Reprise d’Aigle Azur : Air France et le groupe Dubreuil font cause commune

Reprise d’Aigle Azur : Air France et le groupe Dubreuil font cause commune

Suspens concernant le sort de la compagnie, en redressement judiciaire depuis le 3 septembre. Le tribunal de commerce a examiné, hier, deux projets de reprise. Une «offre combinée» d’Air France et du groupe Dubreuil et celle, concurrente, d’un «transporteur étranger». De nombreuses interrogations continuent de peser sur l’avenir de la compagnie tricolore Aigle Azur, qui a été placée en redressement judiciaire le 3 septembre dernier. Hier, le tribunal de commerce d’Evry a examiné les nombreuses offres de reprise d’Aigle Azur. Se dirige-t-on vers une reprise ou une liquidation pure et simple ? «Rien n’est joué», a assuré, hier, le porte-parole de la compagnie Aigle Azur, Guillaume Foucault. Il a fait part de «son espoir d’une offre qui se ferait à la dernière seconde».

Pour sa part, le secrétaire d’État chargé des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a indiqué que «les audiences ont démarré, hier, et les candidats sont venus présenter au président du tribunal, qui est le seul à décider en tant qu’autorité judiciaire». Il a précisé ensuite que les deux candidats hexagonaux étaient Air France et le groupe Dubreuil, par le biais d’une filiale (French bee), qui «semble-t-il, sont capables de faire une proposition commune». «Je fonde l’espoir que le maximum d’emplois soit préservé et nous en prenons plutôt le chemin», a-t-il poursuivi. «On essaiera (..) d’éviter la liquidation, dans la mesure où cela fragiliserait le sort des salariés». «J’espère qu’on arrivera à sauver 90% des emplois ou plus», a-t-il indiqué, assurant que «l’Etat est pleinement mobilisé, y compris sur les rapatriements» des touristes qui n’ont pu rentrer en raison de l’arrêt brutal de l’activité de la compagnie.

Complémentarité

des offres

Les deux compagnies avaient présenté des offres séparées, mais complémentaires : Air France a proposé de reprendre l’activité moyen-courrier d’Aigle Azur (9 A320) sur l’Algérie, le Liban et le Portugal, quand le Groupe Dubreuil a marqué son intérêt pour l’activité long-courrier (2 A330). Intéressées tous les deux par les créneaux horaires d’Aigle Azur à Orly, Air France et le Groupe Dubreuil ont indiqué mettre sur la table 15 millions d’euros chacun. Mais les deux offres n’étaient pas compatibles avec les règles du redressement judiciaire qui exigent de reprendre des «branches autonomes d’activité», c’est-à-dire tout ce qui permet à une activité de fonctionner : les avions, le personnel lié à l’activité avec notamment leurs contrats. Ce point a fait reculer beaucoup de candidats. Notamment Air France et le Groupe Dubreuil. Ni l’un ni l’autre ne voulaient reprendre les contrats des salariés, en particulier ceux du personnel navigant jugés peu compétitifs.

Air France proposait donc de reprendre 100% des créneaux horaires de décollage d’Aigle Azur pour assurer les vols moyen-courriers d’Aigle Azur par ses moyens propres, sans reprendre les avions ni le personnel avec les contrats. Pour autant, le groupe français envisageait d’embaucher 515 personnes d’Aigle Azur dans le cadre d’une sélection. Un schéma qui n’apportait pas la garantie suffisante aux salariés d’Aigle Azur. De son côté, le Groupe Dubreuil comptait créer une filiale pour y loger les deux A330 d’Aigle Azur et s’était engagé à reprendre 106 personnes «à des statuts conformes aux conditions d’emploi actuellement pratiquées par les nouvelles compagnies». Si ce schéma semblait plus compatible que celui d’Air France pour répondre à la réglementation des créneaux horaires, il ne correspondait pas lui non plus aux règles du redressement judiciaire. n