Après un combat de plusieurs mois, perdu d’avance, Djamel Keddou a baissé les bras hier matin en rendant l’âme à la suite d’un coma profond dans lequel il était plongé depuis lundi passé. Hospitalisé depuis le mois d’août à l’hôpital Bichat de Paris, l’ancien capitane de l’USMA et de l’Algérie était rentré la semaine passée au pays pour passer ces derniers jours auprès de sa famille et de ses proches, comme s’il sentait venir l’heure. Le libéro de charme, celui qui avait offert à l’Algérie, avec d’autres gloires telles que Betrouni, Safsafi et autres Melguelti, le premier titre de son histoire (médaille d’or des JM de 1975), s’est éteint à l’âge de 59 ans presque dans l’indifférence puisque, selon son frère Youcef, «Djamel souffrait seul dans son coin, personne ne s’en souciait. Pour payer les frais de son hospitalisation à Paris, mon frère, qui réside en France, a dû hypothéquer son appartement. Ni l’USMA, ni les autorités locales, n’étaient à son chevet. Mais Djamel n’a jamais tendu la main, il n’a toujours eu besoin de personne et c’est avec cette fierté qu’il est parti». Un monument qui, en 1972, avait succédé à un autre monument, Belbekri Boubekeur qui, à l’époque, on disait qu’il était irremplaçable. Mais Keddou va s’imposer très vite et imposer son « style », l’élégance à l’état pur. Il devient le symbole de toute une génération, avec ses moments de peine et de joie, jusqu’à ce qu’il chasse la guigne et brandisse le trophée tant convoité, la Coupe d’Algérie de 1981 (huitième finale de l’USMA), après avoir échoué auparavant cinq fois en finale. Sept ans plus tard, il récidive en tant qu’entraîneur et offre à l’USMA sa deuxième coupe contre le CRB. Sa forte personnalité et son caractère «redjla» vont constituer de sérieux obstacles dans sa carrière d’entraîneur puisque aucun président, même ceux qui sont passés par l’USMA, ne voudra d’un entraîneur sur lequel il n’aura aucune influence. Et c’est la principale raison pour laquelle Keddou est parti de l’USMA et n’est plus revenu. Il va donc se contenter de diriger de petits clubs de divisions inférieures comme l’ES Ben Aknoun, le WBA Benian, la JSEB ou le WA Rouiba, jusqu’à ce que ses soucis de santé ne lui permettent plus d’exercer sur le terrain. La saison dernière, il est revenu symboliquement à l’USMA après que Haddad lui a fait appel, mais la commission dont il faisait partie va être dissoute à la fin de la saison. L’été passé, en plein mois de Ramadhan, il est évacué à Paris. Quatre mois plus tard, il rentre chez lui pour rendre l’âme auprès des siens. Basta Ali est veuve de toi, Saint-Eugène est triste, Nelson te pleure, tes amis aussi, tu nous manqueras, repose en paix Djamel. A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons.
Djamel Keddou est mort hier des suites de la maladie qu’il a combattue des mois durant. Djamel l’enchanteur, Keddou la classe a fini par rendre son âme généreuse au Créateur, laissant derrière lui trois enfants, une veuve et tout un peuple qui l’aimait. L’ancien international et capitaine des Verts des années 70 laisse le monde du football orphelin de sa bonté et de sa bonne humeur. Sa générosité restera gravée dans les mémoires de tous ceux qui l’ont connu. Ses amis et proches garderont de lui le souvenir d’un homme fier qui n’a jamais tendu la main, même dans les moments les plus difficiles de sa vie. Toujours élégant, son sourire habituel le faisait rayonner partout où il passait, lui donnant cet air de gentleman. Ses amis de Bab El Oued garderont à jamais l’image de sa silhouette, debout, sapé de manière très élégante, légèrement adossé au mur du salon de coiffure de son ami Ali. C’est à cet endroit, qu’on appelait «Provence» (actuel Basta Ali), que la légende du séchoir et de la hatta est née. L’histoire de l’USMA et la grande classe sont sorties de là. Son ombre planera sur cet endroit à tout jamais, comme un monument lumineux qui éclairera la mémoire des amoureux des Rouge et Noir. Repose en paix Djamel.
Keddou pleurait pour les orphelins
Bendjilali était un proche de Djamel Keddou et sa famille. Il l’a côtoyé à l’USMA, lorsqu’il était entraîneur des gardiens, mais aussi chez lui à la maison. «Le domicile des Keddou était ouvert à tous. C’était dar el berrani. Une fois, on était de retour de l’entraînement et Djamel m’a invité à son domicile sis au dessus du Café du Brésil. Il devait entrer en regroupement avec l’EN en fin d’après-midi. Son père, Allah yerrahmou, avait acheté un steak à Samir, le jeune frère de Djamel. Cette scène d’amour entre père et fils a vite fait de me prendre à la gorge, me rappelant mon papa que j’avais perdu dans mon enfance. Je me suis donc éclipsé en cachette. Apprenant cela, Djamel est sorti tout de suite pour connaître les raisons de mon départ. Il m’a cherché dans tout Bab el Oued et, quand il m’a retrouvé, il m’a demandé des explications. Et en apprenant que cette scène entre Samir et son père m’avait fait regretter d’avoir été orphelin si jeune, Djamel m’a serré dans ses bras chaleureusement et les larmes lui coulaient sur les joues. On est restés enlacés un bon moment. Il m’a effacé toute la douleur par son geste. Puis, il m’a ramené de nouveau chez lui. Pour me montrer encore sa bonté, Djamel a sorti deux maillots de l’EN. L’un avec le numéro 13 qu’il a donné à son frère Samir et l’autre avec le numéro 5, le maillot qu’il portait avec les Verts, qu’il m’a remis . Il m’a privilégié à son frère par pure bonté de l’âme. Allah yerrahmek khouya Djamel », a conclu Boubekeur visiblement bouleversé par la grande perte de son ami Keddou.
Bencheïkh : «Keddou, c’était la redjla personnifiée»
«Dans des circonstances pareilles, la première des choses qu’on demande c’est de prier Dieu d’accorder toute Sa Miséricorde à Djamel Keddou, un homme avec un grand H. Sur les terrains, c’était mon adversaire, mais en dehors, c’était un frère. Je l’ai longtemps côtoyé en Equipe nationale et dans la vie courante et ce que je retiens de lui, c’est sa fierté au sens positif du terme. Djamel ne demande jamais rien à personne. C’était la redjla personnifiée. Il a tout donné à l’USMA, il a été entraîneur durant de longues années, mais on n’a pas pensé à lui parce qu’il ne tendait jamais la main et ne frappait pas aux portes. J’espère qu’on ne va pas penser à lui faire un jubilé parce que c’est trop tard. En plus, ceux qui connaissent bien Djamel savent qu’il a toujours aimé la discrétion. Laissons-le reposer en paix. Allah yerrahmou.»
Guedioura : «Je suis affligé !»
C’est un Guedioura abattu qu’on a joint hier au téléphone à Paris. Avec une gorge nouée, l’ancien avant-centre de l’USMA et de l’Equipe nationale ne trouvait pas les mots pour parler de Keddou au passé. «Il a tout donné à l’Algérie, mais en contrepartie il n’a rien reçu. C’est la volonté de Dieu et on doit l’accepter. En Algérie, on se rappelle des grands hommes comme Djamel que lorsqu’ils quittent ce monde. Je tiens, en mon nom et au nom de toute la famille Guedioura, à présenter mes condoléances à sa famille.», nous a dit Guedioura qui se préparait à rallier Alger pour assister aux obsèques.
Khalef : «Il a été digne jusqu’à la fin»
«Je dois d’abord présenter mes condoléances à la famille Keddou, à la famille de l’USMA et à toute la famille du football parce que Djamel en a fait partie. Djamel était un homme digne et il est parti dans la dignité. Lorsque je suis allé lui rendre visite dans son lit d’hôpital, j’avais les larmes aux yeux. J’avais du mal à croire qu’un homme capable de détruire un immeuble soit dans cet état. C’est la volonté de Dieu et il faut l’accepter. Djamel c’était l’ami de tout le monde. Je ne l’ai jamais entendu dire du mal de quelqu’un, même ceux qui lui ont fait du mal. Et je n’ai jamais entendu quelqu’un oser le critiquer.
Mouldi Aissaoui : «Nous le regretterons pour longtemps »
«Nous sommes consternés par sa disparition. Je suis très très touché et peiné pour toute sa famille, ses enfants et sa femme. Djamel, je l’ai connu sur le terrain et en dehors. Nous avons joué ensemble à l’USMA. Il a toujours montré une attitude de gentleman et une élégance sur le terrain et en dehors. Sa carrière à l’USMA et avec l’Equipe nationale parle pour lui. Il a eu une carrière à la mesure de son talent. Il laissera son nom gravé à tout jamais dans l’histoire du football algérien. Djamel était un homme très respecté et respectueux des autres. On ne peut pas dire plus d’un homme aussi correct que tous les supporteurs ont aimé et adulé. Je tiens à présenter mes plus sincères condoléance à sa femme, ses enfants et toute sa famille. Nous le regretterons pour longtemps.»
Kouici : «C’était un monument du football national»
«Je suis très peiné par la disparition de Djamel Keddou. C’était un monument du football national. Il a beaucoup donné à l’USMA et à l’Equipe nationale. J’ai eu l’honneur de le côtoyer comme coéquipier à l’USMA, puis comme entraîneur, mais aussi comme voisin. Je ne retiens de lui que de la sincérité, de l’honnêteté et du respect. Malgré la rage de vaincre qui se dégageait du battant qu’il était sur le terrain, Djamel était en fait un grand timide. C’était un homme peu bavard et discret. Il était extrêmement sensible. C’est la marque des grands hommes. Je tiens à réitérer à sa famille mes plus sincères condoléances. C’est une grande perte pour le football algérien.»
L’enrerrement aura lieu aujourd’hui au cimetière El Ketttar
Le regretté Djamel Keddou sera inhumé aujourd’hui, jeudi 17 novembre 2011, au cimetière El Kettar. La prière du mort aura lieu après salat dohr à Djamaâ El Kebir.