise avant-hier pour l’Union nationale des professeurs de l’éducation et de la formation (UNPEF), lors de la réunion du Conseil national de ce syndicat, l’un des plus importants du secteur de l’éducation nationale.
La décision du CNAPEST sera connue aujourd’hui. Les adhérents de ce syndicat sont partagés en deux. Il y a une partie qui a maintenu la grève malgré les menaces de Benbouzid.
D’autres, ont choisi de reprendre les cours en attendant la décision définitive. Sur le terrain, les enseignants qui ont repris les cours ne semblent pas avoir la volonté suffisante pour entamer les cours. «On a repris les cours sous les menaces de la tutelle.
C’est indigne de leur part. C’est une insulte pour l’enseignant algérien» déclare en colère une enseignante du primaire. Notre interlocutrice n’est même pas prête pour faire son cours. «Je suis venue à l’école sans préparation. Je n’ai pas le moral pour travailler» ajoute-t-elle.
Cette enseignante à l’exemple de plusieurs autres n’a rien fait durant la journée d’hier que jouer le rôle d’une baby sitter. «Le ministère de tutelle ne nous a pas donné le choix. Dans tous les cas, les résultats de cette année seront catastrophiques malgré cette pression» ajoute t-elle. Notre interlocutrice parait avoir la conscience tranquille malgré les résultats supposés négatifs des élèves.
«Je n’ai aucun problème de conscience puisque le problème n’est pas à mon niveau. Il est vrai que les élèves sont les premières victimes, nous sommes désolés pour eux mais ils doivent comprendre qu’il viendra un jour ou l’un d’entre eux deviendra enseignant et il va avoir les mêmes problèmes si on ne réagit pas maintenant ».
Mohamed, enseignant à Kouba, nous a déclaré que « les menaces du ministre nous ont choqué. Aucun pays dans le monde entier n’a traité les enseignants de cette façon méprisante».
Ainsi, Mohamed nous a exprimé sont regret que le ministère de tutelle refuse d’améliorer la situation des enseignants «qui sont les éducateurs des générations». Par ailleurs, tous les enseignants ont le coeur plein, il suffit d’aborder le sujet pour écouter un long discours plein de regrets, de colère et de complaintes.
Pour les enseignants qui n’ont pas repris les cours, ils veulent avoir leurs droits à tout prix. « Je lutte moi aujourd’hui jusqu’au bout même si je serais licencié de mon poste. L’enseignant vit aujourd’hui dans une situation déprimante, nous partons en retraite avec plusieurs maladies.
Je connais même des enseignants qui n’arrivent plus à dispenser leurs cours. Pourquoi ne pas leurs donner la retraite puisque l’élève est la victime dans pareils cas» révèle un enseignant à Birkhadem.
Pour leur part, les élèves sont très inquiets du risque de non-achèvement du programme ainsi que du programme de rattrapage qui peut être très chargé pour eux. «On ne veut pas qu’on aille vite dans les cours sans bien les assimiler. C’est une question d’avenir et je ne veux pas rater mon bac à cause de cette grève» nous a déclaré une étudiante du lycée El Idrissi.
PARENTS D’ÉLÈVES: Soulagés, mais…
Les parents d’élèves sont soulagés après la reprise des cours malgré le fait qu’ils ne partagent pas l’attitude du ministère et sa manière de procéder pour obtenir ce retour aux classes. Pour les parents qu’on a rencontrés hier devant les établissements scolaires, la reprise des cours est une bonne nouvelle comme début mais ils sont tout de même inquiets et appréhendent le retard qui ne sera pas rattrapé.
Pour Inès, mère de deux enfants en première et quatrième année primaire, «c’est bien de reprendre les cours mais puisque la manière de rattraper le retard n’a pas été rendue publique je suis toujours inquiète».
Par ailleurs, un parent d’élève regrette que cette grève ait duré tout ce temps et «ni le ministère, ni les enseignants n’ont pensé aux élèves. Ma fille est en classe d’examen et je ne vois pas comment elle va rattraper tout ce retard avant la date de l’épreuve».
Abla Selles