Répression des manifestations contre la présidentielle: Plus de 300 interpellations en une semaine

Répression des manifestations contre la présidentielle: Plus de 300 interpellations en une semaine

Loin d’être exhaustif, le bilan que nous avons pu dresser fait ressortir 340 arrestations, alors que certaines sources avancent un chiffre de quelque 500 interpellations depuis le début de la campagne.

Jamais une campagne électorale n’a été marquée par des arrestations aussi massives que continues de citoyens protestant pacifiquement, comme c’est le cas aujourd’hui. Un fait unique dans l’histoire du pays. Et c’est même cela qui caractérise cette campagne électorale pour la présidentielle du 12 décembre, marquée par la multiplication des arrestations après chaque passage de candidat dans différentes villes du pays. Il est, certes, difficile de dresser un bilan exhaustif des arrestations opérées par les services de sécurité.

La riposte contre les sorties des candidats a été vite ciblée, mais surtout musclée, se soldant à chaque fois par des dizaines d’interpellations. Les premières arrestations ont eu lieu à Tlemcen après le passage d’Ali Benflis, au premier jour de la campagne, soit le dimanche 17 novembre. Plus d’une trentaine de manifestants ont été embarqués. Le lendemain, plusieurs d’entre eux ont été condamnés par la justice à de lourdes peines de prison.

Ce scénario s’est répété dans toutes les villes “visitées” par les candidats. Que ce soit à l’ouest, à l’est, au nord ou au sud du pays, l’annonce de la venue d’un des candidats a mobilisé la population pour s’y opposer. À Alger, lors de la marche nocturne du jeudi 21 novembre pour dénoncer la présidentielle, près de 100 manifestants ont été embarqués.

À Ouargla, Laghouat, Skikda, Chlef, Constantine, Oran, Batna, Oum El-Bouaghi, Tiaret, Sétif, Biskra, El-Tarf, Tipasa, Relizane, Souk-Ahras, Alger, BBA, Blida, El-Oued, Adrar…, la campagne électorale a également été marquée par des arrestations et des interpellations d’activistes politiques, d’animateurs de la société civile ou de militants. Loin d’être exhaustif, le bilan que nous avons pu dresser fait ressortir 340 arrestations depuis le début de la campagne, alors que certaines sources avancent un chiffre de quelque 500 arrestations depuis le début de la campagne.

À titre d’exemple, 20 manifestants ont été arrêtés aux abords de la salle où un des candidats devait animer un meeting de campagne à Relizane. À Tiaret, 18 autres personnes ont été embarquées après le passage d’un postulant à la magistrature suprême. À Oran, 12 manifestants ont été arrêtés lors de la marche de vendredi dernier. En tout, toutes les villes qui ont abrité une activité liée à la campagne électorale ont connu cette effervescence et ont enregistré des arrestations.

Même si les personnes arrêtées ont fini, pour la plupart, par être relâchées, d’autres ont été présentées devant la justice et certaines ont même été condamnées à la prison ferme. À noter aussi que toutes les activités organisées dans le cadre de la campagne électorale ont été chahutées par des citoyens. Ceux conviés à assister aux meetings et autres rencontres ont été triés sur le volet.

Dans certaines wilayas, les accès sont exclusivement réservés aux invités. À ajouter, également, que des arrestations ont été opérées quelques jours avant le début de la campagne. Ces arrestations ont ciblé, notamment, ceux qui ont fermé les bureaux communaux des élections.

 

Mohamed Mouloudj