Reprise d’ArcelorMittal par l’Etat « Ce n’est qu’une question de temps », affirme M. Kouadria

Reprise d’ArcelorMittal par l’Etat « Ce n’est qu’une question de temps », affirme M. Kouadria
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« La reprise d’ArcelorMittal n’est plus qu’une question de temps », nous a affirmé, hier, l’ancien syndicaliste d’Arcelor Mittal, Smail Kouadria, et actuel député.

« Le dossier a été finalisé et sera discuté lors de la prochaine réunion du conseil des participations de l’Etat (CPE), qui va, enfin, entériner la décision de reprise du complexe sidérurgique par les Algériens », a-t-il précisé, soulignant que la date de la tenue de cette réunion est tributaire de l’agenda du Premier ministre.« L’Etat a décidé d’exercer le droit de préemption sur le complexe sidérurgique, tel que le prévoit l’article 93 de la loi de finances complémentaire (LFC) de 2009.

Il est ainsi question de récupérer les actions majoritaires de ce complexe après avoir constaté l’échec et l’incapacité du partenaire indien à honorer ses engagements clairement indiqués lors de la signature du contrat de cession en 2001 », a expliqué M. Kouadria. L’Algérie, représentée par Sider, prendra 46% des actions, 5% iront au fonds national des investissements et 49 % reviendront au partenaire étranger ArcelorMittal.

M. Kouadria estime que la décision de privatisation du complexe, entrée en vigueur en 2001, s’est avérée un « grande échec ». Il argumente cela par « le bilan négatif » de l’intervention du partenaire étranger qui n’a rien apporté au complexe et n’a pas pu honorer les engagements du contrat. L’échec est perçu, notamment, en terme d’effectif. Le complexe d’El Hadjar comptait 11.200 salariés en 2001. Dix ans après, ce nombre est passé à 5.600.

« Les départs à la retraite n’ont pas été remplacés et le complexe n’a pas procédé à de nouveaux recrutements, alors que le contrat prévoit le maintien et la création de nouveaux postes d’emploi », affirme-t-il. Le partenaire étranger n’a pu mettre en exécution aucun nouvel investissement.

« Il a été question d’injecter 175 millions de dollars pour la réhabilitation de l’unité de production mais cela s’est limité à de petites opérations de maintenance de certains de ses installations. Ce qui signifie que même cette clause n’a pas été respectée », dira-t-il. A propos de la production, le député a affirmé que la capacité du complexe, avant sa privatisation, a été estimée à un million de tonne. Le contrat de privatisation prévoyait 1,5 million de tonnes alors que ArcelorMittal produit, aujourd’hui, 600.000 tonnes, soit la moitié de sa capacité initiale.

Pour lui, le partenaire étranger traverse une crise financière aigue qui a touché toutes ses installations dans le monde. « Arcelor n’a pas les moyens de financer un plan de développement de 1 milliard de dollars et ne peut pas augmenter son capital pour devenir éligible aux prêts bancaires », a-t-il estimé. Les travailleurs d’ArcelorMittal souhaitent que le contrat de reprise du complexe par l’Etat soit annoncé le 5 juillet prochain.

« C’est une renationalisation qui a la dimension de l’indépendance de l’Algérie. Il est temps que le complexe revienne à ses cadres algériens », estime M. Deradj, syndicaliste à Sider. Hasnaoui Chihoub, P-DG du groupe Sider, s’est abstenu de faire une déclaration à ce sujet. « Le ministre a parlé de la question. Je n’ai aucune information à communiquer et je n’en ferai aucun commentaire », nous a-t-il indiqué.

Nouria Bourihane