Répression de la manifestation pacifique de l’aayoune,Paris dénonce les violences marocaines

Répression de la manifestation pacifique de l’aayoune,Paris dénonce les violences marocaines
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Le pouvoir marocain a été pris, encore une fois, la matraque à la main

La France a rappelé son «attachement au droit à manifester pacifiquement» après la manifestation en faveur de l’indépendance du Sahara occidental violemment réprimée par les forces marocaines.

Le pouvoir marocain va désenchanter plus vite que prévu. Il ne bénéficiera pas d’un soutien aveugle de la part du gouvernement français. Paris vient de le rappeler à «l’ordre» en ce qui concerne le respect des droits de l’homme au Sahara occidental. Une quarantaine de Sahraouis ont été blessés par les forces de répression marocaines le 26 avril au cours d’une manifestation pacifique en faveur de leur indépendance.

Paris a promptement réagi.

«Nous regrettons que ce rassemblement ait occasionné des violences qui se sont soldées par plusieurs blessés. Nous rappelons notre attachement au droit de manifester pacifiquement», a déclaré, hier à la presse, Philippe Lalliot, directeur de la communication au ministère français des Affaires étrangères et porte-parole du Quai d’Orsay.

La France qui doit justifier son statut de Patrie des droits de l’homme ne pouvait sans doute pas faire autrement. Les faits se sont passés sous l’oeil témoin d’Amnesty International dont une équipe se trouvait à Laâyoune, et qui a dénoncé le «recours à la force de manière excessive de la police contre la manifestation qui se déroulait dans le calme».

Le pouvoir marocain a été pris, encore une fois, la matraque à la main. Cette sortie médiatique marque-t-elle pour autant un tournant de la position française dans le conflit du Sahara occidental? Si l’on se réfère au discours du chef de l’Etat français qui a affirmé devant le Parlement marocain que: «Le plan présenté en 2007 par le Maroc prévoit un statut de large autonomie pour la population. Je le redis ici, c’est une base sérieuse et crédible en vue d’une solution négociée», on peut penser que Paris est en train d’infléchir sa position en reconnaissant au peuple sahraoui le droit de «manifester pacifiquement» en faveur de son indépendance. Il y a toutefois un autre indice qui indique que la France n’est pas pieds et poings liés dans ce dossier au nom – uniquement- d’une amitié franco-marocaine exceptionnelle affichée comme on pourrait le croire. Etant certain de bénéficier d’un soutien aveugle de la France dans le conflit du Sahara occidental qui l’oppose au Front Polisario, le Maroc a cru en l’impunité après que la France ait manifesté «discrètement» son opposition à la proposition américaine d’élargir les prérogatives des droits de l’homme à la Minurso.

Un projet certes avorté qui ne signifie pas le pouvoir marocain qui n’a pas renoncé à ses vieux démons, jouera sur du velours. La réaction de la France vient de le rappeler. Rien ne sera plus comme avant. Même si la dernière résolution adoptée le 25 avril n’a pas élargi les pouvoirs de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) à la surveillance des droits de l’homme, la communauté internationale et les organisations internationales de défense des droits de l’homme gardent un oeil sur le Maroc. Le rapport du département américain sur la situation des droits de l’homme au Sahara occidental, publié le 19 avril et qui a mis en exergue des types de violences humiliantes pratiquées par les forces de répression marocaines pour arracher des aveux aux détenus sahraouis, les rapports accablants du Centre Robert Kennedy pour la défense des droits humains, d’Amnesty International, d’Human Rights Watch, de l’envoyé spécial de l’ONU contre la torture… sont autant de preuves – irréfutables – qui sont en train de faire pencher la balance du côté du peuple sahraoui.