Répression du Hirak : Saïd Sadi redoute un “recours au pire”

Répression du Hirak : Saïd Sadi redoute un “recours au pire”

Comme à son habitude, le Dr Saïd Sadi, l’ancien homme fort du RCD, après avoir pris un peu de recul, a fini par réagir à la répression sans précédent, enregistrée lors de la 117e marche du Hirak, vendredi dernier. Saïd Sadi n’a pas manqué de rappeler que « des centaines d’arrestations arbitraires ont été opérées ce vendredi ». L’une des personnes interpellées a d’ailleurs été son remplaçant à la tête du RCD, Mohcin Belabes.

Le Docteur Sadi, a souligné que plusieurs de ces arrestations « ont été accompagnées de sévices corporels », mais qu’il ne fallait pas toutefois « que l’émotion, si légitime puisse-t-elle être, soit le seul ressort qui inspire nos réactions ». L’ex-chef du RCD a ajouté que « c’est dans les moments de grandes tensions et fébrilités que les acteurs politiques soucieux du destin national se doivent de savoir raison garder ».

La répression : rien de plus facile… et de plus dangereux

Said Sadi, qui a apparemment pris le temps d’y penser au vent de répression qui a frappé de plein fouet les marches du vendredi dernier, a finalement déclaré, dans un post partagé sur sa page Facebook, qu’il « n’y a rien de plus facile que la répression systématique. Rien de plus dangereux aussi ». Le psychiatre qui s’est très tôt reconverti à la politique, n’a pas manqué de rappeler que « l’abus d’autorité créé l’illusion d’être une solution magique » et qu’il n’est en fait qu’un portail vers un « aventurisme politique ».

Le docteur Sadi a également jugé que ce n’est pas le moment de se demander « pourquoi le miracle annoncé aux premiers mois de l’insurrection n’a pas eu lieu ». Pour Sadi, c’est le moment de se « contenter » de constater cette « forme d’indifférence générale qui a fini par gagner la communauté internationale », que le pouvoir Algérien a traduit comme étant « un permis de sévir ».

Said Sadi considère que l’Algérie vit encore dans « une grande impasse historique », et que dans ces moments-là, « le déni de réalité a généralement engendré des affrontements dont les dirigeants sont rarement sortis indemnes ». Il a également laissé entendre que la « méthodologie avancée pour préparer une phase de transition opérationnelle n’a pas eu l’écho qu’elle méritait ».

Casser le thermomètre ne fait pas disparaitre la fièvre

Le docteur Sadi, médecin de formation, a usé d’approches et de méthodes médicales et scientifiques afin de tenter d’analyser l’évolution du mouvement de contestation pro démocratique, le Hirak, déclenché le 22 février 2019. Pour Sadi, « un peuple n’investit pas la rue aussi massivement pendant une année pour rien. Il ne reprend pas ses marches en pleine pandémie si un sentiment irrépressible de rupture avec le passé n’est pas puissamment intériorisé ».

Le docteur use aussi de paraboles, pour essayer de montrer l’impasse dans laquelle semble s’engouffrer le régime. « Quand bien même le pouvoir parviendrait-il à contenir puis arrêter les manifestations, il aurait cassé le thermomètre, mais pas fait disparaître la fièvre et encore moins les germes qui en sont à l’origine », a-t-il écrit.

Pour Sadi, « ce ne sont certainement pas les élections du 12 juin qui vont offrir une assemblée nationale qui serait le lieu d’une médiation sociale crédible ».

On sait ou le « pire » commence, mais pas ou il se termine

Le politicien ajoute que « si les institutions sont rejetées et que la rue est interdite, il risque de ne rester que la fureur pour exprimer un désespoir chronique qu’une crise sociale déjà lourdement pénalisante ne manquera pas de pousser vers des expressions plus radicales, voire suicidaires ».

Sadi a indiqué que le caractère pacifique du Hirak « qui a prévalu jusque-là », n’est pas du gout des responsables, et que « le providentiel bénéfice peut vite s’évanouir tant il y a de braises qui couvent sous les cendres. Il ne restera alors, selon Sadi, que le recours au pire. On sait où ces paris commencent, on sait rarement où ils se terminent ». 

Pour finir, le Docteur Sadi a souligné que si la communauté internationale se désintéresse des mouvements désorganisés, elle « apprécie rarement les régimes qui n’ont que la force brutale à opposer à leur peuple ». Sadi a aussi mis en garde que « l’exemple égyptien qui semble séduire Alger ne doit pas faire oublier le naufrage roumain ».