Auditionnée par la commission de l’ONU chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, la délégation algérienne a pris à témoin la communauté internationale.
Le dossier du Sahara occidental a été passé au crible mercredi à New York. Les représentants de différentes associations nationales ont porté la voix du peuple sahraoui devant la quatrième commission de l’Organisation des Nations unies.
Ils ont dénoncé la violence dont sont victimes les militants des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental ainsi que la revendication légitime de la tenue d’un référendum qui assurerait au peuple sahraoui de s’exprimer librement quant à son indépendance comme consacrée par la dernière résolution, 1920, adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU le 30 avril 2010.
Emmenée par Tayeb Zitouni, maire d’Alger-Centre et vice-président du Comité exécutif des cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (Cglua), Maya Sahli, juriste et professeur à l’Institut diplomatique et des relations internationales d’Alger, Saïd Ayachi, vice-président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (Cnasps), Noureddine Benbraham, commandant des Scouts musulmans algériens (SMA), la représentation algérienne est entrée, sans détour dans le vif du sujet. Tayeb Zitouni a tonné de la voix.
«Nous sommes ici pour vous abjurer d’user de votre autorité pour que cessent ces violations massives des droits de l’homme par le Maroc dans les territoires occupés du Sahara occidental. Nous avons déjà joint notre voix à beaucoup d’autres pour réclamer l’élargissement du mandat de la Minurso à la protection des droits de l’homme au Sahara occidental», a clamé haut et fort du haut de la tribune de l’ONU le premier magistrat de la capitale algérienne.
Il faut rappeler que l’instauration d’un mécanisme qui permettrait à la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental Minurso de superviser et protéger les droits de l’Homme a été tout simplement écartée sous l’influence de pays qui soutiennent ouvertement le plan d’autonomie marocain, à l’instar de la France.
Un chèque en blanc que Paris a signé à la politique de colonisation menée par le Maroc dans les territoires occupés du Sahara occidental basée sur la peur et une répression féroce exercée contre les militants des droits de l’homme.
Un combat disproportionné que le peuple sahraoui mène pacifiquement. «Face à la résistance pacifique, à mains nues, que les Sahraouis opposent à l’administration d’occupation marocaine, le Maroc a réagi de façon brutale, sauvage, par une répression fasciste, sanglante faite d’arrestations arbitraires, de bastonnades, de mises au secret, de viols, de déplacements internes de populations, d’exécutions extra judiciaires, de disparitions forcées, de désolation de familles entières, d’enlèvements d’enfants, d’éjection de personnes à partir d’hélicoptères, de tortures inhumaines», a justement signalé le maire d’Alger-Centre pour dénoncer les souffrances endurées par le peuple sahraoui sous l’oeil indifférent des instances internationales et en dépit des nombreuses résolutions votées par le Conseil de sécurité: 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008) et 1871 (2009).
Tayeb Zitouni n’a pas mâché ses mots pour mettre la communauté internationale face à ses responsabilités: «Cela fait 19 ans que les Sahraouis sont dans l’attente de l’exécution par le Maroc de ces dispositions contractuelles.
Toutes les résolutions des Nations unies, notamment celles du Conseil de sécurité, reconnaissent au peuple sahraoui l’exercice de son droit à l’autodétermination». L’organisation des Nations unies qui était à l’écoute, prendra-t-elle enfin en charge les revendications légitimes du peuple sahraoui? La communauté internationale restera-telle encore aussi sourde à ses souffrances, fruit d’une violence féroce pratiquée par les forces d’occupation marocaines? La voix de l’Algérie s’est élevée mercredi à New York contre cette répression sauvage.
«Des centaines de Sahraouis sont détenus, jugés à la suite de procès injustes et emprisonnés dans des centres de détention qui pratiquent impunément les méthodes les plus cruelles de torture physique et psychologique.
L’ensemble du Sahara occidental est soumis à un siège militaire et un black-out médiatique puisque les autorités marocaines accordent très difficilement l’accès aux ONG, aux médias internationaux et aux observateurs», a souligné de son côté Saïd Ayachi, vice-président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (Cnasps). Il apparaît clairement dans un tel contexte que les négociations entre le Front Polisario et le Maroc ne reprendront pas de sitôt, à moins que le dossier des droits de l’homme ne soit mis sur la table.
Mohamed TOUATI