Reprise demain des travaux à l’APN : Le gouverneur de la Banque d’Algérie présente le rapport 2011

Reprise demain des travaux à l’APN : Le gouverneur de la Banque d’Algérie présente le rapport 2011
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La persistance de la récession dans les hydrocarbures pèse sur l’activité économique et plaide pour une performance hors hydrocarbures continue

Au chapitres des finances publiques pour 2011, les recettes budgétaires ont progressé de 29,8%, contre 19,5% en 2010. Les dépenses budgétaires totales ont augmenté de 28,3%, soit une hausse de plus de quatre fois et demie que celle accumulée des deux précédentes années. La capacité de financement du Trésor, qui s’est consolidée en fin 2010, représente 37,4%.

Au plan de l’intermédiation du secteur bancaire, on note la constitution, à fin 2011, de 27 banques et établissements financiers, et l’année 2011 enregistre une amélioration des bilans des banques et une progression soutenue des crédits distribués par les banques.

Le gouverneur de la Banque d’Algérie (BA) Mohamed Laksaci présentera  demain, lundi 29 octobre, les conclusions du rapport pour l’exercice 2011 de la BA à l’appréciation des députés de l’Assemblée populaire nationale, lors d’une séance plénière. L’économie algérienne a réalisé des performances financières appréciables en 2011, notamment une consolidation de la position financière extérieure nette conjuguée à une stabilité monétaire et financière renforcée. Cependant, le rythme de la croissance économique a fléchi au cours de l’année, en raison de la persistance des tensions inflationnistes dues au choc sur les prix extérieurs au début de l’année. L’expansion des dépenses budgétaires, en particulier l’envolée des dépenses courantes, a alimenté l’effet-prix, et par là, rendant difficile la conduite de la politique monétaire par la BA compte tenu du nouveau taux d’inflation contenu légalement. Ces performances interviennent en dépit de l’intensification de la crise de la zone euro et ses effets sur les pays émergents et en développement.

C’est ce qui ressort du rapport de la Banque d’Algérie pour 2011. La balance des paiements extérieurs courants a enregistré un excédent appréciable en 2011 situé à 10% du PIB en situation de forte progression des importations tirée par l’envolée de la part des biens alimentaires établie à 20,8%, dont les cours mondiaux ont enregistré une forte hausse. Cette performance est venue confirmer l’excès de l’épargne sur l’investissement qui a caractérisé les années 2000 à 2011. L’excédent du compte courant extérieur vient consolider davantage la résilience de la situation de la balance des paiements extérieurs de l’Algérie pendant que le profil des importations et leur structure représentent un risque non négligeable. La situation du compte de capital des opérations financières, en quasi équilibres en 2011, constitue un autre élément de résilience face aux difficultés de financements extérieurs, induites par la crise dans la zone euro et auxquelles font face les pays émergents et en développement. Si la position financière externe nette de l’Algérie est robuste et continue l’ancrage à la stabilité externe, la gestion prudente des réserves officielles de changes par la BA, mettant en avant la sécurité des investissements tout en réalisant un rendement raisonnable, s’inscrit dans l’objectif stratégique de consolidation de la stabilité financière externe sur le moyen terme.

La persistance de la récession dans les hydrocarbures pèse sur l’activité économique et plaide pour une performance hors hydrocarbures continue

Le renforcement en 2011 du dispositif de soutien des exportations hors hydrocarbures s’inscrit dans cet objectif stratégique visant à réduire la vulnérabilité de l’économie nationale aux chocs externes et à consolider les acquis de stabilité financière externe des dix dernières années. La persistance de la récession dans le secteur des hydrocarbures depuis 2006 pèse sur l’activité de l’économie nationale et plaide en faveur d’une performance de croissance hors hydrocarbures continue, d’autant que l’année 2011 a enregistré un ralentissement de la croissance économique à 2,4%, contre 3,4% en 2010, et ce en contexte de baisse de l’activité du secteur du bâtiment et des travaux publics, de l’expansion de la production agricole et la forte hausse des services des administrations publiques qui n’ont pas pu compenser les effets. Et en dépit de l’augmentation de la consommation finale, le fléchissement de la croissance de l’investissement et de la consommation des administrations publiques s’est soldé par la contraction de la dépense intérieure brute en 2011. Il est donc vital de bâtir une économie de production industrielle, agricole et de services en agissant sur l’absorption efficace des épargnes financières accumulées. En clair, il s’agit de mettre à profit les ressources de l’épargne nationale pour relancer la croissance durable, la création des emplois en vue de diversifier les activités économiques et de réduire la dépendance financières aux seules recettes des hydrocarbures. Aussi, les efforts dans cette perspective de consolidation des finances publiques, moins dépendantes des revenues d’hydrocarbures très volatiles, devront être soutenus sur le moyen terme.  Ce qui donne plus exactement, qu’en 2011, le ratio recettes hors hydrocarbures/ PIB hors hydrocarbures est resté stable à 18,9% pendant que les recettes fiscales rapportées aux recettes hors hydrocarbures baissaient à 84,1% en 2011, contre 87,2% en 2010 et 90,8% en 2009 en contexte de baisse tendancielle de la fiscalité sur les biens et services à 37,2% en 2011 relativement aux recettes fiscales contre 48,2% en 2005. Parallèlement, le taux de couverture des dépenses courantes par les recettes hors hydrocarbures a chuté en 2011 à 45,4% contre 56% en 201, année de très forte expansion de ces dépenses tirée par l’envolée des transferts courants (50,2%) et par la forte progression des dépenses de personnel (45%). Aussi, après une stabilisation en 2010 à 22%, le ratio dépenses courantes/PIB a été porté à 26,4% en 2011 et le ratio dépenses d’équipement/PIB a baissé pour la seconde année consécutive à 13,4%, contre 15% en 2010 et 19,4% en 2009, reflétant le ralentissement sensible de l’absorption en matière de liaison avec le souci de l’efficacité de la dépense publique d’investissement.

La capacité de financement du Trésor en 2011 représente 37,4% du PIB

Ces indicateurs ont permis aux dépenses budgétaires totales de fortement progresser en 2011 atteignant le taux de 28,3%, contre 5,2% en 2010 tirées par l’envolée des dépenses courantes. Ce rythme d’expansion n’est pas soutenable avec d’éventuels chocs externes, notamment avec la vulnérabilité des finances publiques et la volatilité des prix des hydrocarbures. Après plus d’une décennie d’excédents, le solde global des opérations du Trésor est déficitaire de 0,7% du PIB en 2011, contre 1,5% en 2010 et 7,1% en 2009. Et malgré ce léger déficit, la capacité de financement représente 37,4% du PIB en 2011. La constitution de cette capacité de financement du Trésor au courant de la décennie a contribué à prémunir les finances publiques de la volatilité des prix des hydrocarbures et d’éventuels chocs externes. Mais il importe de souligner que l’évolution des recettes budgétaires constitue désormais un élément de vulnérabilité devant la nouvelle structure des dépenses budgétaires où les dépenses courantes sont sur un seuil haussier. La mise à jour du dispositif règlementaire portant instruments de conduite de la politique monétaire et la mise en place d’instruments de prévision de l’inflation à court terme, en août 2010, ont permis à la BA d’affiner la conduite de la politique monétaire en 2011 avec une approche prospective. L’approfondissement de la réforme du secteur financier en Algérie devra prendre en charge un meilleur accès des ménages et des PME au crédit bancaire, notamment pour l’investissement en logement pour les premiers et les services bancaires de base.  Ce qui signifiera une allocation efficace des ressources d’épargne nationale et davantage d’efforts d’investissements productifs et de financement de la croissance inclusive créatrice d’emploi et moins dépendante de la sphère budgétaire sur le moyen terme.       Houria Akram