Bachar al-Assad est, cette fois-ci, vraiment isolé. Plus personne ne le soutient, sauf l’Iran qui, de toute façon, est également menacé par l’épidémie du Printemps arabe.
L’Algérie officielle dont la position sur les révoltes arabes a été plutôt passive, pour ne pas dire plus, est sortie de son mutisme et de son refus de condamner les répressions exercées par des régimes sur leur population. Mais, “déplorer” les violences en Syrie et appeler au dialogue national “inclusif” restent insuffisants devant la guerre que livrent les maîtres de Damas contre une population, dont une partie, même toute petite, est d’origine algérienne, des descendants de l’Émir Abdelkader. Les autorités algériennes, qui ont promis de réaliser des réformes et qui en ont le processus, exhortent, selon le communiqué des AE, “les parties syriennes à faire prévaloir la voie de la sagesse et du dialogue national inclusif pour surmonter la crise et progresser dans la mise en œuvre des réformes politiques annoncées par les autorités syriennes afin de préserver la sécurité et la stabilité de ce pays frère qui joue un rôle important dans la région”. La langue de bois, certes, mais moins que le communiqué du 21 juin, lorsque le ministre des Affaires étrangères s’était contenté d’annoncer que “l’Algérie était préoccupée par ce qui se passe dans ce pays frère”. L’Algérie, de toute façon, ne pouvait pas demeurer en reste de l’évolution de la question syrienne sur la scène arabe et dans sa région. Dernier avertissement contre Damas et pas des moindres, son voisin turc a frappé sur la table et dans la capitale syrienne. Plus de répression, sinon…
La Turquie accueille déjà sur son territoire des dizaines de milliers de réfugiés, et c’est également le poumon économique de la Syrie. Outre le ministre turc des AE, des émissaires de l’Inde, du Brésil et d’Afrique du Sud ont séjourné à Damas pour réclamer l’arrêt de la répression du soulèvement en crescendo depuis la mi-mars. Ankara va certainement lâcher Damas, après l’Arabie Saoudite et, dans le sillage de ce poids lourd au sein des régimes arabes, le syndicat des monarques et princes du Golfe (CCG). Riad, Manama et Koweït-City ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs à Damas. Mais le régime de Damas, autiste qu’il est, n’a pas l’air d’avoir tiré les leçons.
Bachar a rétorqué à ses hôtes turc, indien, brésilien et sud-africain que son gouvernement poursuivrait les réformes, mais aussi qu’il pourchasserait “sans relâche” les groupes terroristes à l’origine des troubles ! Dans un éditorial publié mardi, le quotidien Al Baath du parti Baas au pouvoir en Syrie a déclaré que le régime avait bon espoir que la Turquie et les pays du Golfe “corrigent rapidement leurs positions !” Plus aveugle tu meurs.

La dernière vague de violences meurtrières a démarré il y a une semaine, à la veille du début du mois sacré de Ramadhan. Après avoir assiégé Hama, ville symbole de la contestation, qui s’était largement libérée du contrôle des autorités en cours d’année, les chars et les hélicoptères de l’armée sont entrés à Deir el-Zour où 22 personnes, dont des enfants, ont été tuées. Depuis le début du Ramadhan, plus de 300 personnes auraient été tuées dans ces deux régions. Plus de 1 700 personnes sont mortes dans la répression depuis mars, selon des militants et des organisations de défense des droits de l’Homme. Mais le régime commence à donner des signes d’essoufflement. Lundi, Bachar al-Assad a remplacé son ministre de la Défense par le chef d’état-major de l’armée. L’éviction du général Ali Habib serait conséquente à des divergences concernant la poursuite de la répression. Pour autant, Damas est sur la route de Tripoli. L’avertissement du Conseil de sécurité ne restera pas en l’état maintenant que le boucher de Damas n’a plus de soutien, à l’exception d’Ahmadinejad, lequel, par ailleurs, se fait silencieux ces derniers mois pour raisons irano-iraniennes. Sa politique a fini par lasser ceux qui l’avaient ramené, la mollarchie qui décide et le bazar qui tient les affaires.