Répression du 17 Octobre 1961 : quand 200 cadavres d’Algériens flottaient sur la Seine

Répression du 17 Octobre 1961 : quand 200 cadavres d’Algériens flottaient sur la Seine

Les Algériens, victimes d’une véritable chasse au faciès, sont entassés dans des gymnases dans des conditions déplorables.

Nombre d’entre eux décèdent des suites de leurs blessures, des cadavres sont encore charriés par la Seine plusieurs jours après la manifestation. Le signal a été donné et les violences et les meurtres continuent après cette date.

Il y a 49 ans, jour pour jour, la police parisienne réprimait dans le feu et le sang une manifestation d’Algériens contre le couvre-feu dont ils étaient victimes, assassinant près de 200 d’entre eux, en pleine guerre d’Algérie.

Leurs cadavres ont flotté sur la Seine pendant plusieurs jours, et pendant plusieurs années, cet événement sanglant a été occulté par les médias français. Ce n’est que depuis une date relativement récente que les langues se sont déliées et des pans cachés de ce crime barbare furent dévoilés.

Le 5 octobre 1961, Papon met en place une législation spéciale imposant un couvre-feu pour les « travailleurs algériens musulmans » qui doivent « s’abstenir de circuler » en région parisienne entre 20h30 et 5h30. Cette décision réactive un couvre-feu déjà instauré en 1958, mais qui n’est plus appliqué.

Les manifestants sont très nombreux, plus de 20 000, et ils empruntent plusieurs parcours : des Champs-Élysées vers Concorde, de la place de la République et Saint-Lazare vers Opéra, dans le quartier latin. Ce chiffre témoigne d’un succès qui dépasse les simples consignes d’un FLN qui « tiendrait » la population algérienne. Mais la police reçoit l’ordre d’empêcher la manifestation par tous les moyens. Les arrestations sont massives : plus de 11 500 selon la préfecture, avec des autobus réquisitionnés.

Les charges policières sont violentes, les agents tirent sur la foule, notamment dans le boulevard de Bonne-Nouvelle. Les Algériens, victimes d’une véritable chasse au faciès, sont entassés dans des gymnases dans des conditions déplorables.

Nombre d’entre eux décèdent des suites de leurs blessures, des cadavres sont encore charriés par la Seine plusieurs jours après la manifestation. Le signal a été donné et les violences et les meurtres continuent après cette date.

La presse et la gauche déplorent cette violente répression. Mais, dans la mémoire de la gauche, la répression de la guerre d’Algérie est longtemps symbolisée par les huit morts communistes du métro Charonne, tués lors d’une manifestation anti-OAS le 8 février 1962.

Dans les années 1980, ce sont les associations qui réactivent la mémoire de ce crime, témoignage des pratiques d’un État colonial en guerre, du mépris dans lequel les Algériens étaient tenus par le pouvoir et par la police.